vendredi 10 juillet 2015

Kurdistan : des structures humanocratiques contre les ribafascistes DAECH

présentation Yanick Toutain
REVACTU
10/7/2015

"Les unités de base du modèle sont les assemblées de quartier ou ‟conseils” comme on les appelle indifféremment.
Il y une participation populaire dans les conseils, y compris de la part de personnes non-kurdes, et tandis que les assemblées de quartier sont fortes dans plusieurs provinces, « à Diyarbakir, la plus grande ville du Kurdistan turc, il y a des assemblées presque partout.
(infra)»
"

Les assemblées des conseils sont le moteur de tout. Il y a plusieurs niveaux de conseils : de rue, de quartier, de la ville… Chaque niveau envoie ensuite des représentants dans les structures du niveau supérieur : des conseils de rue aux conseil de quartiers, des conseils de quartiers aux conseils des villes, puis vers les conseils des cantons et jusqu’au conseil populaire de Rojava.
(Bastamag)


Que ce soit en France, en Syrie ou en Irak, les islamofascistes sont des agents de la bancocratie mondiale. Ces gens, au lieu de lutter pour un monde sans banques, conformément aux préceptes de la religion qu'ils prétendent propager, ne sont que des agents du capitalisme comme l'était le grand mufti de Jérusalem, Al Husseini, mercenaire de l'Empire Britannique puis du régime nazi pro-banques de Hitler.
Comme le sont les Frères Musulmans agents de la Riba.
En Syrie, leur principal ennemi n'était pas Assad mais celui qui s'opposait à Assad sur un programme héritier de Rosa Luxembourg : Omar Aziz.
Assassiné médicalement dans les prisons de Assad.

JEUDI 22 AOÛT 2013

Omar Aziz: "Repose en victorieux" (traduction en français du texte de Budour Hassan)

Omar Aziz dit un jour:
«Nous avons fait mieux que les travailleurs
 de la Commune de Paris.
Ils ont résisté pendant 70 jours
et nous, nous tenons depuis un an et demi" (Budour Hassan)

(...) Alors que la plupart des intellectuels laïques et modernistes ont pris une position ambigue ou passives et ont même dénoncé les manifestants dont les cortèges commençaient à marcher à partir de mosquées, Aziz et ses camarades ont créé le premier conseil local de Barzeh, à Damas. Les conseils locaux, une idée proposée et cristallisé par Aziz à la fin de 2011, sont des associations volontaires horizontales inspirées par les écrits de Rosa Luxemburg. Cette idée a ensuite été adoptée dans la plupart des zones libérées en Syrie.
(...)
Alors que la plupart des intellectuels laïques et modernistes ont pris une position ambigue ou passives et ont même dénoncé les manifestants dont les cortèges commençaient à marcher à partir de mosquées, Aziz et ses camarades ont créé le premier conseil local de Barzeh, à Damas. Les conseils locaux, une idée proposée et cristallisé par Aziz à la fin de 2011, sont des associations volontaires horizontales inspirées par les écrits de Rosa Luxemburg. Cette idée a ensuite été adoptée dans la plupart des zones libérées en Syrie.



Au Kurdistan les médias impérialistes camouflent le fait que l'essentiel de la résistance est héritière des courants marxistes léninistes de gauche - ces courants para-égalistes qui s'inspirèrent des courants gauche de la Révolution Culturelle (une révolution égaliste égalitariste que Mao Tse Toung finit par trahir au profit de la formoisie.....qui muta en bourgeoisie des actions)
Dans les territoires libérés, on commence à voir apparaitre des délégués révocables.
Ces modes d'organisation doivent d'urgence être comparés à ceux de Thomas Sankara et de la révolution burkinabè du 4 août 1983

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2014

"Il n'y a pas deux Burkina Faso. Il n'y a qu'un seul Burkina Faso : le Burkina Faso des CDR. Il commence avec les CDR et finit avec les CDR" Thomas Sankara 1986

Présentation 2014
par Yanick Toutain
RevActu
 4/12/14


"Tout ce que nous avons réalisé au Burkina Faso, sous la révolution, nous l'avons réalisé grâce aux CDR en premier lieu."
Thomas Sankara 4 avril 1986

"... beaucoup étaient venus pour fêter la disparition de ces fameux CDR.
Pourquoi les CDR ? Historiquement, vous savez que rien n'est plus faux que de dire que les CDR ont été créés au lendemain du 4 août 1983.
Les CDR ont été créés avec les premiers coups de feu qui ont été tirés ici.
Les CDR ont été créés le 4 août 1983, précisément.
[Applaudissements] Les CDR sont nés dialectiquement en même temps que la révolution au Burkina Faso.
[Applaudissement] Parce que, à l'instant même où nous avons prononcé le mot révolution dans ce pays, la nécessité de la défendre s'est fait sentir et celui qui parle de révolution sans prendre les dispositions pour protéger cette révolution commet une grave erreur et méconnaît les capacités de lutte, les capacités de destruction de la réaction.
Pour notre part, nous avons invité le peuple dans la nuit du 4 août, à se constituer partout en Comités de défense de la révolution parce que nous ne nous faisions pas d'illusion : la révolution allait être attaquée.
Elle l'a été, elle l'est et elle le sera.
Donc, les Comités de défense de la révolution l'ont été, le sont et le seront.
[Applaudissement] Rien de ce qui a été fait de positif sous la révolution n'a pu être réalisé sans les CDR.
Il faut donc lire ce qui suit en ayant en tête la nécessité de construire un gouvernement mondial et donc la nécessité d'homogénéiser les modalités de désignation de ces délégués révocables.


