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lundi 24 novembre 2025

Thomas Sankara "Il n'y a qu'un seul Burkina Faso, celui des CDR " "Nous avons besoin des CDR et nous aurons toujours besoin des CDR quelle que soit la forme qu'un jour ils pourraient prendre."



Cet article du 4 décembre 2014 est une réponse directe au SABOTAGE de la révolution burkinabè du 30 octobre 2014 par le Balai citoyen et tous les compradores qui craignent les paysans pauvres.

LIRE AUSSI CET ARTICLE POUR COMPRENDRE COMME LA REVOLUTION DE 2014 FUT CONFISQUEE PAR LES MALFAISANTS

ercredi 3 décembre 2014

Révolution volée au Burkina Faso. Les 4 traîtres du 30-31 octobre: Hervé Ouattara, Serge Smockey Bambara, Guy Hervé Kam et Sams'K le Jah


présentation et commentaires
Yanick Toutain
RevActu
2/12/14


Hervé Ouattara: "Au départ, nous avons
voulu inciter Gilbert Diendiéré,
lui-même, à perpétrer un coup d’Etat".

"

Hervé Ouattara: "On a discuté entre nous et finalement, c’est nous qui avons gagné. Sams’K Le Jah et Hervé Kam, qui sont arrivés plus tard, étaient dans la même logique que Smockey et moi. Finalement, nous avons dit à Zida de prendre ses responsabilités",


Hervé Ouattara: "j’ai découvert monsieur Bambara qui est un militaire. C’est lui qui m’a informé qu’il se pourrait que le général Kouamé Lougué vienne notre la secours pour prendre Kosyam"



jeudi 4 décembre 2014

"Il n'y a pas deux Burkina Faso. Il n'y a qu'un seul Burkina Faso : le Burkina Faso des CDR. Il commence avec les CDR et finit avec les CDR" Thomas Sankara 1986

Présentation 2014
par Yanick Toutain
RevActu
 4/12/14


"Tout ce que nous avons réalisé au Burkina Faso, sous la révolution, nous l'avons réalisé grâce aux CDR en premier lieu."
Thomas Sankara 4 avril 1986

"... beaucoup étaient venus pour fêter la disparition de ces fameux CDR.
Pourquoi les CDR ? Historiquement, vous savez que rien n'est plus faux que de dire que les CDR ont été créés au lendemain du 4 août 1983.
Les CDR ont été créés avec les premiers coups de feu qui ont été tirés ici.
Les CDR ont été créés le 4 août 1983, précisément.
[Applaudissements] Les CDR sont nés dialectiquement en même temps que la révolution au Burkina Faso.
[Applaudissement] Parce que, à l'instant même où nous avons prononcé le mot révolution dans ce pays, la nécessité de la défendre s'est fait sentir et celui qui parle de révolution sans prendre les dispositions pour protéger cette révolution commet une grave erreur et méconnaît les capacités de lutte, les capacités de destruction de la réaction.
Pour notre part, nous avons invité le peuple dans la nuit du 4 août, à se constituer partout en Comités de défense de la révolution parce que nous ne nous faisions pas d'illusion : la révolution allait être attaquée.
Elle l'a été, elle l'est et elle le sera.
Donc, les Comités de défense de la révolution l'ont été, le sont et le seront.
[Applaudissement] Rien de ce qui a été fait de positif sous la révolution n'a pu être réalisé sans les CDR.
Nous savons que nous CDR, nous ne sommes pas parfaits.
Nous le savons, mais nous continuons de rechercher dans ce monde les exemples de perfection.
Nous CDR, avons eu à exercer le pouvoir populaire.
Sur le plan politique, sur le plan économique, sur le plan militaire, sur tous les plans de la vie nationale, à tous les niveaux de la vie des Burkinabè, nous, CDR, sommes impliqués directement.
Il est donc important que nous comprenions que la marche correcte des CDR a une conséquence bénéfique et heureuse pour chacun de nous.
Se détourner des CDR, c'est se faire à soi-même du tort ; à moins que l'on ne soit en mesure de quitter le Burkina Faso.
Nous avons besoin des CDR et nous aurons toujours besoin des CDR quelle que soit la forme qu'un jour ils pourraient prendre.

