vendredi 6 mai 2016

Un ex-élève m'écrit. 9 ans plus tard, je reçois la lettre de Franck Garot (Il fut mon élève en 1981-1983 entre ses 9 et 11 ans) (Le Type à la guitare par Franck Garot)


présentation Yanick Toutain
L'Havrais Vérité
Missive de Franck Garot parue sur Le Monde Le Blog


Mon ex-élève, Franck Garot
m'avait écrit en mars 2007
Mais c'était paru sur le blog du journal
 Le Monde et je viens seulement
de recevoir cette missive.





Monsieur Toutain,  
Ça se passe au début des années 90. Je suis étudiant et je bois des bières avec des amis à La Cour des miracles, un bar du Havre. Nous sommes installés sur la mezzanine et nous voyons le piano qui attend qu’un client frappe ses cordes, nous voyons aussi l’entrée, et, justement, un type vient d’arriver. Le gars a tout du marginal venant faire la manche : barbe, vêtements élimés, guitare. Il joue quelques morceaux puis laisse sa guitare pour le piano. Ensuite il fait la quête et Karim, le patron, lui sert une bière. À cette époque, ma vie tourne exclusivement autour de la musique. Je m’enhardis et descends voir le type pour lui demander s’il peut me prêter sa guitare quelques instants, histoire de continuer l’accompagnement musical. Il me répond : Bien sûr, mais fais attention, c’est mon outil de travail. Cette phrase me marque, pour moi, jouer c’est du plaisir, pas un gagne-pain. Je remonte et joue quelques unes de mes chansons, puis d’autres plus vieilles que moi. Je remercie le gars en lui rendant sa guitare. Plusieurs mois plus tard, toujours dans le même bar, avec d’autres amis. Le type à la guitare entre de nouveau. Mes amis le connaissent, et me disent que je le connais aussi, et pour cause, c’est mon instit du CM1 et CM2. La confrontation entre le maître de primaire et le type à la guitare est un véritable choc. Je n’ose pas lui parler, non, je n’ose rien. Ce type, bien sûr, c’est vous, monsieur Toutain. Et me reviennent en vrac des souvenirs. Deux années incroyables, où vous m’avez donné une somme de connaissances (parfois en avance sur le programme de 3ème), un regard sur le monde, et une soif d’apprendre… Il se dit qu’on se souvient tous d’un instit qui a marqué sa vie, je me méfie de ces lieux communs. Ce que vous m’avez apporté, d’autres ou la vie elle-même me l’auraient apporté, mais il s’avère que ce fut vous. Ce que je n’ai pu dire ce soir-là dans ce bar havrais, je vous l’écris aujourd’hui : Merci.  
Franck Garot  

paru dans Le Monde sous le titre

Le Type à la guitare


33 ANS PLUS TARD, AVEC 9 ANS DE RETARD
JE REÇOIS CETTE MISSIVE DE FRANK GAROT


J'ai oublié le nom du ministre de l'Education Nationale qui me commandait quand j'avais Franck Garot comme élève.
Je ne travaillais pas pour le ministre de l'Education Nationale.
J'innovais continuellement pour mes élèves, pas pour un ministre. Ni pour une classe sociale.
En fait j'innovais pour une strate : la strate des Innovants.
Mais je ne connaissais pas l'existence des strates à cette époque.
Si mes élèves apprenaient les puissances, les racines et même - sans le savoir - les logarithmes c'était pour que les enfants les plus en difficulté puissent rattraper les autres sans que les meilleurs ni ne perdent leur temps, ni ne s'ennuient.

Franck Garot était, à cet âge, l'exemple quasi parfait de ce qu'un être humain sera après la révolisation : gentil, intelligent, curieux, innovant ET solidaire. Plus encore que le fait qu'il comprenait TOUT plus vite que n'importe lequel de ses camarades, il avait une autre qualité fondamentale - pour l'espèce humaine - il était gentil . Il était d'une gentillesse et d'un altruisme hors du commun.
Franck Garot - celui que je connaissais il y a 33 ans - fait partie de ces enfants qui m'ont convaincu de la bonté fondamentale de l'espèce humaine.
C'est grâce à ces enfants (je me souviens aussi d'un autre élève extraordinaire en 1974 - Wahbé Gharram au  collège Léo Lagrange - mis par des imbéciles dans une classe de 6° poubelle) que j'ai eu foi en l'espèce humaine.
Et que j'ai gardé cette conviction au fil des ans.
Si, quasiment tous les enfants que j'ai rencontrés - même ceux qui ont mal fini (et le pire d'entre eux complice du terroriste Jean-Marie Bourry se reconnaîtra aisément) - possédaient en eux les briques de ce que l'humanité aurait dû être - et sera un jour -, j'en ai rencontré quelques uns - quelques unes - qui n'avaient quasiment pas été abîmés et qui auraient pu faire un saut dans le temps - dans un siècle - sans courir le risque d'être décalés par rapport à l'évolution future.
Ce sont ces miraculés qui, entre 9 et 11 ans, laissent entrevoir ce que l'humanité sera un jour - toute sa vie.
Ce que les Humains de Préhistoire Paléolithique étaient, ce que les Awoniens,  habitants de l'Awérique du Nord montraient de gentillesse, d'altruisme, d'égalisme, certains enfants le conservent toute leur vie.
J'espère pour Franck Garot qu'il a conservé l'essentiel de ce qu'il était en 1983. J'espère pour lui que le jeune Franck vit encore en lui.
Il semble bien que oui à lire cette gentille missive dont il oublia, il y a 9 ans d'en faire parvenir une copie à son destinataire.
C'est donc avec neuf ans de retard que je découvre cet hommage : puisse-t-il inspirer tous ceux qui ont charge pédagogique - même ceux qui doivent obéir à Najat Vallaud-Belkacem.
Quand on voit un ex-élève être resté membre de la strate des Innovants, on peut se dire qu'on a la contentement du devoir accompli.
Et sans doute aussi, se dire que ce sont ces rencontres, avec de tels exceptionnels - Franck Garot, lui que j'eus comme élève pendant deux ans - et d'autres rencontres plus brèves, qui sont la cause de ce que je pus, sur le tard, quitter définitivement l'égarement marxiste pour découvrir la grille postmarxiste, la lutte des strates, et le véritable moteur de l'Histoire - la strate des Innovants .
Puisse le jeune Franck Garot rester un Innovant pour le reste de sa vie et surtout, acquérir une CONSCIENCE DE STRATE, se conscientiser comme membre, depuis sa plus jeune enfance jusqu'à maintenant, de la strate des Innovants, membre des Découvreurs, des Inventeurs et des Créateurs artistiques.