Comment s’organise maintenant la vie politique dans la région ?Michael Knapp : C’est complexe et dynamique à la fois. L’organisation s’adapte aux besoins. Les assemblées des conseils sont le moteur de tout. Il y a plusieurs niveaux de conseils : de rue, de quartier, de la ville… Chaque niveau envoie ensuite des représentants dans les structures du niveau supérieur : des conseils de rue aux conseil de quartiers, des conseils de quartiers aux conseils des villes, puis vers les conseils des cantons et jusqu’au conseil populaire de Rojava. Les communautés s’organisent aussi en commissions à ces différentes niveaux, pour la sécurité, l’économie, la justice…
Les commissions forment comme des ministères au niveau de la région. Les conseils sont toujours doubles, avec un conseil mixte et un conseil des femmes. Le conseil des femmes a droit de veto. Et dans tous les conseils mixtes, il y a une règle de parité, un quota de 40 % au moins pour chaque genre, et le principe d’une double direction, élue, avec une femme et un homme. Si dans une ville, il y a une communauté yézidie ou des communautés arabes, par exemple, ils ont aussi droit à une co-présidence dans les conseils. On a donc souvent une présidence de conseil triple voire quadruple.
Parallèlement aux conseils, il existe un parlement, parce qu’il y a encore des gens qui sont membres de partis et qui doivent aussi pouvoir s’organiser et être représentés. Dans ce parlement, il y a les partis, mais une partie des sièges sont réservés à des organisations de la société civile, associations de défense des droits de l’homme, de la communauté yézidie… Malheureusement, il n’a pas encore été possible de tenir des élections au niveau de toute la région pour désigner par le vote les membres de ce Parlement, à cause de la guerre.
D’où vient ce modèle de l’auto-organisation et de confédération démocratique ?Ercan Ayboğa : Des structures d’auto-organisation communalistes sont nées au Nord-Kurdistan, en Turquie, en 2007-2008. Ces expériences se sont ensuite transmises à Rojava à partir de 2011. Le projet de confédération lui-même vient du KCK (Union des communautés du Kurdistan), une branche du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) créée en 2005. L’idée était de démocratiser le mouvement de libération kurde, de s’éloigner d’une structure de parti pour aller vers un mouvement porté par la société toute entière. Le mouvement a profité des héritages historiques comme la Commune de Paris (1871), mais surtout du mouvement zapatiste au Mexique. Avant, le PKK avait une démarche marxiste-léniniste. Le parti a lancé des discussions sur le « confédéralisme » démocratique au début des années 2000.

Il faudrait recontacter Ercan Ayboğa pour avoir des précisions sur les modes de désignations des délégués: sont-ils clairement révocables à tout moment, sont-ils désignés selon le quota de 1 délégué pour 500 comme pour la révolution russe de 1905 et celles de Février 1917 et Octobre 1917 ?
Ou bien le quota de 1 pour 25 utilisé en Espagne en 1936 est-il utilisé ?

