jeudi 8 avril 2010

La violence à l'école

Le colloque sur ce qu'ils appellent la "violence scolaire" vient de s'achever.
Les auteurs du
"RAPPORT REMIS AU MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE"
Président du groupe
Alain BAUER
Rapporteur
Christophe SOULLEZ
Alain ANTON
Jean-Marie BERNARD
Eric DEBARBIEUX
Anny FORESTIER
Elisabeth MARTIN

ont pu aligner les mots et les paroles quant à leur

"MISSION SUR LES VIOLENCES EN MILIEU SCOLAIRE, LES SANCTIONS ET LA PLACE DE LA FAMILLE"

Mais le mot "solidarité" ne se trouve écrit qu'une seule fois sur les 59 pages de leur rapport :
Pour ces gens-là, la "solidarité" n'est pas un principe de fonctionnement, mais une méthode de répression :
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Les mesures proposées
I. Les principales modifications du décret n°85-924 du 30 août 1985
A. L'institutionnalisation de mesures d'utilité collective de réparation ou de compensation
Afin de développer les sanctions inclusives et de responsabiliser les élèves sur les conséquences de leurs actes, l’échelle des sanctions comporte des mesures d’utilité collective, de huit jours au plus ainsi que la possibilité de prévoir dans le règlement intérieur des mesures alternatives à une sanction consistant à faire accomplir à l’élève volontaire, en dehors du temps scolaire, des activités culturelles, de formation ou de solidarité (nouvel article 3 du décret).
L'idée de généraliser de telles pratiques parfois bien ancrées dans des établissements scolaires tout en les encadrant part du postulat que l'élève doit être maintenu, dans la mesure du possible, dans l'espace scolaire. Le principe « d'exclusion-inclusion » doit ainsi être institutionnalisé comme réponse disciplinaire médiane entre d'une part l'avertissement et le blâme et d'autre part l'exclusion, qu'elle soit temporaire ou définitive. Réparer le dommage perpétré ou compenser celui-ci par des activités scolaires ou citoyennes est autant didactique pour l'élève qu'utile pour la communauté éducative."
Quant au mot "ENTRAIDE", il n'est pas prononcé une seule fois dans les 59 pages.


La violence à l'école

par Julie Amadis
07/04/10 18:18:45

La bourgeoisie - avec pour porte parole le gouvernement - et la haute formoisie - avec pour représentants les syndicats enseignants -, ont pour thème favori la violence à l'école. Une expression en apparence moderniste et intéressante. Tout progressiste souhaite éradiquer la violence.

Mais, il s'agit pour eux de ne s'intéresser qu'à la violence des élèves. C'est un peu comme si on étudiait la violence dans les plantations au 18ème siècle et qu'on parlait de la violence des esclaves contre leur maître.

RIRE, JOUER, APPRENDRE

Apprendre, c'est la vie, c'est comme rire et jouer. Pourtant, les enfants qui aiment l'école sont minoritaires.

Ce lieu d'apprentissage est pour beaucoup d'enfants et de jeunes l'équivalent d'une prison. L'expression vient des collégiens que j'ai rencontrés lorsque j'étais assistante d'éducation.

Pourquoi les élèves ont-ils ce sentiment ?

UNE VIOLENCE OMNIPRÉSENTE DANS L'ÉCOLE

La violence subie par les élèves est omniprésente.

L'école des notes et des diplômes est violente. La concurrence entre les élèves entraîne une dureté des rapports sociaux entre les élèves et l'exclusion des plus faibles.

Pour « avoir une valeur », le diplôme est sélectif. Il suppose une hiérarchie entre les individus. Seule une partie des élèves reçoit ce papier qui permet de vivre plus confortablement. L'école organise cette hiérarchie.

L'objectif n'est donc pas que les enfants deviennent des humains altruistes, partageurs et chercheurs scientifiques. On apprend, dès le plus jeune âge, aux enfants, à travailler individuellement, sans jamais aider leur voisin. On ne cesse de leur répéter "tu travailles pour toi". Mais l'enfant ne connaît pas l'égoïsme des adultes. Pour lui, apprendre n'a d'abord de l'intérêt parce qu'il peut en partager les connaissances avec d'autres.

UNE ENSEIGNANTE PRATIQUANT
L'ENTRAIDE ENTRE ÉLÈVES

J'ai visité une trentaine de classes et je n'ai vu qu'une seule enseignante pratiquer l'entraide entre élèves. Partout, on entend, dans les classes les maîtresses mettre en garde leurs élèves : "On n'a pas le droit de parler avec son voisin" et "On fait l'exercice tout seul".

OBÉISSANCE ET RÉPÉTITION

L'obéissance et la répétition sont au cœur de la pédagogie de l'école.

Les enseignants les plus innovants (ceux que l'on a pas réussi à empêcher de rentrer dans l'institution) sont mis sur la touche. L'instituteur, inventeur du logiciel Bizouk (un logiciel pédagogique pour apprendre les maths aux enfants) qui a serré la main du ministre en 1987 en sait quelque chose. On l'a remercié de son utilité en le transformant en SDF en novembre 2000.

« L'HUMAIN MARCHE A LA CAROTTE »

Le plaisir n'a pas droit de cité à l'école. Alors que j'évoquais l'importance de susciter la curiosité et le plaisir d'apprendre chez les élèves, lors d'un entretien d'admission à l'IUFM [formation des futurs professeurs] en 2004, mon interlocuteur me rétorquait "et le goût de l'effort ?". La mauvaise note qui en résultait signait son refus d'embaucher quelqu'un qui voulait faire rimer "plaisir" avec "apprentissage". Dans cette même institution, un professeur de français* proclamait, il y a peu de temps, "l'humain marche à la carotte".
Mais, les adultes formois marchent à la carotte parce qu'ils ont perdu tout humanisme. Ils imaginent que les enfants sont comme eux. Ils délivrent pour cela images, bons points, bonnes notes.

