présentation par Yanick Toutain
REVACTU
27/2/2016
Les obscurantistes, les formois, les traîtres, les universitaires clowns titrés professeurs, les Balai à chiottes électoralistes, les Hervé Ouattara, les Hervé Le Kam les ambassadeurs, les Smockey, les Sam S K Le Jah, les juges voyous, les députés corrompus de la Franceàfric, les FDS colonialistes, les Koglwéogo fascistes, les AQMI, les Ansardine, les Bassolé, Diendéré, Zida, Kafando, les Kaboré et tous les Compaoré, les Simon, François et Blaise..... tous MENTENT..
Seuls sont légaux les CDR, le CNR et les tribunaux TPR, TPC , TPD, TPA
La révolution du 30 octobre 2014 imposait ces institutions !
IMMEDIATEMENT
|
L'auteur de ce blog tente de réveiller le JEUNE
Valère Somé depuis 2011
L'auteur du DOP s'est réveillé 2 fois en 2011
pour retourner à son état de zombie
haut formois compradore tolérant cette
Constitution Compaoré anti CDR |
Comme elle imposait la réalisation IMMEDIATE des mesures contenues dans ce Discours d'Orientation Politique.
Le lire et l'appliquer !
Avec ou sans l'avoir amendé
Est un dévoir
Refuser de le faire, est un délit !
LIRE AUSSI MES TROIS ETUDES DE MAI 2011 SUR LE DOP
7 mai 2011
ILS ONT TUE LUMUMBA
POUR DES SALAIRES 50 EUROS
ILS ONT TUE SANKARA
L AFRIQUE EST UN GHETTO
77
2° REVOLUTION
FOULES DE OUAGADOUGOU
BIENTOT L AFRICATION
THOMAS EST TOUJOURS DEBOUT
81
ILS ONT TUE LUMUMBA
VAUTOURS DANS LA BATAILLE
ILS ONT TUE SANKARA
L AFRIQUE EST UN CAMP DE TRAVAIL
84
NOUS F'RONS DELEGATION
FOULES DE OUAGADOUGOU
POUR LA REVOLUTION
THOMAS EST PARMI NOUS
La question intelligente d'un participant Facebook déclencha la rédaction de ce texte dont le contenu avait été trop longtemps reporté.
-existe-t-il une lutte de classe en Afrique et notamment au Burkina Faso?
-si oui! quels sont les différentes classes sociales en présence?
-quels sont les les intérêts de chacune de ses classes sociales ?
Discours
d’orientation politique
2
octobre 1983
Peuple
de Haute-Volta, [Le pays ne s'appelait pas encore Burkina Faso]
Camarades
militantes et militants de la révolution :
Notre
pays au cours de cette année 1983 a connu des moments d’une
intensité particulière qui laisse encore des empreintes indélébiles
dans l’esprit de bien des concitoyens. La lutte du peuple voltaïque
a connu durant cette période des flux et des reflux.
Notre
peuple a subi l’épreuve de luttes héroïques et a enfin remporté
la victoire dans la nuit devenue désormais historique du 4 août
1983. Cela fera bientôt deux mois que la révolution est en marche
irréversible dans notre pays. Deux mois que le peuple combattant de
Haute-Volta s’est mobilisé comme un seul homme derrière le
Conseil national de la révolution (CNR) pour l’édification d’une
société voltaïque nouvelle, libre, indépendante et prospère ;
une société nouvelle débarrassée de l’injustice sociale,
débarrassée de la domination et de l’exploitation séculaires de
l’impérialisme international.
A
l’issue de ce bref chemin parcouru, je vous invite, avec moi, à
jeter un regard rétrospectif afin de tirer les enseignements
nécessaires pour déterminer correctement les tâches
révolutionnaires qui se posent à l’heure actuelle et dans le
prochain avenir. En nous dotant d’une claire perception de la
marche des événements, nous nous fortifions davantage dans notre
lutte contre l’impérialisme et les forces sociales réactionnaires.
En
somme : d’où sommes-nous venus ? Et où allons-nous ? Ce sont là
les questions de l’heure qui exigent de nous une réponse claire et
résolue, sans équivoque aucune, si nous voulons marcher hardiment
vers de plus grandes et de plus éclatantes victoires.
La
révolution d’août est l’aboutissement de la lutte du peuple
voltaïque
Le
triomphe de la révolution d’août n’est pas seulement le
résultat du coup de force révolutionnaire imposé à l’alliance
sacro-sainte réactionnaire du 17 mai 1983. Il est l’aboutissement
de la lutte du peuple voltaïque sur
ses
ennemis de toujours. C’est une victoire sur l’impérialisme
international et ses alliés nationaux. Une victoire sur les forces
rétrogrades obscurantistes et ténébreuses. Une victoire sur tous
les ennemis du peuple qui ont tramé complots et intrigues derrière
son dos.
La
révolution d’août est le terme ultime de l’insurrection
populaire déclenchée suite au complot impérialiste du 17 mai 1983,
visant à endiguer la marée montante des forces démocratiques et
révolutionnaires de ce pays.
Cette
insurrection a été non seulement symbolisée par l’attitude
courageuse et héroïque des commandos de la ville de Pô, qui ont su
opposer une résistance farouche au pouvoir pro-impérialiste et
antipopulaire du médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et du
colonel Somé Yoryan, mais aussi, par le courage des forces
populaires démocratiques et révolutionnaires qui, en alliance avec
les soldats et les officiers patriotes, ont su organiser une
résistance exemplaire.
L’insurrection
du 4 août 1983, la victoire de la révolution et l’avènement du
Conseil national de la révolution sont donc incontestablement la
consécration et l’aboutissement conséquent des luttes du peuple
voltaïque contre la domination et l’exploitation néocoloniales,
contre l’assujettissement de notre pays, pour l’indépendance, la
liberté, la dignité et le progrès de notre peuple. En cela, les
analyses simplistes et superficielles, cantonnées dans la
reproduction des schémas préétablis, ne pourront rien changer à
la réalité des faits.
La
révolution d’août a triomphé en se posant ainsi comme
l’héritière et l’approfondissement du soulèvement populaire du
3 janvier 1966. Elle est la poursuite et le développement à un
stade qualitatif supérieur de toutes les grandes luttes populaires
qui sont allées en se multipliant ces dernières années et qui
toutes, marquaient le refus systématique du peuple voltaïque et
particulièrement de la classe ouvrière et des travailleurs de se
laisser gouverner comme avant. Les jalons les plus marquants et les
plus significatifs de ces grandes luttes populaires correspondent aux
dates de décembre 1975, de mai 1979, d’octobre et novembre 1980,
d’avril 1982 et de mai 1983.
C’est
un fait établi que le grand mouvement de résistance populaire qui a
immédiatement suivi la provocation réactionnaire et
pro-impérialiste du 17 mai 1983, a créé les conditions favorables
à l’avènement du 4 août 1983. En effet, le complot impérialiste
du 17 mai a précipité sur une grande échelle le regroupement des
forces et organisations démocratiques et révolutionnaires qui se
sont mobilisées durant cette période en développant des
initiatives et en entreprenant des actions audacieuses inconnues
jusque-là. Pendant ce temps, l’alliance sacro-sainte des forces
réactionnaires autour du régime moribond souffrait de son
incapacité à juguler la percée des forces révolutionnaires qui,
de façon de plus en plus ouverte, montaient à l’assaut du pouvoir
anti-populaire et anti-démocratique.
Les
manifestations populaires, des 20, 21 et 22 mai ont connu un large
écho national à cause essentiellement de leur grande signification
politique, du fait qu’elles apportaient la preuve concrète de
l’adhésion ouverte de tout un peuple et surtout de sa jeunesse,
aux idéaux révolutionnaires défendus par des hommes traîtreusement
abattus par la réaction. Elles ont eu une grande portée pratique,
du fait qu’elles exprimaient la détermination de tout un peuple et
de toute sa jeunesse qui se sont mis debout pour affronter
concrètement les forces de domination et d’exploitation
impérialistes. Ce fut la démonstration la plus patente de la vérité
selon laquelle, quand le peuple se met debout l’impérialisme et
les forces sociales qui lui sont alliées tremblent.
L’histoire
et le processus de conscientisation politique des masses populaires
suivent un cheminement dialectique qui échappe à la logique
réactionnaire. C’est pourquoi les événements du mois de mai 1983
ont grandement contribué à l’accélération du processus de
clarification politique dans notre pays, atteignant ainsi un degré
tel que les masses populaires dans leur ensemble ont accompli un saut
qualitatif important dans la compréhension de la situation.