Il faudrait aussi propager les analyses actuelles de Ocalan

Le nouveau PKK a déclenché une révolution sociale au Kurdistan

Publié le 
par 
Par Rafael Taylor, militant socialiste libertaire et journaliste indépendant résidant à Melbourne. Il est également animateur de l’émission de radio “Floodgates Of Anarchy”, membre de l’ASF-IWA (AIT) et coordinateur de l’Alliance de la gauche libertaire à Melbourne.
EXTRAIT
La lutte des Kurdes, cependant, est loin d’être étroitement nationaliste. Dans les montagnes au-dessus d’Erbil, dans le cœur historique du Kurdistan qui serpente à travers les frontières de la Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie, une révolution sociale est née.
La théorie du confédéralisme démocratique
Au tournant du siècle, alors que le radical étatsunien Murray Bookchin avait échoué dans sa tentative de revitaliser le mouvement anarchiste contemporain avec sa philosophie de l’écologie sociale, Abdullah Öcalan, le fondateur et dirigeant du PKK, était arrêté au Kenya par les autorités turques et condamné à mort pour trahison. Dans les années qui suivirent, le vieil anarchiste gagnait un improbable adepte chez le militant endurci, dont l’organisation paramilitaire – le Parti des travailleurs du Kurdistan – est largement considérée comme une organisation terroriste pour mener une guerre violente de libération nationale contre la Turquie.
Dans ses années de confinement solitaire – le leader du PKK se trouve derrière les barreaux depuis que sa peine a été commuée en réclusion à perpétuité – Öcalan a adopté une forme de socialisme libertaire si obscure que bien peu d’anarchistes en avaient entendu parler : le municipalisme libertaire de Bookchin. Öcalan a ensuite modifié, atténué et rebaptisé la vision de Bookchin sous le nom de « confédéralisme démocratique » avec le résultat que l’Union des Communautés du Kurdistan (Koma Civakên Kurdistan ou KCK), l’expérience territoriale du PKK d’une société libre basée sur la démocratie directe, est restée largement un secret pour la plupart des anarchistes, et plus encore, pour le grand public.
Bien que la conversion d’Öcalan a été le point décisif, la renaissance plus large d’une littérature de gauche libertaire et indépendante a commencé à souffler dans les montagnes et à passer de main en main parmi la base du mouvement après l’effondrement de l’Union soviétique dans les années 1990. « (Ils) ont analysé des livres et des articles de philosophes, de féministes, de (néo)anarchistes, communistes libertaires, communalistes et écologistes sociaux. C’est ainsi que des écrivains comme Murray Bookchin (et d’autres) ont attiré leur attention », nous dit le militant kurde Ercan Ayboga.
Öcalan s’est lancé, dans ses écrits de prison, dans un profond réexamen et une autocritique de la terrible violence, du dogmatisme, du culte de la personnalité et de l’autoritarisme qu’il avait favorisé : « Il est devenu clair que notre théorie, notre programme et notre praxis des années 1970 n’a rien produit d’autre qu’un séparatisme et une violence vaines, et, ce qui est pire encore, que le nationalisme auquel nous aurions dû nous opposer, nous a tous infestés. Même si nous étions opposés à ses principes et à sa rhétorique, nous l’avons néanmoins accepté comme inévitable ». Une fois que le leader incontesté, Öcalan a estimé que le « dogmatisme prospère sur des vérités abstraites qui deviennent des façons courantes de penser. Dès que vous mettez ces vérités générales en mots, vous vous sentez comme un grand prêtre au service de son dieu. C’est l’erreur que j’ai commise. »
Öcalan, athée, a en fin de compte écrit comme un libre penseur, libéré de la mythologie marxiste-léniniste. Il a indiqué qu’il était à la recherche d’une « alternative au capitalisme » et d’un « remplacement du modèle en ruine du…‟socialisme réellement existant” » quand il a rencontré Bookchin. Sa théorie du confédéralisme démocratique s’est développée à partir d’une combinaison d’inspiration intellectuelle communaliste, de « mouvements comme les zapatistes » et d’autres facteurs historiques issus de la lutte au Kurdistan du Nord (Turquie). Öcalan a proclamé lui-même qu’il était un étudiant de Bookchin, et après l’échec d’une correspondance électronique avec le vieux théoricien, qui était à son grand regret trop malade en 2004 pour poursuivre un échange épistolaire depuis son lit de mort, le PKK lui a rendu hommage en déclarant qu’il était « l’un des plus grands chercheurs en sciences sociales du XXe siècle » à l’occasion du deuxième anniversaire de sa mort.
La pratique du confédéralisme démocratique