Raoul Vaneighem résume bien la violence implicite résultant d'une pédagogie répétante. Il écrit :


"Une école où la vie s'ennuie n'enseigne que la barbarie" (Avertissement aux écoliers et lycéens, p 9, Mille et une nuits, n°69)

VIOLENCES ET HUMILIATIONS DANS LES CLASSES

Il existe aussi, beaucoup plus fréquemment que vous ne l'imaginez des violences physiques et des humiliations dans les classes.

Ce type de violence, condamnée par la morale bourgeoise, est tu des médias.

J'ai rencontré en 5 ans de travail dans les écoles, 2 cas de violence avérée.
Le premier, était le fait d'un instituteur exerçant en UPI, [classe (en collège) spécialisée pour enfants en grandes difficultés], qui s'amusait à positionner son pied entre les fesses des filles (qui avait entre 11 et 15 ans) et à humilier ses élèves. Le deuxième cas, a fait l'objet d'une dénonciation au rectorat et d'une médiatisation sur Internet**. (chronologie et cf infra)


L'inspection d'académie a été prévenue à chaque fois. Ces enseignants n'ont eu aucune sanction. Et, l'ensemble de la communauté éducative, syndicats, collègues, à chaque fois, a étouffé l'affaire. C'est comme ça que ça se passe dans l'Éducation Nationale. Ces faits divers ne sont jamais relatés. Lorsqu'un prof se fait taper, il fait la une des journaux.

UNE OMERTA DANS L'ÉDUCATION NATIONALE

On ne voit jamais de reportages sur la violence subie par les élèves tandis que les films et reportages sur "les pauvres profs en mal d'autorité" fleurissent. Mes observations de cas de violence ne sont forcément pas des exceptions. Mais l'omerta est de mise en ce domaine. Lorsque j'ai dénoncé les fessées subies par des enfants de 3 et 4 ans, mes collègues ont cessé de m'adresser la parole. J'ai vu mon contrat ne pas être renouvelé (dans les deux affaires), et j'ai reçu une lettre de menace de retenue sur salaire. L'ordre a été donné par la principale du collège aux professeurs de ne pas me laisser entrer dans les salles de cours.

SANCTION CONTRE LES ENSEIGNANTS QUI DÉNONCENT LES VIOLENCES

C'est le prix que doivent payer ceux qui veulent défendre les enfants dans les écoles. Alors, il est certain que, dans ces conditions, nombreux sont ceux qui ne « voient » jamais de maltraitance dans les écoles.

Les paroles blessantes sont monnaies courantes dans les établissements scolaires. Certains enfants sont exclus systématiquement. L'enseignant montre clairement à ces enfants qu'ils ne les aiment pas. Pour beaucoup de professeurs un enfant qui rechigne à faire un exercice rébarbatif est un « feignant ». C'est assez simple comme analyse; les élèves en « échec scolaire » sont des « feignants » ou des « débiles ».

« EN PRISON DANS LEUR COLLÈGE »

Voilà pourquoi les collégiens de Léo Lagrange disaient être en prison dans leur collège. Voilà pourquoi les enfants n'aiment pas l'école. Voilà pourquoi autant d'enfants ont de grandes difficultés scolaires.

La situation est alarmante.

Les élèves ont toutes les raisons de se révolter. Le colloque sur "les violences scolaires" de Luc Chatel est, en fait, qu'une mise en œuvre de plan de bataille contre les élèves.



=

NOTES ET COMPLEMENTS

« L'humain marche à la carotte » Le plus grave, c'est que ce propos authentique a été tenu par un professeur d'IUFM dont la motivation et les compétences pédagogiques sont supérieures à celle de la moyenne de ses collègues et …. des enseignants sur le terrain.

** Le maire de la ville avait promis de faire une enquête. Je ne fus jamais convoquée pour témoigner. L'inspecteur d'Académie du Havre avait annoncé aux syndicats que je serais convoquée. Il ne le fit jamais. J'écrivis deux lettres au Recteur de Seine-Maritime pour relater l'ensemble des faits et la chronologie. Il ne réagit en aucune façon. La principale du collège Varlin coupable d'avoir étouffé l'affaire obtint sa mutation à Rouen. L'IDEN, inspecteur de base qui avait tenté d'étouffer l'affaire, obtint une mutation promotion à Montivillers. Le Recteur de Rouen a été remplacé. Celle qui lui a succédé n'a donné aucune suite à cette affaire de violence contre deux petits enfants de maternelle.
Les deux plaignantes (celle qui se vantait de taper le petit Luciano et celle qui avait tenté d'étouffer l'affaire) avaient obtenu notre convocation au commissariat pour « plainte en diffamation ».
Elles ont « gagné » : « La brute soutient la brute » est devenu une chanson. Et Google conservera pour la postérité leur nom associé aux brutalités qu'elles commirent ou protégèrent.
Les enfants qui leur seront confié pour l'avenir auront l'occasion de savoir préventivement de quoi elles sont capables et de quelles pratiques barbares ils devront se méfier.

Quant à la « justice » de la bourgeoisie, Yanick Toutain et moi-même n'avons toujours aucune nouvelle de la 17° chambre correctionnelle où elles auront l'occasion de s'expliquer sur les coups subis par les petits Kevin et Luciano.



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