Les
événements du 17 mai ont contribué grandement à ouvrir les yeux
du peuple voltaïque, et l’impérialisme dans son système
d’oppression et d’exploitation leur est apparu sous un éclat
brutal et cruel.
Il
y a des journées qui renferment en elles des enseignements d’une
richesse comparable à celle d’une décennie entière. Au cours de
ces journées, le peuple apprend avec une rapidité inouïe et une
profondeur d’esprit telle que mille journées d’études ne sont
rien à côté d’elles.
Les
événements du mois de mai 1983 ont permis au peuple voltaïque de
mieux connaître ses ennemis.
Ainsi,
dorénavant, en Haute-Volta, tout le monde sait :
Qui
est qui !
Qui
est avec qui et contre qui !
Qui
fait quoi et pourquoi.
Ce
genre de situation qui constitue le prélude à de grands
bouleversements a contribué à mettre à nu l’exacerbation des
contradictions de classes de la société voltaïque. La révolution
d’août arrive par conséquent comme la solution des contradictions
sociales qui ne pouvaient désormais être étouffées par des
solutions de compromis.
L’adhésion
enthousiaste des larges masses populaires à la révolution d’août
est la traduction concrète de l’espoir immense que le peuple
voltaïque fonde sur l’avènement du CNR pour qu’enfin puisse
être réalisée la satisfaction de son aspiration profonde à la
démocratie, à la liberté et à l’indépendance, au progrès
véritable, à la restauration de la dignité et de la grandeur de
notre patrie, que 23 années de régime néo-coloniale ont
singulièrement bafouée.
L’
héritage de 23 années de néo-colonisation
L’avènement
du CNR le 4 août 1983, et l’instauration d’un pouvoir
révolutionnaire en Haute-Volta depuis cette date, ont ouvert une
page glorieuse dans les annales de l’Histoire de notre peuple et de
notre pays. Cependant, lourd et pesant est l’héritage que nous
lèguent 23 années d’exploitation et de domination impérialistes.
Dure et ardue sera notre tâche d’édification d’une société
nouvelle, d’une société débarrassée de tous les maux qui
maintiennent notre pays dans une situation de pauvreté et
d’arriération économique et culturelle.
Lorsqu’en
1960, le colonialisme français traqué de toutes parts, déconfit à
Dien-Bien-Phu (Vietnam), en prise à des difficultés énormes en
Algérie, fut contraint, tirant ainsi les leçons de ces défaites,
d’octroyer à notre pays la souveraineté nationale et l’intégrité
territoriale, cela a été salué positivement par notre peuple qui
n’était pas resté impassible mais développait des luttes de
résistance appropriées. Cette fuite en avant de l’impérialisme
colonialiste français constitua pour le peuple une victoire sur les
forces d’oppression et d’exploitation étrangères. Du point de
vue des masses populaires ce fut une réforme démocratique, tandis
que du point de vue de l’impérialisme ce n’était qu’une
mutation opérée dans ses formes de domination et d’exploitation
de notre peuple.
Cette
mutation a abouti cependant à une redisposition des classes et
couches sociales et à l’établissement de nouvelles classes. En
alliance avec les forces rétrogrades de la société traditionnelle,
la petite-bourgeoisie intellectuelle de l’époque, dans un mépris
total des masses fondamentales qui lui avaient servi de tremplin pour
son accession au pouvoir, entreprit d’organiser les fondements
politiques et économiques des nouvelles formes de domination et
d’exploitation impérialistes. La crainte que la lutte des masses
populaires ne se radicalise et ne débouche sur une solution
véritablement révolutionnaire est à la base du choix opéré par
l’impérialisme qui consiste à exercer dorénavant sa mainmise sur
notre pays, à perpétuer l’exploitation de notre peuple par des
nationaux interposés. Des nationaux voltaïques allaient prendre le
relais de la domination et de l’exploitation étrangères. Toute
l’organisation de la société néo-coloniale reviendra à une
simple opération de substitution dans les formes.
Dans
leur essence, la société néo-coloniale et la société coloniale
ne diffèrent en rien. Ainsi, à l’administration coloniale on a vu
se substituer une administration néo-coloniale identique sous tous
les rapports à la première. A l’armée coloniale se substitue une
armée néo-coloniale avec les mêmes attributs, les mêmes fonctions
et le même rôle de gardien des intérêts de l’impérialisme et
de ceux de ses alliés nationaux. A l’école coloniale se substitue
une école néo-coloniale qui poursuit les mêmes buts d’aliénation
des enfants de notre pays et de reproduction d’une société
essentiellement au service des intérêts impérialistes,
accessoirement au service des valets et alliés locaux de
l’impérialisme.
Des
nationaux voltaïques entreprirent, avec l’appui et la bénédiction
de l’impérialisme, d’organiser le pillage systématique de notre
pays. Des miettes de ce pillage qui leur retombent, ils se
transforment petit à petit en une bourgeoisie véritablement
parasitaire, ne sachant plus retenir leurs appétits voraces. Mus par
leurs seuls intérêts égoïstes, ils ne reculeront désormais plus
devant les moyens les plus malhonnêtes, développant à grande
échelle la corruption, le détournement des deniers et de la chose
publics, les trafics d’influence et la spéculation immobilière,
pratiquant le favoritisme et le népotisme.
Ainsi
s’expliquent toutes les richesses matérielles et financières
qu’ils ont pu accumuler sur le dos du peuple travailleur. Et non
contents de vivre sur les rentes fabuleuses qu’ils tirent de
l’exploitation éhontée de leurs biens mal acquis, ils jouent des
pieds et des mains pour s’accaparer des responsabilités politiques
qui leur permettront d’utiliser l’appareil étatique au profit de
leur exploitation et de leur gabegie.
Une
année entière ne se passe sans qu’ils se payent de grasses
vacances à l’étranger. Leurs enfants désertent les écoles du
pays pour un enseignement de prestige dans d’autres pays. A la
moindre petite maladie, tous les moyens de l’État sont mobilisés
pour leur assurer des soins coûteux dans les hôpitaux de luxe des
pays étrangers.
Tout
cela se déroule sous les yeux d’un peuple voltaïque laborieux,
courageux et honnête, mais qui croupit dans la misère la plus
crasse. Si pour la minorité de riches la Haute-Volta constitue un
paradis, pour cette majorité que constitue le peuple, elle est un
enfer à peine supportable.
Dans
cette grande majorité, les salariés, malgré le fait qu’ils sont
assurés d’un revenu régulier subissent contraintes et pièges de
la société de consommation du capitalisme. Tout leur salaire se
voit consommé avant même qu’il n’ait été touché. Et le
cercle vicieux se poursuit sans fin, sans aucune perspective de
rupture.
Au
sein de leurs syndicats respectifs, les salariés engagent des luttes
revendicatives pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
L’ampleur de ces luttes contraint quelquefois les pouvoirs
néo-coloniaux en place à lâcher du lest. Mais ils ne donnent d’une
main que pour récupérer aussitôt de l’autre. Ainsi on annonce,
avec grand tapage, une augmentation de 10 pour cent des salaires pour
immédiatement prendre des mesures d’imposition qui annulent les
effets bénéfiques attendus de la première mesure. Les travailleurs
après 5, 6, 7 mois finissent toujours par se rendre compte de la
supercherie et se mobilisent pour de nouvelles luttes. Sept mois,
c’est plus qu’il ne faut aux réactionnaires au pouvoir pour
reprendre du souffle et élaborer d’autres stratagèmes. Dans cette
lutte sans fin, le travailleur s’en sort toujours perdant.
Au
sein de cette grande majorité, il y a ces « damnés de la terre »,
ces paysans que l’on exproprie, que l’on spolie, que l’on
moleste, que l’on emprisonne, que l’on bafoue et que l’on
humilie chaque jour et qui, cependant, sont de ceux dont le travail
est créateur de richesses. C’est par
leurs
activités productives que l’économie du pays se maintient malgré
sa fragilité. C’est de leur travail que se « sucrent » tous ces
nationaux pour qui la Haute-Volta est un El Dorado. Et pourtant, ce
sont eux qui souffrent le plus du manque des structures,
d’infrastructures routières, du manque des structures et
d’encadrement sanitaires.
Ce
sont ces paysans créateurs de richesses nationales qui souffrent le
plus du manque d’écoles et de fournitures scolaires pour leurs
enfants. Ce sont leurs enfants qui vont grossir les rangs des
chômeurs après un passage-éclair sur les bancs des écoles mal
adaptées aux réalités de ce pays.