Le PKK a apparemment suivi son chef, non seulement en adoptant l’étiquette spécifique de Bookchin de l’éco-anarchisme, mais aussi en intériorisant activement cette nouvelle philosophie dans sa stratégie et sa tactique. Le mouvement a abandonné sa guerre sanglante pour la révolution stalinienne/maoïste et les méthodes de terreur qui l’accompagnaient, et a commencé à examiner une stratégie largement non-violente visant à une plus grande autonomie régionale.
Après des décennies de trahisons fratricides, de cesser le feu manqués et sans lendemains, de détentions arbitraires et de reprises des hostilités, le 25 avril de cette année, le PKK a annoncé un retrait immédiat de ses forces de Turquie et leur redéploiement dans le nord de l’Irak, mettant ainsi fin à un conflit de 30 ans avec l’État turc. Le gouvernement turc s’est engagé simultanément dans un processus de réforme constitutionnelle et juridique devant consacrer les droits humains et culturels de la minorité kurde à l’intérieur de ses frontières. C’est là le dernier volet d’une négociation tant attendue entre Öcalan et le Premier ministre turc Erdogan, faisant partie d’un processus de paix qui a commencé en 2012. Il n’y a pas eu de violence de la part du PKK pendant une année et des appels raisonnables ont été lancés pour que le PKK soit retiré de la liste mondiale des organisations terroristes.
Il reste, cependant, une sombre histoire attachée au PKK : des pratiques autoritaires qui ne cadrent pas avec sa nouvelle rhétorique libertaire. À divers moments, ses branches ont été accusées ou soupçonnées de collecte de fonds par le trafic d’héroïne, d’extorsion, de recrutement forcé et de racket à grande échelle. Si cela est vrai, il n’y a aucune excuse pour ce genre d’opportunisme mafieux, malgré l’ironie évidente que l’État turc génocidaire était lui-même en grande partie financé par le monopole lucratif sur l’exportation légale vers l’Occident de produits opiacés ‟médicaux” cultivés par l’État, et rendu possible par le service militaire obligatoire et par les impôts pour un énorme budget anti-terroriste et ses forces armées surdimensionnées (la Turquie possède la deuxième armée de l’OTAN après les États-Unis).
Il en est ainsi de l’hypocrisie habituelle dans la guerre contre le terrorisme : lorsque les mouvements de libération nationale imitent la brutalité de l’État, ce sont invariablement les non représentés qui sont désignés comme terroristes. Öcalan lui-même décrit cette période honteuse comme celle des « gangs au sein de notre organisation et des pratiques ouvertement de banditisme, [qui] organisaient des opérations dangereuses, inutiles, en envoyant en masse des jeunes gens à la mort ».
Pour Öcalan, le confédéralisme démocratique signifie une « société démocratique, écologique et libérée en matière de genre », ou simplement « la démocratie sans l’État ». Il oppose explicitement la « modernité capitaliste » et la « modernité démocratique », dans laquelle « les trois anciens éléments de base : le capitalisme, l’État-nation et l’industrialisme » sont remplacés par « une nation démocratique, une économie communale et une industrie écologique ». Cela implique « trois projets : un pour la république démocratique, un pour le confédéralisme démocratique et un pour l’autonomie démocratique » ;
Le concept de ‟république démocratique” se réfère essentiellement à l’obtention, longtemps niée, de la citoyenneté et des droits civils des Kurdes, y compris la capacité de parler et d’enseigner librement dans leur langue. L’autonomie démocratique et le confédéralisme démocratique font à la fois référence aux « capacités autonomes des personnes et à une forme de structure politique plus directe, moins représentative ».
Pendant ce temps, Jongerden et Akkaya soulignent que « le modèle du municipalisme libre vise à réaliser l’approche de bas en haut (‟bottom-up”) dans la conception et le fonctionnement d’un organe administratif participatif, du local au provincial ». Le « concept de citoyen libre (ozgur yarttas) [est] un point de départ » qui « comprend les libertés civiles fondamentales comme la liberté d’expression et d’organisation ». Les unités de base du modèle sont les assemblées de quartier ou ‟conseils” comme on les appelle indifféremment.
Il y une participation populaire dans les conseils, y compris de la part de personnes non-kurdes, et tandis que les assemblées de quartier sont fortes dans plusieurs provinces, « à Diyarbakir, la plus grande ville du Kurdistan turc, il y a des assemblées presque partout. » Par ailleurs, « dans les provinces d’Hakkari et de Sirnak… il y a deux autorités parallèles [le KCK et l’État], parmi lesquelles la structure confédérale démocratique est la plus puissante dans la pratique. » La KCK en Turquie « est organisé au niveau du village (köy), du quartier urbain (mahalle), du district (ilçe), de la ville (kent), et de la région (bölge), qui est appelée « Kurdistan du Nord ».