"Nous ne pouvons pas accepter de mettre les CDR de côté.
Il n'y a pas deux Burkina Faso.
Il n'y a qu'un seul Burkina Faso : le Burkina Faso des CDR.
Il commence avec les CDR et finit avec les CDR.
[Applaudissements] C'est pourquoi, il faut que là où il n'y a pas encore des CDR qu'ils soient rapidement constitués.
Partout où se trouvent des Burkinabè, le premier réflexe doit être pour eux de constituer un Comité de défense de la révolution parce qu'ils sont et existent grâce à la révolution.
Et s'ils ne le font pas, ils vont à l'encontre de la révolution et il n'y a pas de raison qu'ils bénéficient des bienfaits de la révolution."



 Les menteurs provocateurs tel l'agent saboteur anti-CDR Bruno Jaffré agissent pour nuire à la révolution africaine.

Ceux qui publient les textes de Thomas Sankara ajoutent des commentaires puants, des titres diffamants etc etc.C'est le cas ici. Bruno Jaffré et son acolyte X ont ajouté un titre de critique stupide contre les CDR "L'abus de pouvoir doit être étranger aux CDR". Ces gens-là puent du cerveau. Ils sont les agents de la gauche franceàfric française. Agents de sabotage des CDR, agents de sabotage de la révolution africaine. Il faut les démasquer. Il faut surtout faire CIRCULER les VERITABLES TEXTES.
"Les CDR ont été créés le 4 août 1983, précisément.
[Applaudissements] Les CDR sont nés dialectiquement en même temps que la révolution au Burkina Faso."

Quand on lit ceci, on comprend le TRAVAIL DES SABOTEURS DU BALAI POUR EMPECHER LES CDR DU 30 OCTOBRE 2014

GRANDIR EN REVOLUTIONNAIRES
"Nous n'avons pas le droit, en tant que révolutionnaires, de considérer que les Pionniers doivent être tenus en marge de l'action révolutionnaire et n'être intégrés à notre action qu'une fois l'âge de 18 ans atteint.
Partout où des révolutionnaires sont concernés directement par la vie de ces Pionniers, ils devront prendre leurs responsabilités : encadrer, éduquer, conscientiser ces jeunes enfants afin qu'ils grandissent en révolutionnaires, qu'ils vivent en révolutionnaires et meurent en révolutionnaires.
[Applaudissements] Ainsi donc, comment ne pas féliciter, comment ne pas admirer ces jeunes enfants : l'orchestre la Voix des pionniers de Bobo-Dioulasso, les Petits chanteurs aux poings levés de Ouagadougou, les Petits danseurs du secteur 27 de Ouagadougou et du secteur 6 de Banfora qui se sont produits tout à l'heure ! Comment ne pas être encouragés ! Nous savons, dès lors que nous les voyons se produire, se manifester, que notre culture est en de bonnes mains.
Si seulement chacun de nous, à l'âge où nous étions comme ces enfants, avait appris et la musique et la maîtrise de notre culture, aujourd'hui Mozart serait une piètre célébrité à côté de nous."

TORTUES A DOUBLE CARAPACE, HIBOUX AU REGARD GLUANT, CAMELEONS EQUILIBRISTES
Hélas, nous avons grandi avec des défauts."
"Et puis, il me faut quand même dire à nos chers camarades anciens que s'il est vrai que la neige sur le toit n'implique pas qu'il ne fait pas chaud à l'intérieur, il faut comprendre qu'à l'intérieur même des anciens se trouvent des tortues à double carapace.
[Applaudissements] Il se trouve à l'intérieur des anciens des hiboux au regard gluant [Applaudissements], c'est-à- dire un certain nombre de caméléons équilibristes qui pensent et estiment que, comme au jeu de dames, la révolution vient de faire une ouverture très dangereuse dont ils vont profiter pour s'installer afin de retrouver leur sport favori : les intrigues, les complots, les règlements de comptes, les dénigrements, les calculs et que sais-je encore ! Il appartient d'abord prioritairement aux anciens de démasquer et de combattre ces mauvais anciens."

MOBILISER LES FEMMES DU MONDE ENTIER
nous faisons confiance à l'UFB pour que toutes les femmes, toutes nos femmes, toute femme et toutes les femmes du monde entier soient mobilisées.
La tâche est donc dure.
TPR TRIBUNAUX POPULAIRES DE LA REVOLUTION
 Le dernier Tribunal populaire de la révolution (TPR), le quinzième du genre, a été, lui aussi une consécration internationale de cette juridiction révolutionnaire.
[Applaudissements] Nous avons jugé et condamné des malfrats internationaux ! [Applaudissements] Nous avons osé faire ce que beaucoup n'ont pas osé faire.
Nous avons donc installé glorieusement les TPR parmi les formes de juridictions dont les peuples ont réellement besoin.