C’est
parmi eux que le taux d’analphabétisme est le plus élevé : 98
pour cent. Ceux qui ont besoin de plus de savoir pour que leur
travail productif puisse s’améliorer en rendement, c’est encore
eux qui profitent le moins des investissements dans le domaine de la
santé, de l’éducation et de la technologie.
La
jeunesse paysanne, qui a les mêmes dispositions d’esprit que toute
la jeunesse, c’est-à-dire, plus sensible à l’injustice sociale
et favorable au progrès, en arrive, dans un sentiment de révolte, à
déserter nos campagnes les privant ainsi de ses éléments les plus
dynamiques.
Le
premier réflexe pousse cette jeunesse dans les grands centres
urbains que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Là ils espèrent
trouver un travail plus rémunérateur et profiter aussi des
avantages du progrès. Le manque de travail les pousse à l’oisiveté
avec les vices qui la caractérisent. Enfin ils chercheront leur
salut, pour ne pas finir en prison, en s’expatriant vers l’étranger
où l’humiliation et l’exploitation la plus éhontée les
attendent. Mais la société voltaïque leur laisse-t-elle d’autre
choix ?
Telle
est, de la manière la plus succincte, la situation de notre pays
après 23 années de néo-colonisation : paradis pour les uns et
enfer pour les autres.
Après
23 années de domination et d’exploitation impérialistes, notre
pays demeure un pays agricole arriéré où le secteur rural qui
occupe plus de 90 pour cent de la population active ne représente
seulement que 45 pour cent de la production intérieure brute (PIB)
et fournit les 95 pour cent des exportations totales du pays.
Plus
simplement il faut constater que pendant que dans d’autres pays les
agriculteurs qui constituent moins de 5 pour cent de la population
arrivent non seulement à se nourrir correctement, à assurer les
besoins de toute la nation entière, mais aussi à exporter
d’immenses quantités de leurs produits agricoles, chez nous plus
de 90 pour cent de la population malgré de rudes efforts connaissent
famines et disettes et sont obligés d’avoir recours, avec le reste
de la population, à l’importation des produits agricoles si ce
n’est à l’aide internationale. Le déséquilibre entre les
exportations et les importations ainsi créé contribue à accentuer
la dépendance du pays vis-à-vis de l’étranger. Le déficit
commercial qui en résulte s’accroît sensiblement au fil des
années et le taux de couverture des importations par les
exportations se situe aux environs de 25 pour cent. En termes plus
clairs, nous achetons à l’étranger plus que nous ne lui vendons
et une économie qui fonctionne sur cette base se ruine
progressivement et va vers la catastrophe.
Les
investissements privés en provenance de l’extérieur sont non
seulement insuffisants, mais en outre exercent des ponctions énormes
sur l’économie du pays et ne contribuent donc pas à renforcer sa
capacité d’accumulation. Une part importante de la richesse créée
à l’aide des investissements étrangers est drainée vers
l’extérieur au lieu d’être réinvestie pour accroître la
capacité productive du pays. Dans la période 1973-1979, on estime
les sorties des devises comme revenus des investissements directs
étrangers à 1,7 milliard de francs CFA par an, alors que les
investissements nouveaux ne se chiffrent qu’à 1,3 milliard de
francs CFA par an en moyenne.
L’insuffisance
des efforts en investissements productifs amène l’État voltaïque
à jouer un rôle fondamental dans l’économie nationale par
l’effort qu’il fournit en vue de suppléer à l’investissement
privé. Situation difficile lorsque l’on sait que les recettes du
budget de l’État sont essentiellement constituées par les
recettes fiscales qui représentent 85 pour cent des recettes totales
et qui se résument en grande partie à des taxes sur les
importations et à des impôts.
Les
recettes de l’État financent, outre l’effort d’investissement
national, les dépenses de l’État dont 70 pour cent servent à
payer les salaires des fonctionnaires et à assurer le fonctionnement
des services administratifs. Que peut-il en rester alors pour les
investissements sociaux et culturels ?
Dans
le domaine de l’éducation, notre pays se situe parmi les pays les
plus retardataires avec un taux de scolarisation de 16,4 pour cent et
un taux d’analphabétisme qui s’élève à 92 pour cent en
moyenne. C’est dire que sur 100 Voltaïques, à peine huit semblent
savoir lire et écrire en quelque langue que ce soit.
Sur
le plan sanitaire, le taux de morbidité et de mortalité est des
plus élevés dans la sous région en raison de la prolifération des
maladies transmissibles et des carences nutritionnelles. Comment
d’ailleurs éviter une telle situation catastrophique lorsque l’on
sait que chez nous on ne compte qu’un lit d’hôpital pour 1 200
habitants et un médecin pour 48 000 habitants ?
Ces
quelques éléments suffisent à eux seuls pour illustrer l’héritage
que nous laissent 23 années de néo-colonisation, 23 années d’une
politique de totale démission nationale. Cette situation, parmi les
plus désolantes, ne peut laisser dans l’indifférence aucun
Voltaïque qui aime et honore son pays.
En
effet notre peuple, peuple courageux et travailleur, n’a jamais pu
tolérer une telle situation. Et parce qu’il avait compris qu’il
ne s’agissait
pas
là d’une fatalité mais d’une organisation de la société sur
des bases injustes au seul profit d’une minorité, il a toujours
développé des luttes multiformes, cherchant les voies et moyens
pour mettre un terme à l’ancien ordre des choses.
C’est
pourquoi, il a salué fiévreusement l’avènement du Conseil
national de la révolution et de la révolution d’août qui est le
couronnement des efforts qu’il a déployés et des sacrifices qu’il
a consentis pour renverser l’ancien ordre, instaurer un nouvel
ordre à même de réhabiliter l’homme voltaïque et donner une
place de choix à notre pays clans le concert des nations libres,
prospères et respectées.
Les
classes parasitaires qui avaient toujours tiré profit de la
Haute-Volta coloniale et néo-coloniale sont et seront hostiles aux
transformations entreprises par le processus révolutionnaire entamé
depuis le 4 août 1983. La raison en est qu’elles sont et demeurent
attachées par un cordon ombilical à l’impérialisme
international. Elles sont et demeurent les fervents défenseurs des
privilèges acquis du fait de leur allégeance à l’impérialisme.
Quoique
l’on fasse, quoique l’on dise, elles resteront égales à
elles-mêmes, et continueront de tramer complots et intrigues pour la
reconquête de leur « royaume perdu ». De ces nostalgiques il ne
faut point s’attendre à une reconversion de mentalité et
d’attitude. Ils ne sont sensibles et ne comprennent que le langage
de la lutte, la lutte des classes révolutionnaires contre les
exploiteurs et les oppresseurs des peuples. Notre révolution sera
pour eux la chose la plus autoritaire qui soit ; elle sera un acte
par lequel le peuple leur imposera sa volonté par tous les moyens
dont il dispose et s’il le faut par ses armes.
Ces
ennemis du peuple, qui sont-ils ? Ils se sont démasqués aux yeux du
peuple lors des événements du 17 mai dans leur hargne contre les
forces révolutionnaires. Ces ennemis du peuple, le peuple les a
identifiés dans le feu de l’action révolutionnaire. Ce sont. :
1°)
La bourgeoisie voltaïque, qui se distingue, de par la fonction que
les uns et les autres accomplissent, en bourgeoisie d’État,
bourgeoisie compradore et bourgeoisie moyenne.
-
La bourgeoisie d’État : C’est cette fraction qui est connue sous
l’appellation de bourgeoisie politico bureaucratique. C’est une
bourgeoisie qu’une situation de monopole politique a enrichie de
façon illicite et crapuleuse. Elle s’est servie de l’appareil
d’État tout comme le capitaliste industriel se sert de ses moyens
de production pour accumuler les plus-values tirées de
l’exploitation de la force de travail des ouvriers. Cette fraction
de la bourgeoisie ne renoncera jamais de plein gré à ses anciens
avantages pour assister, passive, aux transformations
révolutionnaires en cours.
-
La bourgeoisie commerçante : Cette fraction, de par ses activités
mêmes, est attachée à l’impérialisme par de multiples liens. La
suppression de la domination impérialiste signifie pour elle la mort
de « la poule aux oeufs d’or ». C’est pourquoi elle s’opposera
de toutes ses forces à la présente révolution. C’est dans cette
catégorie que se recrutent par exemple les commerçants véreux qui
cherchent à affamer le peuple en retirant de la circulation les
vivres à des fins de spéculation et de sabotage économique.