FRANCK GAROT est donc lisible et AUDIBLE sur INTERNET



JEUDI 26 SEPTEMBRE 2013

Rendez-vous sur franckgarot.net !


Ceci sera mon dernier article sur ce blog. Je l'ai annoncé depuis longtemps déjà, je ne parlerai donc plus de l'Arlésienne, n'attendez plus Godot : enfin, mon site est en ligne !

J'y ai transféré nombre de textes et poèmes, et une sélection de 807. Bien sûr, je l'utiliserai aussi comme un blog. D'ailleurs, je parle du site ici. Joachim Séné aussi (vous comprenez mon choix d'illustration) sur le blog de rature.net avec ce très bon titre : Take a walk on the wild site.

J'utiliserai ce site comme un support d'écriture. Je travaille en ce moment sur le projet Lou Dark. J'en reprends l'écriture, vos commentaires sont les bienvenus. Et je suis à la recherche de collaborateurs pour la partie musicale.

Ce n'est pas un au revoir, c'est seulement un déménagement, alors rendez-vous à ma nouvelle adresse : franckgarot.net !


Pantoum bruxellois (extrait)


vendredi 27 septembre 2013par Franck Garot
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Le Thalys file vers Bruxelles
À travers les champs, les forêts.
Tes larmes, terriblement belles,
Quand ce triste jour tu pleurais.
À travers les champs, les forêts,
Coule le canal solitaire.
Quand ce triste jour, tu pleurais,
Tu te voyais déjà sous terre.
Coule le canal solitaire
Avant de perdre son chemin.

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LES COMMENTAIRES SONT (presque) AUSSI ÉMOUVANTS.

Même s'ils concernent d'autres enseignants qui furent, eux aussi..... des enseignants et non pas des fonctionnaires

5 réponses à Le Type à la guitare

  1. Georges dit :
    Belle histoire simple, Franck.
    On a tous plus ou moins une dette de gratitude envers quelqu’un qu’on ne reverra pas.
    Moi, c’est le prof de lettres, en prépa, qui, le jour de mon départ pour les concours des écoles de commerce, m’a pris à part pour me dire « Vous feriez mieux d’écrire ».
    Ce fut bien le seul adulte qui m’ait donné ce dangereux conseil.
  2. Régine dit :
    Texte émouvant.
    Moi aussi, j’aurais aimé remercier mon professeur de français qui m’a permis de découvrir la littérature et de l’apprécier pleinement. Ce fut un choc émotionnel à la lecture des Zola, Flaubert, Victor Hugo et j’en passe. Mme Lepesq, un grand merci !!!
  3. Annie dit :
    Ah ! les professeurs de français!… la mienne, à quelques mois du bac et à l’inverse des parents  » passe ton bac d’abord » nous inculquait le goût du travail pour les joies de la « connaissance »… elle refusait les notes et nous encourageait à écrire… elle écrivait, des tragédies en vers qu’elle nous lisait à la fin des cours et nous faisait jouer. Elle était « la »littérature, tout l’opposé des « vendeurs de soupe » ! Heureux temps.
  4. desiree dit :
    Je garde un souvenir exécrable du prof de gym de 4ème qui se croyait marrant en disant : « attention, Désirée y va, baissez le fil », lorsque je m’apprêtais à effectuer un sublime saut en ciseaux, tout simplement parce que je m’étais pris une seule fois l’élastique dans le nez. Au bac je me suis vengée de tous les profs de gym avec un enchaînement libre absolument époustouflant, que vous pouvez, si vous le souhaitez, commander en cassette video, au prix modique de 150 euros. Ca dure dix minutes mais vous en avez pour votre argent. Intéressée, Margueritte ?
  5. Magali dit :
    Le prof qui a le plus fait pour moi était une petite dame laide et revêche, qui enseignait le grec à la Fac.
    Elle nous insultait copieusement, puis elle nous laissait mariner 15 minutes sans dico devant 30 lignes inconnues de Démosthène et elle interrogeait.
    Ce genre de formation, qui apprend à parler de chic sur n’importe quel sujet, ça rend des services inappréciables…
    Du fond du coeur, merci!

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