Le niveau le ‟plus élevé” de la fédération au Kurdistan du nord, le DTK (Congrès de la Société Démocratique) est un mélange de délégués de base élus par leurs pairs avec mandats révocables, qui constituent 60% de l’ensemble et des représentants de « plus de cinq cents organisations de la société civile, syndicats et partis politiques », qui composent les 40% restants, dont environ 6% sont « réservés aux représentants des minorités religieuses, des universitaires ou autres spécialistes et d’autres personnes ayant un point de vue particulier. »
La proportion au sein des 40% de ceux qui sont pareillement délégués directement des groupes de la société civile démocratique et non-étatiste comparé à ceux qui n’ont pas été élus ou sont choisis par les bureaucraties des partis politiques n’est pas claire. Le chevauchement d’individus entre mouvements kurdes indépendants et partis politiques kurdes, ainsi que l’intériorisation de nombreux aspects de la procédure de démocratie directe par ces partis, compliquent encore plus la situation. Toutefois, le consensus informel qui se dégage parmi les observateurs est que la majorité des prises de décision correspond à des procédures de démocratie directe d’une manière ou d’une autre ; que la plupart de ces décisions sont prises au niveau local ; et que les décisions sont prises à partir de la base, selon la structure fédérale.
Du fait que les assemblées et le DTK sont coordonnées par la KCK illégale, dont fait partie le PKK, ils sont désignés comme ‟terroristes” par la Turquie et la soi-disant communauté internationale (UE, États-Unis et autres). Le DTK sélectionne aussi les candidats du BDP, le parti pro-kurde (Parti pour la paix et de la démocratie), pour le Parlement turc, qui propose « l’autonomie démocratique » pour la Turquie, une combinaison de démocratie représentative et de démocratie directe. Conformément au modèle fédéral, il propose la création d’environ 20 régions qui autogouverneraient directement (selon le schéma anarchiste, pas la Suisse) « l’éducation, la santé, la culture, l’agriculture, l’industrie, les services sociaux et de sécurité, les questions des femmes, de la jeunesse et des sports », avec l’État continuant de conduire « les affaires étrangères, les finances et la défense. »
La révolution sociale prend son envol
Pendant ce temps, sur le terrain, la révolution a déjà commencé. Dans le Kurdistan turc, il y a un mouvement éducatif indépendant des ‟académies” qui organise des forums de discussion et des séminaires dans les quartiers. Dans la municipalité de Sûr à Amed [nom kurde de Diyarbakır, NdT], où une avenue s’appelle ‟Rue de la Culture”, le maire Abdullah Demirbas se félicite de la « diversité des religions et de systèmes de croyance » et déclare que « nous avons commencé à restaurer une mosquée, une église catholique chaldéo-araméenne-, une église orthodoxe arménienne et une synagogue juive ».
Jongerden et Akkaya signalent ailleurs que « les municipalités DTP ont lancé un ‟service municipal multilingue”, qui a suscité des débats houleux. Des panneaux indicateurs municipaux ont été érigés en kurde et en turc, et des commerçants locaux ont suivi le mouvement ».
La libération des femmes se poursuit par les femmes elles-mêmes à travers les initiatives du Conseil des femmes du DTK, qui établit de nouvelles règles de « quotas de femmes de quarante pour cent » dans les assemblées. Si un fonctionnaire bat sa femme, son salaire est reversé directement à la femme battue afin de maintenir sa sécurité financière et son usage comme bon lui semble. « À Gewer, si le mari prend une deuxième épouse, la moitié de sa succession ira à la première. »
Il existe des « Villages de la Paix », des communautés de coopératives, nouvelles ou transformées, appliquant leur propre programme complètement en dehors des contraintes logistiques de la guerre kurdo-turque. La première de ces communautés a été construite dans la province d’Hakkari, limitrophe de l’Irak et de l’Iran, où « plusieurs villages » ont rejoint l’expérience. Dans la province de Van, « un village écologique de femmes » est en construction pour abriter les victimes de la violence domestique, auto-suffisant « pour toute ou presque toute l’électricité nécessaire. »
La KCK tient des réunions deux fois par an dans les montagnes avec des centaines de délégués de chacun des quatre pays, avec comme priorité à son agenda, la menace de l’État islamique envers l’autonomie du Kurdistan du sud et de l’ouest. Les partis iraniens et syriens affiliés à la KCK, le PJAK (Parti pour une vie libre au Kurdistan) et le PYD (Parti de l’union démocratique) mettent en avant également le confédéralisme démocratique. Le parti irakien de la KCK, le PÇDK (Parti pour une solution démocratique du Kurdistan) est relativement peu important car le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, centriste) au pouvoir et son chef Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien, n’a que récemment cessé de le harceler et commencé à le tolérer.