- La
bourgeoisie moyenne : Cette fraction de la bourgeoisie voltaïque,
bien qu’ayant des liens avec l’impérialisme, rivalise avec
celui-ci pour le contrôle du marché. Mais comme elle est plus
faible économiquement, elle se fait évincer par l’impérialisme.
Elle a donc des griefs contre l’impérialisme, mais a aussi peur
du peuple et cette peur peut l’amener à faire front avec
l’impérialisme. Toutefois, du fait que la domination impérialiste
sur notre pays l’empêche de jouer son rôle véritable de
bourgeoisie nationale, quelques-uns de ses éléments, sous certains
rapports, pourraient être favorables à la révolution qui les
situerait objectivement dans le camp du peuple. Cependant, entre ces
éléments qui viennent à la révolution et le peuple, il faut
développer une méfiance révolutionnaire. Car, sous ce couvert
accourront à la révolution des opportunistes de toutes sortes.
LES
FORCES RETROGRADES FEODALES
2°)
Les forces rétrogrades qui tirent leur puissance des structures
traditionnelles de type féodal de notre société. Ces forces, dans
leur majorité, ont su opposer une résistance ferme à
l’impérialisme colonialiste français. Mais depuis l’accession
de notre pays à la souveraineté nationale, elles ont fait corps
avec la bourgeoisie réactionnaire pour oppresser le peuple
voltaïque. Ces forces ont tenu les masses paysannes en une situation
de réservoir à partir duquel elles se livraient à des surenchères
électoralistes.
Pour
préserver leurs intérêts qui sont communs à ceux de
l’impérialisme et opposés à ceux du peuple, ces forces
réactionnaires ont le plus souvent recours aux valeurs décadentes
de notre culture traditionnelle qui sont encore vivaces dans les
milieux ruraux. Dans la mesure où notre révolution vise à
démocratiser les rapports sociaux dans nos campagnes, à
responsabiliser les paysans, à mettre à leur portée plus
d’instruction et plus de savoir pour leur propre émancipation
économique et culturelle, ces forces rétrogrades s’y opposeront.
Ce
sont là les ennemis du peuple dans la présente révolution, des
ennemis que le peuple a identifiés lui-même lors des événements
du mois de mai. Ce sont ces individus-là qui ont constitué le gros
de la troupe des marcheurs isolés, protégés par un cordon
militaire, et qui ont manifesté leur soutien de classe au régime
déjà moribond issu du coup d’État réactionnaire et
pro-impérialiste.
En
dehors des classes et couches sociales réactionnaires et
antirévolutionnaires ci-dessus énumérées, le reste de la
population constitue le peuple voltaïque. Un peuple qui tient la
domination et l’exploitation impérialistes en abomination et qui
n’a cessé de le manifester dans la lutte concrète de tous les
jours contre les différents régimes néo-coloniaux. Ce peuple dans
la présente révolution regroupe :
1°)
La classe ouvrière voltaïque, jeune et peu nombreuse, mais qui a su
faire la preuve dans ses luttes incessantes contre le patronat,
qu’elle est une classe véritablement révolutionnaire. Dans la
révolution présente, c’est une classe qui a tout à gagner et
rien à perdre. Elle n’a pas de moyen de production à perdre, elle
n’a pas de parcelle de propriété à défendre dans le cadre de
l’ancienne société néo-coloniale. Par contre, elle est
convaincue que le révolution est son affaire, car elle en sortira
grandie et fortifiée.
2°)
La petite-bourgeoisie qui constitue une vaste couche sociale très
instable et qui hésite très souvent entre la cause des masses
populaires et celle de l’impérialisme. Dans sa grande majorité,
elle finit toujours par se ranger du côté des masses populaires.
Elle comprend les éléments les plus divers parmi lesquels : les
petits commerçants, les intellectuels petits-bourgeois
(fonctionnaires, étudiants, élèves, employés du secteur privé,
etc.), les artisans.
3°)
La paysannerie voltaïque est, dans sa grande majorité, constituée
de petits paysans attachés à la propriété parcellaire du fait de
la désintégration progressive de la propriété collective depuis
l’introduction du mode de production capitaliste dans notre pays.
Les rapports marchands dissolvent de plus en plus les liens
communautaires, et à leur place s’instaure la propriété privée
des moyens de production. Dans cette nouvelle situation ainsi créée
par la pénétration du capitalisme dans nos campagnes, le paysan
voltaïque qui se trouve lié à la petite production, incarne les
rapports bourgeois de production.
Aussi,
au vu de toutes ces considérations, la paysannerie voltaïque est
partie intégrante de la catégorie de la petite-bourgeoisie.
De
par le passé et de par sa situation présente, elle est la couche
sociale qui a payé le plus de tribut à la domination et à
l’exploitation impérialistes. La situation d’arriération
économique et culturelle qui caractérise nos campagnes l’a tenue
longtemps à l’écart des grands courants de progrès et de
modernisation, et contenue dans le rôle de réservoir des partis
politiques réactionnaires. Cependant elle a intérêt à la
révolution et en est, du point de vue du nombre, la force
principale.
4°)
Le lumpen-prolétariat : C’est cette catégorie d’éléments
déclassés qui, du fait de leur situation de sans-travail, sont
prédisposés à être à la solde des forces réactionnaires et
contre-révolutionnaires pour l’exécution de leurs sales besognes.
Dans la mesure où la révolution saura les convertir en les occupant
utilement, ils pourront être ses fervents défenseurs.
Le
caractère et la portée de la révolution d’août
Les
révolutions qui surviennent de par le monde ne se ressemblent point.
Chaque révolution apporte son originalité qui la distingue des
autres. Notre révolution, la révolution d’août, n’échappe pas
à cette constatation. Elle tient compte des particularités de notre
pays, de son degré de développement et d’assujettissement au
système capitaliste impérialiste mondial.
Notre
révolution est une révolution qui se déroule dans un pays agricole
arriéré, où le poids des traditions et de l’idéologie sécrétées
par une organisation sociale de type féodal, pèse énormément sur
les masses populaires. Elle est une révolution dans un pays qui, à
cause de la domination et de l’exploitation que l’impérialisme
exerce sur notre peuple, a évolué de la situation de colonie
qu’était ce pays, à celle de néo-coloniale.
Elle
est une révolution qui se produit dans un pays caractérisé encore
par l’inexistence d’une classe ouvrière consciente de sa mission
historique et organisée et par conséquent, ne possédant aucune
tradition de lutte révolutionnaire. C’est une révolution qui se
produit dans un petit pays continental, au moment où, sur le plan
international, le mouvement révolutionnaire s’effrite de jour en
jour sans l’espoir visible de voir se constituer un bloc homogène
à même d’impulser et de soutenir pratiquement les mouvements
révolutionnaires naissants. Cet ensemble de circonstances
historiques, géographiques et sociologiques donne une certaine
empreinte singulière à notre révolution.
La
révolution d’août est une révolution qui présente un double
caractère : elle est une révolution démocratique et populaire.
Elle a pour tâches primordiales la liquidation de la domination et
de l’exploitation impérialistes, l’épuration de la campagne de
toutes les entraves sociales, économiques et culturelles qui la
maintiennent dans un état d’arriération. De là découle son
caractère démocratique.
De
ce que les masses populaires voltaïques sont partie prenante à part
entière dans cette révolution et se mobilisent conséquemment
autour de mots d’ordre démocratiques et révolutionnaires qui
traduisent dans les faits leurs intérêts propres opposés à ceux
des classes réactionnaires alliées à l’impérialisme, elle tire
son caractère populaire. Ce caractère populaire de la révolution
d’août réside aussi dans le fait qu’en lieu et place de
l’ancienne machine d’État s’édifie une nouvelle machine à
même de garantir l’exercice démocratique du pouvoir par le peuple
et pour le peuple.
Notre
révolution présente, ainsi caractérisée, tout en étant une
révolution anti-impérialiste, s’effectue encore dans le cadre des
limites du régime économique et social bourgeois. En procédant à
l’analyse des classes sociales de la société voltaïque, nous
avons soutenu l’idée selon laquelle la bourgeoisie voltaïque ne
constitue pas une seule masse homogène réactionnaire et
anti-révolutionnaire. En effet, ce qui caractérise la bourgeoisie
des pays sous-développés sous le rapport capitaliste, c’est leur
incapacité congénitale de révolutionner la société à l’instar
de la bourgeoisie des pays européens des années 1780, c’est-à-dire
à l’époque où celle-ci constituait encore une classe ascendante.