PLUS DE 1310 DELEGUES des CDR de tout le Faso se sont réunis  du 31 mars au 4 avril.
La source du texte suivant est une brochure publiée par le Secrétariat national des DR.

 DISCOURS DE CLÔTURE DE LA PREMIERE CONFERENCE NATIONALE DES CDR 4 Avril 1986




Après le spectacle auquel nous venons d'assister, après ce que nous avons entendu, ma tâche est facilitée.
Elle est facilitée parce que je n'aurai que très peu de choses à vous dire.
Chers camarades, Chers amis invités : Nous voilà au terme d'un dur labeur.
Nous voilà au terme d'une épreuve particulière.
La première du genre, durant laquelle les Comités de défense de la révolution (CDR) ont volontairement, consciemment accepté de se remettre en cause.
Pendant des jours et des nuits, ils ont siégé sans désemparer dans un esprit de critique et d'auto-critique, pour examiner leur action depuis plus de deux ans et demi de révolution au Burkina Faso.
Le principe en luimême est une victoire.
Victoire en ce sens que seules les révolutions acceptent de se remettre en cause, seules les révolutions acceptent de faire le point critique de leur combat ; à la différence de la réaction qui passe le temps à se faire des louanges et des éloges pour aboutir à un échec fatal.
[Applaudissements] Camarades, je voudrais tout d'abord demander à toutes les délégations étrangères qui n'ont pas pu être représentées ici, de bien vouloir comprendre et excuser cette démarche : si nous avons estimé que cette première Conférence nationale des CDR devait se dérouler pratiquement à huis clos, à savoir entre Burkinabè exclusivement, cela ne veut pas dire que nous méconnaissions l'internationalisme qui nous lie aux autres luttes.
Je suis persuadé que nous bénéficierons de leur indulgence, de leur compréhension.
En effet, partout dans le monde, des messages avaient été préparés pour nous être envoyés.
On voulait nous envoyer également des délégations.
Nous demandons à tous les pays amis, à toutes les révolutions soeurs qui, dans la compréhension, ont bien voulu retenir l'envoi de leurs délégations, nous leur demandons de transmettre à leurs militants le salut internationaliste des Comités de défense de la révolution du Burkina Faso.
[Applaudissements].
Je voudrais remercier les Pionniers qui se sont présentés, et qui ont animé de bout en bout cette Première conférence nationale.
Les Pionniers constituent pour nous l'espoir, l'espoir de demain.
Ils symbolisent et représentent l'avenir dans le présent.
Mais en même temps, ils indiquent à chacun de nous notre tâche quotidienne, à savoir que leur devenir, leur évolution, dépendent étroitement de notre prise de conscience, de la façon avec laquelle nous assumerons nos responsabilités face à ces jeunes révolutionnaires.
Nous n'avons pas le droit, en tant que révolutionnaires, de considérer que les Pionniers doivent être tenus en marge de l'action révolutionnaire et n'être intégrés à notre action qu'une fois l'âge de 18 ans atteint.
Partout où des révolutionnaires sont concernés directement par la vie de ces Pionniers, ils devront prendre leurs responsabilités : encadrer, éduquer, conscientiser ces jeunes enfants afin qu'ils grandissent en révolutionnaires, qu'ils vivent en révolutionnaires et meurent en révolutionnaires.
[Applaudissements] Ainsi donc, comment ne pas féliciter, comment ne pas admirer ces jeunes enfants : l'orchestre la Voix des pionniers de Bobo-Dioulasso, les Petits chanteurs aux poings levés de Ouagadougou, les Petits danseurs du secteur 27 de Ouagadougou et du secteur 6 de Banfora qui se sont produits tout à l'heure ! Comment ne pas être encouragés ! Nous savons, dès lors que nous les voyons se produire, se manifester, que notre culture est en de bonnes mains.
Si seulement chacun de nous, à l'âge où nous étions comme ces enfants, avait appris et la musique et la maîtrise de notre culture, aujourd'hui Mozart serait une piètre célébrité à côté de nous.
Hélas, nous avons grandi avec des défauts.
[Applaudissements] Je remercie également l'Union nationale des anciens du Burkina (UNAB) pour sa participation à cette première Conférence nationale des CDR du Burkina Faso.
[Applaudissements] L'Union nationale des anciens du Burkina Faso nous apporte une contribution importante.
Elle est très importante parce que, tactiquement, nous savons que si nous, nous ne mobilisons pas les anciens, nos ennemis les mobiliseront contre nous.