Mais, dans les régions montagneuses du Kurdistan irakien plus au nord, là où se trouvent la plupart des guérilleros et guérilleras du PKK et du PJAK, la littérature radicale et les assemblées s’épanouissent, avec l’intégration de nombreux Kurdes de la montagne après des décennies de déplacements. Au cours des dernières semaines, ces militant-e-s sont descendus des montagnes du nord pour combattre aux côtés des peshmergas irakiens contre l’EIIL, sauvant 20 000 yézidis et chrétiens dans les montagnes de Sindjar et ont reçu la visite de Barzani dans un affichage public de gratitude et de solidarité, mais surtout pour mettre la Turquie et les États-Unis dans l’embarras.
Le PYD syrien a suivi l’exemple du Kurdistan turc dans la transformation révolutionnaire de la région autonome sous son contrôle depuis l’éclatement de la guerre civile. Après les « vagues d’arrestations » de la répression baasiste, avec « 10.000 prisonniers, dont des maires, des chefs locaux du parti, des élus, cadres et militants […] les forces du PYD kurde ont renversé le régime du parti Baas dans le nord de la Syrie, ou Kurdistan occidental, [et] des conseils locaux ont éclos partout. » Des Comités d’auto-défense ont été improvisés pour fournir « la sécurité après la chute du régime baasiste » et « la première école enseignant la langue kurde » a été établie en même temps que les conseils intervenaient dans la distribution équitable du pain et de l’essence.
Dans le Kurdistan de Turquie, de Syrie, et dans une moindre mesure dans le Kurdistan irakien, les femmes sont désormais libres de se dévoiler et fortement encouragées à participer à la vie sociale. Les anciens liens féodaux sont brisés, les gens sont libres de suivre une religion ou aucune et les minorités ethniques et religieuses coexistent pacifiquement. S’ils sont capables de contenir le nouveau califat, l’autonomie du PYD dans le Kurdistan syrien et l’influence de la KCK au Kurdistan irakien pourrait bien servir de ferment pour une explosion encore plus profonde de culture et de valeurs révolutionnaires.
Le 30 juin 2012, le Comité national de coordination pour le changement démocratique (NCB), la plus grande coalition de la gauche révolutionnaire en Syrie, dont le PYD est le groupe principal, a adopté « le projet d’autonomie démocratique et le confédéralisme démocratique comme un modèle possible pour la Syrie ».
Défendre la révolution kurde face à l’État islamique
La Turquie, quant à elle, a menacé d’envahir les régions kurdes si « des bases terroristes étaient installées en Syrie », au moment où des centaines de combattants de la KCK (y compris du PKK) de tout le Kurdistan traversaient la frontière pour défendre Rojava (l’ouest) face à l’avancée de l’État islamique. Le PYD affirme que le gouvernement islamiste modéré de la Turquie est déjà engagé dans une guerre par procuration contre eux, en facilitant le transit des djihadistes internationaux à travers la frontière pour qu’ils combattent aux côtés des islamistes.
Au Kurdistan irakien, Massoud Barzani, dont la guérilla a combattu aux côtés de la Turquie contre le PKK dans les années 1990 en échange de l’accès aux marchés occidentaux, a appelé à un « front uni kurde » en Syrie à travers une alliance avec le PYD. Barzani avait signé en 2012 avec Salih Muslim, leader du PYD, l’‟Accord d’Erbil” formant le Conseil National Kurde et reconnaissant que « toutes les parties sont sérieuses et déterminées à continuer à travailler ensemble ».
Pourtant, alors que l’étude et la pratique des idées socialistes libertaires parmi la direction et les bases de la KCK est assurément un développement positif, il reste à voir dans quelle mesure cette influence est suffisamment sérieuse pour qu’ils abandonnent leur passé autoritaire sanglant. Le combat kurde pour l’autodétermination et la souveraineté culturelle est une lueur d’espoir au milieu des sombres nuages qui s’amoncellent au-dessus de l’État Islamique et des guerres sanglantes inter-fascistes entre l’islamisme, le baasisme et le sectarisme religieux qui leur a donné naissance.
Une révolution pan-kurde socialement progressiste et laïque, avec des éléments socialistes libertaires, unifiant les Kurdes irakiens et syriens et revitalisant les luttes en Turquie et en Iran peut encore être une perspective. Pendant ce temps, ceux d’entre nous qui apprécient l’idée de civilisation doivent reconnaître leur gratitude aux Kurdes, qui combattent en première ligne jour et nuit contre les djihadistes du fascisme islamiste en Syrie et en Irak, en défendant de leur vie les valeurs de la démocratie radicale.
« Les Kurdes n’ont pas d’amis sauf les montagnes » – Proverbe kurde