Tels
sont les caractères et les limites de la présente révolution
déclenchée
en Haute-Volta depuis le 4 août 1983. En avoir une claire perception
et une définition exacte de son contenu nous prémunit des dangers
de déviation et des excès qui pourraient porter préjudice à la
marche victorieuse de la révolution.
Que
tous ceux qui ont pris fait et cause pour la révolution d’août se
pénètrent de la ligne directrice ainsi dégagée en vue de pouvoir
assumer leur rôle de révolutionnaires conscients et, en véritables
propagandistes intrépides et infatigables, en fassent une diffusion
au sein des masses.
Il
ne suffit plus de se dire révolutionnaire, il faut en plus se
pénétrer de la signification profonde de la révolution dont on est
le fervent défenseur. C’est le meilleur moyen de mieux la défendre
contre les attaques et les défigurations que les
contre-révolutionnaires ne manqueront pas de lui opposer. Savoir
lier la théorie révolutionnaire à la pratique révolutionnaire
sera le critère décisif permettant désormais de distinguer les
révolutionnaires conséquents de tous ceux qui accourent à la
révolution mus par des mobiles étrangers à la cause
révolutionnaire.
De
la souveraineté du peuple dans l’exercice du pouvoir
révolutionnaire
Un
des traits distinctifs de la révolution d’août, avons-nous dit,
et qui lui confère son caractère populaire, c’est qu’elle est
le mouvement de l’immense majorité au profit de l’immense
majorité.
C’est
une révolution faite par les masses populaires voltaïques
elles-mêmes avec leurs mots d’ordre et leurs aspirations.
L’objectif de cette révolution consiste à faire assumer le
pouvoir par le peuple. C’est la raison pour laquelle le premier
acte de la révolution, après la Proclamation du 4 août, fut
l’appel adressé au peuple pour la création des Comités de
défense de la révolution (CDR). Le CNR a la conviction que pour que
cette révolution soit véritablement populaire, elle devra procéder
à la destruction de la machine d’État néo-coloniale et organiser
une nouvelle machine capable de garantir la souveraineté du peuple.
La question de savoir comment ce pouvoir populaire sera exercé,
comment ce pouvoir devra s’organiser, est une question essentielle
pour le devenir de notre révolution.
L’histoire
de notre pays jusqu’à nos jours a été essentiellement dominée
par les classes exploiteuses et conservatrices qui ont exercé leur
dictature anti-démocratique et anti-populaire, par leur mainmise sur
la politique, l’économie, l’idéologie, la culture,
l’administration et la justice.
La
révolution a pour premier objectif de faire passer le pouvoir des
mains de la bourgeoisie voltaïque alliée à l’impérialisme aux
mains de l’alliance des classes populaires constituant le peuple.
Ce qui veut dire qu’à la dictature anti-démocratique et
anti-populaire de l’alliance réactionnaire des classes sociales
favorables à l’impérialisme, le peuple au pouvoir devra désormais
opposer son pouvoir démocratique et populaire.
Ce
pouvoir démocratique et populaire sera le fondement, la base solide
du pouvoir révolutionnaire en Haute-Volta. Elle aura pour tâche
primordiale la reconversion totale de toute la machine d’État avec
ses lois, son administration, ses tribunaux, sa police, son armée
qui avaient été façonnés pour servir et défendre les intérêts
égoïstes des classes et couches sociales réactionnaires. Elle aura
pour tâche d’organiser la lutte contre les menées
contre-révolutionnaires de reconquête du « paradis perdu » en vue
d’écraser complètement la résistance des réactionnaires
nostalgiques du passé. Et c’est là que résident la nécessité
et le rôle des CDR, comme point d’appui des masses populaires à
l’assaut des citadelles réactionnaires et contre-révolutionnaires.
Pour
une juste compréhension de la nature, du rôle et du fonctionnement
des CDR
L’édification
de d’État de démocratie populaire qui est l’objectif final de
la révolution d’août n’est pas et ne sera pas l’oeuvre d’un
seul jour. C’est une tâche ardue qui exigera de nous des
sacrifices énormes. Le caractère démocratique de cette révolution
nous impose une décentralisation et une déconcentration du pouvoir
administratif afin de rapprocher l’administration du peuple, afin
de faire de la chose publique une affaire qui intéresse tout un
chacun. Dans cette oeuvre immense de longue haleine, nous avons
entrepris de remodeler la carte administrative du pays pour une plus
grande efficacité.
Nous
avons aussi entrepris de renouveler la direction des services
administratifs dans un sens plus révolutionnaire. En même temps,
nous avons « dégagé » des fonctionnaires et militaires qui, pour
des raisons diverses, ne peuvent suivre la cadence de la présente
révolution. Il nous reste beaucoup à faire et nous en sommes
conscients.
Le
Conseil national de la révolution, qui est dans le processus
révolutionnaire déclenché depuis le 4 août le pouvoir de
conception, de direction, et de contrôle de la vie nationale tant
sur le plan politique, économique que social, se doit d’avoir des
instances locales dans les divers secteurs de la vie nationale. Et
c’est là que réside le sens profond de la création des CDR qui
sont les représentants du pouvoir révolutionnaire dans les
villages, les quartiers des villes, les lieux de travail.
Les
CDR constituent l’organisation authentique du peuple dans
l’exercice du pouvoir révolutionnaire. C’est l’instrument que
le peuple s’est forgé pour se rendre véritablement souverain de
son destin et étendre de ce fait son contrôle dans tous les
domaines de la société. Les armes du peuple, le pouvoir du peuple,
les richesses du peuple, ce sera le peuple qui les gérera et les CDR
sont là pour cela.
Quant
à leurs rôles, ils sont immenses et diversifiés. Leur mission
première est l’organisation du peuple voltaïque tout entier en
vue de l’engager dans le combat révolutionnaire. Le peuple ainsi
organisé dans les CDR acquiert non seulement le droit de regard sur
les problèmes de son devenir, mais aussi participe à la prise de
décision sur son devenir et à son exécution. La révolution comme
théorie juste pour détruire l’ordre
ancien
et, en lieu et place, édifier une société d’un type nouveau ne
saurait être menée que par ceux qui y ont intérêt.
Les
CDR sont alors les détachements d’assaut qui s’attaqueront à
tous les foyers de résistance. Ce sont les bâtisseurs de la
Haute-Volta révolutionnaire. Ce sont les levains qui devront porter
la révolution dans toutes les provinces, tous nos villages, tous les
services publics et privés, tous les foyers, tous les milieux. Pour
ce faire, les militants révolutionnaires au sein des CDR doivent
rivaliser d’ardeur dans les tâches primordiales suivantes :
1°)
L’action en direction des membres du CDR : il revient aux militants
révolutionnaires le travail d’éducation politique de leurs
camarades. Les CDR doivent être des écoles de formation politique.
Les CDR sont les cadres adéquats où les militants discutent des
décisions des instances supérieures de la révolution, du CNR et du
gouvernement.
2°)
L’action en direction des masses populaires vise à les entraîner
à adhérer massivement aux objectifs du CNR par une propagande et
une agitation intrépides et sans relâche. A la propagande et aux
calomnies mensongères de la réaction, les CDR doivent savoir
opposer une propagande, une explication révolutionnaires appropriées
selon le principe que seule la vérité est révolutionnaire.
Les
CDR se doivent d’être à l’écoute des masses afin de se rendre
compte de leur état d’esprit, de leurs besoins, pour en informer à
temps le CNR et faire à ce sujet des propositions concrètes. Ils
sont invités à examiner les questions touchant l’amélioration
des intérêts des masses populaires, en soutenant les initiatives
prises par ces dernières.
Le
contact direct avec les masses, populaires, par l’organisation
périodique des assemblées ouvertes où sont discutées les
questions qui les intéressent, est une nécessité impérieuse pour
les CDR s’ils veulent aider à l’application correcte des
directives du CNR. Ainsi, dans l’action de propagande, les
décisions du CNR seront expliquées aux masses. Seront aussi
expliquées toutes les mesures destinées à l’amélioration de
leurs conditions de vie. Les CDR doivent lutter avec les masses
populaires des villes et des campagnes contre leurs ennemis et
l’adversité de la nature, pour la transformation de leur existence
matérielle et morale.
3°)
Les CDR devront travailler de manière rationnelle illustrant ainsi
un des traits de notre révolution : la rigueur. Par conséquent, ils
doivent se doter de plans d’action cohérents et ambitieux qui
s’imposent à tous leurs membres.