[Applaudissements] Tous les réactionnaires, tous les contre-révolutionnaires nous invitent à laisser les anciens de côté afin qu'ils puissent les mobiliser contre nous.
[Vifs applaudissements] Eh bien ! Camarades, ne faisons point le jeu de la réaction et de la contre-révolution.
Ne faisons point le jeu du populisme et au contraire, disons-nous qu'il ne doit pas y avoir au Burkina Faso un être humain quel que soit son âge qui n'ait été mobilisé.
Nous en avons besoin.
Et puis, il me faut quand même dire à nos chers camarades anciens que s'il est vrai que la neige sur le toit n'implique pas qu'il ne fait pas chaud à l'intérieur, il faut comprendre qu'à l'intérieur même des anciens se trouvent des tortues à double carapace.
[Applaudissements] Il se trouve à l'intérieur des anciens des hiboux au regard gluant [Applaudissements], c'est-à- dire un certain nombre de caméléons équilibristes qui pensent et estiment que, comme au jeu de dames, la révolution vient de faire une ouverture très dangereuse dont ils vont profiter pour s'installer afin de retrouver leur sport favori : les intrigues, les complots, les règlements de comptes, les dénigrements, les calculs et que sais-je encore ! Il appartient d'abord prioritairement aux anciens de démasquer et de combattre ces mauvais anciens.
[Applaudissements] Si après avoir croisé le fer contre ces mauvais anciens qui, généralement, sont tenaces parce qu'ils ont le cuir dur, [Rires] les bons anciens n'ont pas réussi, qu'ils fassent appel aux CDR.
Qu'ils nous accordent la permission : nous saurons ce qu'il faudra faire.
N'est-ce pas, camarades, n'est-ce pas ? [Cris de « Oui 1', applaudissements] Soyons donc vigilants.
Nous remercions également l'Union des femmes du Burkina (UFB) [Applaudissements] dont le silence à l'ouverture de la Première, conférence nationale des CDR a été particulièrement « bruyante» et remarquée.
[Applaudissements] Organisation de masses, tard venue par rapport à d'autres, elle n'est pas pour autant en marge de notre marche victorieuse et nous faisons confiance à l'UFB pour que toutes les femmes, toutes nos femmes, toute femme et toutes les femmes du monde entier soient mobilisées.
La tâche est donc dure.
Je félicite le Secrétariat général national des CDR pour l'important travail d'organisation qui vient d'être accompli.
[Applaudissements] Je le félicite d'autant plus qu'il n'était pas certain que nous puissions organiser de façon aussi minutieuse et dans des délais aussi courts une réunion aussi importante.
Notre quotidien, le Sidwaya, a même, dans un écart d'impertinence, osé dire du mal du Secrétariat général national des CDR.
Le Secrétariat général des CDR répondra en temps opportun à cet intrus de Sidwaya.
[Applaudissements] Eh bien ! Je félicite tous les organisateurs, tous ceux qui sont venus de toutes les provinces pour cette grande manifestation parce qu'encore une fois nous venons d'inscrire une victoire à notre actif.
Souvenez-vous, après la célébration du premier anniversaire de la Révolution démocratique et populaire le 4 août 1984, la réaction, la contre-révolution, chantant en choeur, avaient dit que nous avions dépensé des milliards et des milliards pour organiser cette fête ; tellement la Tete avait été grandiose et belle.
Affolés, ces messieurs ne pouvaient pas imaginer que la capacité des révolutionnaires était de nature à pallier et même à dépasser le manque de moyens ! Depuis, ils ne parlent plus de milliards dépensés.
Au contraire ; lorsqu'ils entendent que nous organisons une manifestation, ils sont pris de panique et tentent du mieux qu'ils peuvent de la saboter.
La dernière Conférence au sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO) a été un succès éclatant pour la Révolution démocratique et populaire.
[Applaudissements nourris] Elle a été un succès, non pas parce qu'on nous a apporté beaucoup de moyens, mais parce que les révolutionnaires se surpassent lorsqu'on les attaque.
Et nous avons été attaqués, vous le savez très bien ! [Applaudissements] Nous avons forcé l'admiration même de ceux qui ne voulaient pas venir.
Mais ils sont venus malgré eux, ici même à Ouagadougou.
[Applaudissements] Le dernier Tribunal populaire de la révolution (TPR), le quinzième du genre, a été, lui aussi une consécration internationale de cette juridiction révolutionnaire.
[Applaudissements] Nous avons jugé et condamné des malfrats internationaux ! [Applaudissements] Nous avons osé faire ce que beaucoup n'ont pas osé faire.