LIRE L'ARTICLE ENTIER DE BASTAMAG

EMANCIPATION

En Syrie, une expérience de démocratie directe, égalitaire et multiconfessionnelle tient tête à l’Etat islamique

PAR 
Les médias occidentaux relaient abondamment les décapitations, les appels au meurtre et les exactions perpétrés par Daech, le pseudo « Etat islamique ». Pourtant, face à cette barbarie, les populations kurdes, arabes ou yézidis de la région de Rojava, au nord de la Syrie, mettent en oeuvre un autre modèle de société, émancipateur, égalitaire, multiconfessionnel, et très démocratique. Une expérience qui pourrait même servir d’inspiration pour ramener la paix dans la région. En attendant, les Kurdes et leurs voisins combattent pour défendre cette utopie concrète, sans véritable soutien international. Entretien avec des chercheurs et activistes qui en reviennent.
Les raisons d’espérer sont rares en provenance de Syrie. Mais en janvier 2015, le monde découvre, ébahi, les images de femmes kurdes en treillis qui participent à la résistance puis à la libération de la ville syrienne de Kobané. Un mouvement démocratique et anti-patriarcal vient de défaire les forces ultra-réactionnaires de l’État islamique, victorieuses ailleurs. Deux modèles de société radicalement différents se font face. Car le Kurdistan syrien fait l’expérience depuis 2011 d’une révolution démocratique inédite.
Assez vite débarrassé des forces du régime de Bachar el-Assad, le mouvement de libération kurde y a développé une organisation politique basée sur la démocratie directe, l’organisation en communes et la libération des femmes. Malgré la guerre, les attaques de l’État islamique (EI), l’embargo turc, sur fond d’indifférence de la communauté internationale, la région poursuit la mise en pratique de ce confédéralisme démocratique, un modèle de société multiconfessionnelle et multi-ethnique, sans État, pour l’émancipation de tous. Entretien avec Ercan Ayboğa et Michael Knapp, co-auteurs de Revolution in Rojava, ouvrage d’enquête militante sur cette révolution en cours au milieu du chaos syrien.
Basta ! : Ce qui se passe depuis 2011 dans la région syrienne de Rojava (au nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie), représente-t-il le contre-modèle absolu de la violence de l’État islamique ?
Ercan Ayboğa [1] : L’État islamique représente la ligne la plus réactionnaire qui existe aujourd’hui et en Syrie et au Moyen Orient, plus réactionnaire encore qu’Al-Qaïda, et le pôle le plus opposé au mouvement de Rojava. Il y a d’un côté le modèle de société de Rojava, une démarche démocratique et émancipatrice, et de l’autre, l’EI, extrêmement réactionnaire, hiérarchique, misogyne, absolument anti-démocratique, violent, et qui exploite les populations.
Michael Knapp : Rojava ressemble évidemment à une antithèse de l’EI. Mais c’est beaucoup plus profond. L’EI est aussi l’expression du jeu des forces présentes au Moyen Orient. Rétrospectivement, vu de l’Occident, on peut avoir l’impression que le mouvement de Rojava est né en opposition à l’EI. Mais en fait, c’est plutôt l’EI qui a été renforcé par des puissances comme la Turquie, entre autres pour détruire ce projet de Rojava.
Comment le projet démocratique du mouvement kurde s’est-il mis en place en Syrie, malgré la guerre civile ? Un compromis a-t-il dû être passé avec le régime de Bachar el-Assad ?
Michael Knapp : Quand la guerre civile a commencé en Syrie, le mouvement kurde n’a pas voulu s’allier à l’opposition. Il soutenait bien évidemment l’opposition démocratique, celle qui misait sur une sortie de crise politique et pas sur une escalade de la violence. Mais il voyait aussi que les forces d’opposition étaient soutenues par la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar et les pays occidentaux. C’est pour ça que le mouvement kurde a décidé de prendre une troisième voie.
Du point de vue militaire, les forces combattantes d’autodéfense kurdes sont allées encercler les casernes du régime et leur ont dit : soit vous partez, soit on vous combat. Souvent, les soldats du régime se sont retirés relativement pacifiquement, pensant que les forces kurdes n’allaient pas combattre aux côtés de l’Armée syrienne libre. Le régime a donc préféré poster ses soldats ailleurs. Même s’il y a eu des combats autour des puits de pétrole. C’est dans ce vacuum que le modèle de Rojava a pu prendre naissance.
Les membres de la coalition nationale syrienne et de l’armée syrienne libre reprochent parfois aux structures d’auto-organisation de la région de collaborer avec le régime. Mais il faut comprendre que le mouvement kurde suit un principe d’autodéfense légitime et de primat de la politique civile. Cela veut dire qu’aussi longtemps qu’on n’est pas attaqué, il faut tout résoudre politiquement. C’est aussi la politique suivie par la guérilla du Nord-Kurdistan (Kurdistan turc).
Comment s’organise maintenant la vie politique dans la région ?
Michael Knapp : C’est complexe et dynamique à la fois. L’organisation s’adapte aux besoins. Les assemblées des conseils sont le moteur de tout. Il y a plusieurs niveaux de conseils : de rue, de quartier, de la ville… Chaque niveau envoie ensuite des représentants dans les structures du niveau supérieur : des conseils de rue aux conseil de quartiers, des conseils de quartiers aux conseils des villes, puis vers les conseils des cantons et jusqu’au conseil populaire de Rojava. Les communautés s’organisent aussi en commissions à ces différentes niveaux, pour la sécurité, l’économie, la justice…
Les commissions forment comme des ministères au niveau de la région. Les conseils sont toujours doubles, avec un conseil mixte et un conseil des femmes. Le conseil des femmes a droit de veto. Et dans tous les conseils mixtes, il y a une règle de parité, un quota de 40 % au moins pour chaque genre, et le principe d’une double direction, élue, avec une femme et un homme. Si dans une ville, il y a une communauté yézidie ou des communautés arabes, par exemple, ils ont aussi droit à une co-présidence dans les conseils. On a donc souvent une présidence de conseil triple voire quadruple.