Depuis
le 4 août, date devenue désormais historique pour notre peuple,
répondant à l’appel du CNR, les Voltaïques ont développé des
initiatives pour se doter de CDR. Ainsi des CDR virent le jour dans
les villages, dans les quartiers des villes, bientôt sur les lieux
de travail, dans les services, dans les usines, au sein de l’armée.
Tout ceci est le résultat de l’action spontanée des masses. Il
convient maintenant de travailler à leur structuration interne sur
une base claire, et à leur organisation à l’échelle nationale.
C’est ce à quoi s’attelle actuellement le Secrétariat général
national des CDR. En attendant que des travaux de réflexions qui se
mènent actuellement sur la base des expériences déjà accumulées,
sortent des résultats définitifs, nous nous contenterons
d’esquisser le schéma et les principes directeurs généraux du
fonctionnement des CDR.
L’idée
première poursuivie avec la création des CDR consiste en la
démocratisation du pouvoir. Les CDR devenant ainsi des organes par
lesquels le peuple exerce le pouvoir local découlant du pouvoir
central dévolu au CNR.
Le
CNR constitue, en dehors des assises du congrès national, le pouvoir
suprême. Il est l’organe directeur de tout cet édifice dont le
principe directeur est le centralisme démocratique.
Le
centralisme démocratique est basé d’une part sur la subordination
des organes de l’échelon inférieur aux organismes de l’échelon
supérieur dont le plus haut est le CNR auquel se subordonnent toutes
les organisations. D’autre part, ce centralisme reste démocratique,
car le principe électif est de rigueur à tous les niveaux et
l’autonomie des organes locaux est reconnue pour toutes les
questions relevant de leur ressort, toutefois dans les limites et le
respect des directives générales tracées par l’instance
supérieure.
De
la moralité révolutionnaire au sein des CDR
La
révolution vise à la transformation de la société sous tous les
rapports, économiques, sociaux et culturels. Elle vise à créer un
Voltaïque nouveau, avec une moralité et un comportement social
exemplaires qui inspirent l’admiration et la confiance des masses.
La domination néo-coloniale a placé notre société dans un
pourrissement tel qu’il nous faudra des années pour la purifier.
Cependant
les militants des CDR doivent se forger une nouvelle conscience et un
nouveau comportement en vue de donner le bon exemple aux masses
populaires. En faisant la révolution, nous devons veiller à notre
propre transformation qualitative. Sans une transformation
qualitative de ceux-là mêmes qui sont censés être les artisans de
la révolution, il est pratiquement impossible de créer une société
nouvelle débarrassée de la corruption, du vol, du mensonge, et de
l’individualisme de façon générale.
Nous
devons nous efforcer de faire concorder nos actes à nos paroles,
surveiller notre comportement social afin de ne pas prêter le flanc
aux attaques des contre-révolutionnaires qui sont à l’affût.
Avoir continuellement à l’esprit que l’intérêt des masses
populaires prime sur l’intérêt personnel nous préservera de tout
égarement.
L’activisme
de certains militants caressant le rêve contre-révolutionnaire
d’amasser des biens et des profits par le biais des CDR doit être
dénoncé et combattu. Le vedettariat doit être éliminé. Plus vite
ces insuffisances seront combattues, mieux cela vaudra pour la
révolution.
Le
révolutionnaire de notre point de vue, c’est celui qui sait être
modeste tout en étant des plus déterminés dans les tâches qui lui
sont confiées. Il s’en acquitte sans vantardise et n’attend
aucune récompense.
Ces
derniers temps nous constatons que des éléments qui ont pris part
activement à la révolution et qui s’attendaient, pour ce faire, à
ce que leur soient réservés des traitements privilégiés, des
honneurs, des postes importants se livrent, par dépit, à un travail
de sape parce qu’ils n’ont pas eu gain de cause. C’est la
preuve qu’ils ont participé à la révolution sans jamais
comprendre les objectifs réels. On ne fait pas de révolution pour
se substituer simplement aux anciens potentats renversés. On rie
participe pas à la révolution sous une motivation vindicative
animée par l’envie d’une situation avantageuse : « ôte-toi de
là que je m’y mette ». Ce genre de mobile est étranger à
l’idéal de la révolution d’août et ceux qui le portent
démontrent leurs tares de petits-bourgeois situationnistes quand ce
n’est pas leur opportunisme de contre-révolutionnaires dangereux.
L’image
du révolutionnaire que le CNR entend imprimer dans la conscience de
tous, c’est celui du militant qui fait corps avec les masses, qui a
foi en elles et qui les respecte. Il se départit de toute attitude
de mépris vis-à-vis d’elles. Il ne se considère pas comme un
maître à qui ces masses doivent obéissance et soumission. Au
contraire, il se met à leur école, les écoute attentivement et
fait attention à leurs avis. Il se départit des méthodes
autoritaires dignes des bureaucrates réactionnaires.
Le
révolution se distingue de l’anarchie dévastatrice. Elle exige
une discipline et une ligne de conduite exemplaires. Les actes de
vandalisme et les actions aventuristes de toute sorte, au lieu de
renforcer la révolution par l’adhésion des masses,
l’affaiblissent et repoussent loin d’elle les masses
innombrables. C’est pourquoi les membres des CDR doivent élever
leur sens des responsabilités devant le peuple et chercher à
inspirer respect et admiration.
Ces
insuffisances le plus souvent relèvent d’une ignorance du
caractère et des objectifs de la révolution. Et pour nous en
prémunir, il nous faut nous plonger dans l’étude de la théorie
révolutionnaire. L’étude théorique élève notre compréhension
des phénomènes, éclaire nos actions et nous prémunit de bien des
présomptions. Nous devons désormais accorder une importance
particulière à cet aspect de la question et nous efforcer d’être
des exemples qui encouragent les autres à nous suivre.
Pour
une révolutionnarisation de tous les secteurs de la société
voltaïque
Tous
les régimes politiques qui se sont succédé jusqu’alors se sont
évertués à instaurer un ensemble de mesures pour une meilleure
gestion de la société néo-coloniale. Les changements opérés par
ces divers régimes se résumaient à la mise en place de nouvelles
équipes dans la continuité du pouvoir néo-colonial. Aucun de ces
régimes ne voulait et ne pouvait entreprendre une remise en cause
des fondements socio-économiques de la société voltaïque. C’est
la raison pour laquelle ils ont tous échoué.
La
révolution d’août ne vise pas à instaurer un régime de plus en
Haute-Volta. Elle vient en rupture avec tous les régimes connus
jusqu’à présent. Elle a pour objectif final l’édification
d’une société voltaïque nouvelle au sein de laquelle le citoyen
voltaïque animé d’une conscience révolutionnaire sera l’artisan
de son propre bonheur, un bonheur à la hauteur des efforts qu’il
aura consentis.
Pour
ce faire, la révolution sera, n’en déplaise aux forces
conservatrices et rétrogrades, un bouleversement total et profond
qui n’épargnera aucun domaine, aucun secteur de l’activité
économique, sociale et culturelle.
La
révolutionnarisation de tous les domaines, de tous les secteurs
d’activité, est le mot d’ordre qui correspond au moment présent.
Fort de la ligne directrice ainsi dégagée, chaque citoyen, à
quelque niveau qu’il se trouve, doit entreprendre de
révolutionnariser son secteur d’activité.
D’ores
et déjà, la philosophie des transformations révolutionnaires
touchera les secteurs suivants : 1°) L’armée nationale ; 2°) La
politique de la femme ; 3°) L’édification économique.
1°)
L’armée nationale : sa place dans la Révolution démocratique et
populaire
Selon
la doctrine de défense de la Haute-Volta révolutionnaire, un peuple
conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe
d’hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples
conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie. A cet
effet, nos Forces armées ne constituent qu’un détachement plus
spécialisé que le reste du peuple pour les tâches de sécurité
intérieure et extérieure de la Haute-Volta. De la même manière,
bien que la santé des Voltaïques soit l’affaire du peuple et de
chaque Voltaïque pris individuellement, il existe et existera un
corps médical plus spécialisé et consacrant plus de temps à la
question de la santé publique.
La
révolution dicte aux Forces armées nationales trois missions :
-
1) Être en mesure de combattre tout ennemi intérieur et extérieur,
et participer à la formation militaire du reste du peuple. Ce qui
suppose une capacité opérationnelle accrue faisant de chaque
militaire un combattant compétent au lieu de l’ancienne armée qui
n’était qu’une masse de salariés.
-
2) Participer à la production nationale. En effet, le militaire
nouveau doit vivre et souffrir au sein du peuple auquel il
appartient. Finie l’armée budgétivore. Désormais, en dehors du
maniement des armes, elle sera aux champs, elle élèvera des
troupeaux de bœufs, de moutons et de la volaille. Elle construira
des écoles et des dispensaires dont elle assurera le fonctionnement,
entretiendra les routes et transportera par voie aérienne le
courrier, les malades et les produits agricoles entre les régions.
-
3) Former chaque militaire en militant révolutionnaire. Fini le
temps où l’on prétendait à la réalité de la neutralité et de
l’apolitisme de l’armée tout en faisant d’elle le rempart de
la réaction et le garant des intérêts impérialistes !
Fini
le temps où notre armée nationale se comportait tel un corps de
mercenaires étrangers en territoire conquis ! Ce temps-là est
désormais révolu à jamais. Armés de la formation politique et
idéologique, nos soldats, nos sous-officiers et nos officiers
engagés dans le processus révolutionnaire cesseront d’être des
criminels en puissance pour devenir des révolutionnaires conscients,
étant au sein du peuple comme un poisson dans l’eau.
Année
au service de la révolution, l’armée nationale populaire ne fera
de place à aucun militaire qui méprise son peuple, le bafoue et le
brutalise. Une armée du peuple au service du peuple, telle est la
nouvelle armée que nous édifierons à la place de l’armée
néo-coloniale, véritable instrument d’oppression et de répression
aux mains de la bourgeoisie réactionnaire qui s’en sert pour
dominer le peuple. Une telle armée, du point de vue même de son
organisation interne et de ses principes de fonctionnement, sera
fondamentalement différente de l’ancienne armée. Ainsi, à la
place de l’obéissance aveugle des soldats vis-à-vis de leurs
chefs, des subalternes vis-à-vis des supérieurs, se développera
une discipline saine qui, tout en étant stricte, sera fondée sur
l’adhésion consciente des hommes et des troupes.
Contrairement
aux points de vue des officiers réactionnaires animés par l’esprit
colonial, la politisation de l’armée, sa révolutionnarisation, ne
signifie pas la fin de la discipline. La discipline dans une armée
politisée aura un contenu nouveau. Elle sera une discipline
révolutionnaire. C’est-à-dire une discipline qui tire sa force
dans le fait que l’officier et le soldat, le gradé et le non-gradé
se valent quant à la dignité humaine et ne diffèrent les uns des
autres que par leurs tâches concrètes et leurs responsabilités
respectives. Forts d’une telle compréhension des rapports entre
les hommes, les cadres militaires doivent respecter leurs hommes, les
aimer et les traiter avec équité.
Ici
aussi, les Comités de défense de la révolution ont un rôle
fondamental à jouer. Les militants CDR au sein de l’armée devront
être les pionniers infatigables de l’édification de l’armée
nationale populaire de l’État démocratique et populaire dont les
tâches essentielles seront :
-
1) Sur le plan intérieur, la. défense des droits et des intérêts
du peuple, le maintien de l’ordre révolutionnaire et la sauvegarde
du pouvoir démocratique et populaire.
-
2) Sur le plan extérieur, la défense de l’intégrité
territoriale.
2°)
La femme voltaïque : son rôle dans la Révolution démocratique et
populaire
Le
poids des traditions séculaires de notre société voue la femme au
rang de bête de somme. Tous les fléaux de la société
néo-coloniale, la femme les subit doublement : premièrement, elle
connaît les mêmes souffrances que l’homme ; deuxièmement, elle
subit de la part de l’homme d’autres souffrances.
Notre
révolution intéresse tous les opprimés, tous ceux qui sont
exploités dans la société actuelle. Elle intéresse par conséquent
la femme, car le fondement de sa domination par l’homme se trouve
dans le système d’organisation de la vie politique et économique
de la société. La révolution, en changeant l’ordre social qui
opprime la femme, crée les conditions pour son émancipation
véritable.
Les
femmes et les hommes de notre société sont tous victimes de
l’oppression et de la domination impérialistes. C’est pourquoi
ils mènent le même combat. La révolution et la libération de la
femme vont de pair. Et ce n’est pas un acte de charité ou un élan
d’humanisme que de parler de l’émancipation de la femme. C’est
une nécessité fondamentale pour le triomphe de la révolution. Les
femmes portent sur elles l’autre moitié du ciel.
Créer
une nouvelle mentalité chez la femme voltaïque qui lui permette
d’assumer le destin du pays aux côtés de l’homme est une des
tâches primordiales de la révolution. II en est de même de la
transformation à apporter dans les attitudes de l’homme vis-à-vis
de la femme.
Jusqu’à
présent la femme a été exclue des sphères de décisions. La
révolution, en responsabilisant la femme, crée les conditions pour
libérer l’initiative combattante des femmes. Le CNR, dans sa
politique révolutionnaire, travaillera à la mobilisation, à
l’organisation et à l’union de toutes les forces vives de la
nation et la femme ne sera pas en reste. Elle sera associée à tous
les combats que nous aurons à entreprendre contre les diverses
entraves de la société néo-coloniale et pour l’édification
d’une société nouvelle. Elle sera associée, à tous les niveaux
de conception, de décision et d’exécution, à l’organisation de
la vie de la nation entière. Le but final de toute cette entreprise
grandiose, c’est de construire une société libre et prospère où
la femme sera l’égale de l’homme dans tous les domaines.
Cependant,
il convient d’avoir une juste compréhension de la question de
l’émancipation de la femme. Elle n’est pas une égalité
mécanique entre l’homme et la femme. Acquérir les habitudes
reconnues à l’homme : boire, fumer, porter des pantalons. Ce n’est
pas cela l’émancipation de la femme.
Ce
n’est pas non plus l’acquisition de diplômes qui rendra la femme
égale à l’homme ou plus émancipée. Le diplôme n’est pas un
laisser-passer pour l’émancipation.
La
vraie émancipation de la femme, c’est celle qui responsabilise la
femme, qui l’associe aux activités productives, aux différents
combats auxquels est confronté le peuple. La vraie émancipation de
la femme c’est celle qui force le respect et la considération de
l’homme. L’émancipation tout comme la liberté ne s’octroie
pas, elle se conquiert. Et il incombe aux femmes elles-mêmes
d’avancer leurs revendications et de se mobiliser pour les faire
aboutir.
En
cela, la Révolution démocratique et populaire créera les
conditions nécessaires pour permettre à la femme voltaïque de se
réaliser pleinement
et
entièrement. Car, serait-il possible de liquider le système
d’exploitation en maintenant exploitées ces femmes qui constituent
plus de la moitié de notre société ?
3°.
Une économie nationale indépendante, auto-suffisante et planifiée
au service d’une société démocratique et populaire.
Le
processus des transformations révolutionnaires entreprises depuis le
4 août met à l’ordre du jour de grandes réformes démocratiques
et populaires. Ainsi, le Conseil national de la révolution est
conscient que l’édification d’une économie nationale,
indépendante, auto-suffisante et planifiée passe par la
transformation radicale de la société actuelle, transformation qui
elle-même suppose les grandes réformes suivantes :
-
La réforme agraire
-
La réforme de l’administration
-
La réforme scolaire
-
La réforme des structures de production et de distribution dans le
secteur moderne.
*
La réforme agraire aura pour but :
-
L’accroissement de la productivité du travail par une meilleure
organisation des paysans et l’introduction au niveau du monde rural
de techniques modernes d’agriculture
-
Le développement d’une agriculture diversifiée de pair avec la
spécialisation régionale
-
L’abolition de toutes les entraves propres aux structures
socio-économiques traditionnelles qui oppriment les paysans
-
Enfin, faire de l’agriculture le point d’appui du développement
de l’industrie.
Cela
est possible en donnant son vrai sens au slogan d’auto-suffisance
alimentaire, trop vieilli à force d’avoir été proclamé sans
conviction. Ce sera d’abord la lutte âpre contre la nature qui, du
reste, n’est pas plus ingrate chez nous que chez d’autres peuples
qui l’ont merveilleusement vaincue sur le plan agricole. Le Conseil
national de la révolution ne se bercera pas d’illusions en projets
gigantissimes, sophistiqués. Au contraire, de nombreuses petites
réalisations dans le système agricole permettront de faire de notre
territoire un vaste champ, une suite infinie de fermes. Ce sera
ensuite la lutte contre les affameurs du peuple, spéculateurs et
capitalistes agricoles de tout genre. Ce sera enfin la protection
contre la domination impérialiste de notre agriculture, dans
l’orientation, le pillage de nos ressources et la concurrence
déloyale à nos productions locales par des importations qui n’ont
de mérite que leur emballage pour bourgeois en mal de snobisme. Des
prix rémunérateurs et des unités industrielles agro-alimentaires
assureront aux paysans des marchés pour leurs productions en toute
saison.