Parallèlement aux conseils, il existe un parlement, parce qu’il y a encore des gens qui sont membres de partis et qui doivent aussi pouvoir s’organiser et être représentés. Dans ce parlement, il y a les partis, mais une partie des sièges sont réservés à des organisations de la société civile, associations de défense des droits de l’homme, de la communauté yézidie… Malheureusement, il n’a pas encore été possible de tenir des élections au niveau de toute la région pour désigner par le vote les membres de ce Parlement, à cause de la guerre.
D’où vient ce modèle de l’auto-organisation et de confédération démocratique ?
Ercan Ayboğa : Des structures d’auto-organisation communalistes sont nées au Nord-Kurdistan, en Turquie, en 2007-2008. Ces expériences se sont ensuite transmises à Rojava à partir de 2011. Le projet de confédération lui-même vient du KCK (Union des communautés du Kurdistan), une branche du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) créée en 2005. L’idée était de démocratiser le mouvement de libération kurde, de s’éloigner d’une structure de parti pour aller vers un mouvement porté par la société toute entière. Le mouvement a profité des héritages historiques comme la Commune de Paris (1871), mais surtout du mouvement zapatiste au Mexique. Avant, le PKK avait une démarche marxiste-léniniste. Le parti a lancé des discussions sur le « confédéralisme » démocratique au début des années 2000.
L’écologie joue-t-elle un rôle dans ce mouvement ?
Michael Knapp : L’écologie en est un point central. Pour développer le projet du confédéralisme démocratique, Öcalan (le leader du PKK, emprisonné en Turquie depuis 1999) s’est saisi du principe de l’écologie sociale du militant américain Murray Bookchin. Avec l’idée que le capitalisme est un système qui conduit à la destruction de la planète, et qu’il faut donc construire une économie basée sur une production régionale, écologique et décentralisée.
Quelles sont les structures d’émancipation des femmes à Rojava, à côté des conseils de femmes et des brigades féminines des forces d’auto-défense ?
Ercan Ayboğa : Dans chaque ville, il y a une maison des femmes. C’est un centre politique, mais aussi un centre de conseil, avec des séminaires, des cours, du soutien. Il y a aussi de nombreuses coopératives de femmes, des boulangeries, des coopératives textiles, de produits laitiers…
Michael Knapp : Le mouvement de libération des femmes profite aussi aux autres communautés, par exemple aux communautés suryoyes (chrétiens) et arabes. Sur la zone près de la frontière irakienne, il y avait des groupes arabes très conservateurs mais qui sont entrés en conflit avec l’EI et ont demandé aux unités kurdes des les aider à s’en libérer. Du coup, beaucoup se sont joints au mouvement. J’ai vu des unités de formations de ces hommes. Il ne s’agissait pas seulement de savoir-faire militaire, mais aussi de discussions sur les droits des femmes et sur la démocratie directe.
Nous avons aussi rencontré des jeunes femmes des communautés arabes qui ont rallié les forces combattantes d’autodéfense [2]. Elles nous ont dit qu’il y a deux ans, elles ne sortaient pas de leur maison, et maintenant, elles protègent la frontière les armes à la main. Ce modèle de confédéralisme démocratique n’est pas identitaire. C’est pour ça qu’on peut espérer qu’à plus grande échelle, il puisse aussi représenter un modèle de résolution des conflits ailleurs au Moyen Orient.
Comment s’organise l’économie ?
Michael Knapp : C’est très difficile notamment à cause de l’embargo imposé par la Turquie. Dans le canton de Jazirah par exemple [La région de Rojava a été découpée en trois cantons : Kobané, Jazirah et Afrin, ndlr] il y a, comme ressources, du pétrole et des céréales. Mais il n’y a pas de raffinerie et presque pas de moulins. Nous avons vu des silos assez pleins pour nourrir toute la Syrie pendant dix ans. Mais les céréales ne peuvent pas être transformés sur place. Une économie collectivisée se développe pourtant, avec des coopératives, qui raffinent, comme elles peuvent, le pétrole, des coopératives agricoles…
Ercan Ayboğa : Les coopératives jouent un rôle toujours plus important à Rojava. Elles sont soutenues par les conseils. Mais l’économie privée est aussi possible, ce n’est pas interdit.
Le mouvement reçoit-il des soutiens de l’étranger, du Kurdistan turc, irakien, ou de la communauté internationale ?
Ercan Ayboğa : Il y a quelques médicaments et des outils qui arrivent du Nord-Kurdistan, en Turquie. Mais la Turquie ne laisse passer que peu de choses. Le soutien du Nord-Kurdistan reste néanmoins très important. Les administrations auto-organisées du Nord-Kurdistan soutiennent vraiment Rojava. La ville de Diyarbakir a par exemple envoyé à Kobané des machines de construction, des ingénieurs, un soutien technique. Mais pas officiellement. Sinon, de l’aide arrive d’ailleurs, d’ONG, mais c’est très peu. La communauté internationale dit qu’elle a besoin de l’autorisation du gouvernement syrien pour envoyer de l’aide vers Rojava. Mais les gens à Rojava attendent évidemment plus de soutien international parce qu’ils considèrent qu’ils combattent pour l’ensemble du monde démocratique.
Michael Knapp : Rojava n’a presque pas de moyens financiers, et ne reçoit pas d’aide humanitaire. La communauté internationale dit que le problème, c’est que ce n’est pas un État. Manifestement, aux yeux de la communauté internationale, le système d’auto-organisation de Rojava n’a pas à être soutenu.
Pourtant, les forces combattantes kurdes d’autodéfense ont à leur actifs plusieurs succès militaires contre le pseudo État islamique...
Michael Knapp : Dans ces forces d’autodéfense, les gens combattent pour survivre, pour des convictions, et pour un projet de société. Certains ont longtemps combattu au Nord-Kurdistan auparavant. Ils ont déjà beaucoup d’expérience militaire. Mais leur armement est vraiment modeste, en comparaison à celui de l’EI par exemple.
Recueilli par Rachel Knaebel

Notes

[1Ercan Ayboğa, activiste, et Michael Knapp, historien, sont les co-auteurs, avec Anja Flach, ethnologue, de Revolution in Rojava, paru en allemand chez VSA Verlag en février 2015.
[2Pour les hommes comme pour les femmes, l’âge minimum pour rallier les forces d’autodéfense est de 18 ans.




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