*
La réforme administrative vise à rendre opérationnelle
l’administration héritée de la colonisation. Pour ce faire, il
faudra la débarrasser de tous les maux qui la caractérisent, à
savoir la bureaucratie lourde, tracassière et ses conséquences, et
procéder à une révision complète des statuts de la Fonction
publique. La réforme devra déboucher sur une administration peu
coûteuse, plus opérante et plus souple.
*
Le Réforme scolaire vise à promouvoir une nouvelle orientation de
l’éducation et de la culture. Elle devra déboucher sur la
transformation de l’école en un instrument au service de la
révolution. Les diplômés qui en sortiront devront être, non au
service de leurs propres intérêts et (de celui) des classes
exploiteuses, mais au service des masses populaires. L’éducation
révolutionnaire qui sera dispensée dans la nouvelle école devra
inculquer à chacun une idéologie, une personnalité voltaïque qui
débarrasse l’individu de tout mimétisme. Apprendre aux élèves
étudiants à assimiler de manière critique et positive les idées
et les expériences des autres peuples, sera une des vocations de
l’école dans la société démocratique et populaire.
Pour
arriver à bout de l’analphabétisme et de l’obscurantisme, il
faudra mettre l’accent sur la mobilisation de toutes les énergies
en vue de l’organisation des masses pour les sensibiliser et créer
en elles la soif d’apprendre en leur montrant les inconvénients de
l’ignorance. Toute politique de lutte contre l’analphabétisme,
sans la participation même des principaux intéressés est vouée à
l’échec.
Quant
à la culture dans la société démocratique et populaire, elle
devra revêtir un triple caractère : national, révolutionnaire et
populaire. Tout ce qui est anti-national, anti-révolutionnaire et
anti-populaire devra être banni. Au contraire, notre culture qui a
célébré la dignité, le courage, le nationalisme et les grandes
vertus humaines sera magnifiée.
La
Révolution démocratique et populaire créera les conditions
propices à l’éclosion d’une culture nouvelle. Nos artistes
auront les coudées franches pour aller hardiment de l’avant. Ils
devront saisir l’occasion qui se présente à eux pour hausser
notre culture au niveau mondial. Que les écrivains mettent leur
plume au service de la révolution. Que les musiciens chantent non
seulement le passé glorieux de notre peuple mais aussi son avenir
radieux et prometteur.
La
révolution attend de nos artistes qu’ils sachent décrire la
réalité, en faire des images vivantes, les exprimer en notes
mélodieuses tout en indiquant à notre peuple la voie juste
conduisant vers un avenir meilleur. Elle attend d’eux qu’ils
mettent leur génie créateur au service d’une culture voltaïque,
nationale, révolutionnaire et populaire.
Il
faut savoir puiser ce qu’il y a de bon dans le passé, c’est-à-dire
dans nos traditions, ce qu’il y a de positif dans les cultures
étrangères, pour donner une dimension nouvelle à notre culture.
La
source inépuisable, pour l’inspiration créatrice des masses, se
trouve dans les masses populaires. Savoir vivre avec les masses,
s’engager dans le mouvement populaire, partager les joies et les
souffrances du peuple, travailler et lutter avec lui, devraient
constituer les préoccupations majeures de nos artistes.
Avant
de produire, se poser la question : à qui destinons-nous notre
création ? Si nous avons la conviction que c’est pour le peuple
que nous créons, alors nous devons savoir clairement ce qu’est le
peuple, quelles sont ses composantes, quelles sont ses aspirations
profondes.
*
La réforme dans les structures de production et de distribution de
notre économie : les réformes dans ce domaine visent à établir
progressivement le contrôle effectif du peuple voltaïque sur les
circuits de production et de distribution. Car sans une véritable
maîtrise de ces circuits, il est pratiquement impossible d’édifier
une économie indépendante au service du peuple.
Peuple
de Haute-Volta,
Camarades
militantes et militants de la révolution :
Les
besoins de notre peuple sont immenses. La satisfaction de ces besoins
nécessite des transformations révolutionnaires à entreprendre dans
tous les domaines.
Ainsi
dans le domaine sanitaire et (celui) de l’assistance sociale en
faveur des masses populaires, les objectifs à atteindre se résument
en ceci : - Une santé à la portée de tous.
-
La mise en œuvre d’une assistance et d’une protection maternelle
et infantile.
-
Une politique d’immunisation contre les maladies transmissibles par
la multiplication des campagnes de vaccination.
-
Une sensibilisation des masses pour l’acquisition de bonnes
habitudes hygiéniques.
Tous
ces objectifs ne peuvent être atteints sans l’engagement conscient
des masses populaires elles-mêmes dans le combat sous l’orientation
révolutionnaire des services de santé.
Dans
le domaine de l’habitat, domaine d’une importance cruciale, il
nous faudra entreprendre une politique vigoureuse pour mettre fin aux
spéculations immobilières, à l’exploitation des travailleurs par
l’établissement des taux de loyers excessifs. Des mesures
importantes devront être prises dans ce domaine pour :
-
Établir des loyers raisonnables.
-
Procéder aux lotissements rapides de quartiers.
-
Développer sur une grande échelle la construction de maisons
d’habitation modernes en nombre suffisant et accessibles aux
travailleurs.
Une
des préoccupations essentielles du CNR, c’est l’union des
différentes nationalités que compte la Haute-Volta dans la lutte
commune contre les ennemis de notre révolution. II existe en effet
dans notre pays, une multitude d’ethnies se distinguant les unes
des autres par leur langue et leurs coutumes. C’est l’ensemble de
ces nationalités qui forment la nation voltaïque. L’impérialisme
dans sa politique de diviser pour régner, s’est évertué à
exacerber les contradictions entre elles, pour les dresser les unes
contre les autres.
La
politique du CNR visera à l’union de ces différentes nationalités
pour qu’elles vivent dans l’égalité et jouissent des mêmes
chances de réussite. Pour ce faire, un accent particulier sera mis
pour :
-
Le développement économique des différentes régions.
-
Encourager les échanges économiques entre elles.
-
Combattre les préjugés entre les ethnies, régler les différends
qui les opposent dans un esprit d’union.
-
Châtier les fauteurs de divisions.
Au
vu de tous les problèmes auxquels notre pays se trouve confronté,
la révolution apparaît comme un défi que nous devons, animés de
la volonté de vaincre, surmonter avec la participation effective des
masses populaires mobilisées au sein des CDR.
Dans
un proche avenir, avec l’élaboration des programmes sectoriels,
tout le territoire de Haute-Volta sera un vaste chantier de travail
où le concours de tous les Voltaïques valides et en âge de
travailler sera requis pour le combat sans merci que nous livrerons
pour transformer ce pays en un pays prospère et radieux, un pays où
le peuple sera le seul maître des richesses matérielles et
immatérielles de la nation.
Enfin,
il nous faut définir la place de la révolution voltaïque dans le
processus révolutionnaire mondial. Notre révolution fait partie
intégrante du mouvement mondial pour la paix et la démocratie
contre l’impérialisme et toute sorte d’hégémonisme.
C’est
pourquoi nous nous efforcerons d’établir des relations
diplomatiques avec les autres pays sans égard à leur système
politique et économique sur la base des principes suivants :
-
Le respect réciproque pour l’indépendance, l’intégrité
territoriale et la souveraineté nationale.
-
La non-agression mutuelle.
-
La non-intervention dans les affaires intérieures.
-
Le commerce avec tous les pays sur un pied d’égalité et sur la
base d’avantages réciproques.
Notre
solidarité et notre soutien militants iront à l’endroit des
mouvements de libération nationale qui combattent pour
l’indépendance de leur pays et la libération de leurs peuples. Ce
soutien s’adresse particulièrement :
-
Au peuple de Namibie sous la direction de la SWAPO.
-
Au peuple Sahraoui dans sa lutte pour le recouvrement de son
territoire national.
-
Au peuple Palestinien pour ses droits nationaux.
Dans
notre lutte, les pays africains anti-impérialistes sont nos alliés
objectifs. Le rapprochement avec ces pays est rendu nécessaire par
les regroupements néo-coloniaux qui s’opèrent sur notre
continent.
Vive
la Révolution démocratique et populaire ! Vive le Conseil national
de la révolution ! La patrie ou la mort, nous vaincrons !
Publié par le ministère burkinabè de l’ Information.