Nous avons donc installé glorieusement les TPR parmi les formes de juridictions dont les peuples ont réellement besoin.
Nous sommes heureux de constater que notre exemple suscite çà et là des tentatives d'imitation.
[Applaudissements] Ailleurs, on veut également juger et condamner et nous savons que partout on pourra juger, partout on pourra condamner.
Mais la différence se situera toujours entre la vérité, toute la vérité que l'on osera dire et la demi-vérité que l'on sera obligé de proclamer parce que ....on est peut-être soi-même impliqué ou, en tout cas, on anime un régime réactionnaire, corrompu.
[Applaudissements] Avez-vous déjà vu un chat demander un certificat de bonne moralité pour son fils ? [Rires, applaudissement] Lui-même, il est voleur.
Mais, enfin, on sait que même les chats essaient de prendre des mines de personnes sérieuses.
Nous mettons en garde les imitateurs.
Ils nous suivent, ils nous imitent, mais il reste un secret, un seul secret : celui qui nous permet de franchir les grands obstacles et que eux ne détiennent pas et qui précipitera leur chute.
[Applaudissements] Camarades, lorsque cette Conférence nationale des CDR a été convoquée, beaucoup de choses ont été dites ici et ailleurs.
L'on a dit que ce serait l'occasion de tout dire.
Par «tout dire», certains entendaient également par là que ce serait l'occasion pour eux de régler certains comptes avec certaines personnes.
D'autres disaient aussi que cette Conférence nationale des CDR allait être une simple mascarade pour faire semblant de donner la parole au peuple mais, en réalité, pour empêcher que la vérité ne transparaisse.
Pendant et même à l'heure où je vous parle, des participants à cette Conférence estiment que c'est plus qu'une mascarade puisqu'on ne leur a pas donné la parole ! Il y avait plus de 1 310 délégués et rien qu'en donnant 10 minutes à chaque délégué faites le calcul, les matheux ça aurait fait plus de 10 jours d'affilée à écouter rien que les interventions.
Manifestement cela aurait été impossible ! On a dû donc procéder par synthèses.
Mais je dois reconnaître que la synthèse des synthèses a parfois dénaturé certaines pensées.
Certains propos, certains points de vue ne s'expriment plus entièrement et convenablement dans ce qui est présenté en dernière analyse, en dernière mouture.
Ce sont, hélas là, les règles normales d'un travail qui veut s'adresser au plus grand nombre et non pas simplement se limiter à une minorité.
Mais, c'est pourquoi, d'ores et déjà, j'invite le Secrétariat général national des CDR à prendre toutes les dispositions afin que, périodiquement, par exemple par trimestre, des sessions se tiennent à travers le pays entre le Secrétariat général national des CDR et les principaux représentants des CDR.
Ce qui permettra d'entendre davantage ce que pense chacun et faire en sorte que, lorsque nous serons obligés de synthétiser des pensées, nous ne soyons pas amenés à les déformer malgré nous.
[Applaudissements] Mais, l'on a pensé que cette première Conférence nationale des CDR avait été convoquée pour définitivement enterrer les CDR.
C'est vrai, il y en a qui sont venus ici pour présenter leurs condoléances au Secrétariat général national des CDR.
Condoléances qui, comme dans bien des cas, ne seront que des formes d'hypocrisie parce qu'en réalité, beaucoup étaient venus pour fêter la disparition de ces fameux CDR.
Pourquoi les CDR ? Historiquement, vous savez que rien n'est plus faux que de dire que les CDR ont été créés au lendemain du 4 août 1983.
Les CDR ont été créés avec les premiers coups de feu qui ont été tirés ici.
Les CDR ont été créés le 4 août 1983, précisément.
[Applaudissements] Les CDR sont nés dialectiquement en même temps que la révolution au Burkina Faso.
[Applaudissement] Parce que, à l'instant même où nous avons prononcé le mot révolution dans ce pays, la nécessité de la défendre s'est fait sentir et celui qui parle de révolution sans prendre les dispositions pour protéger cette révolution commet une grave erreur et méconnaît les capacités de lutte, les capacités de destruction de la réaction.
Pour notre part, nous avons invité le peuple dans la nuit du 4 août, à se constituer partout en Comités de défense de la révolution parce que nous ne nous faisions pas d'illusion : la révolution allait être attaquée.
Elle l'a été, elle l'est et elle le sera.
Donc, les Comités de défense de la révolution l'ont été, le sont et le seront.
[Applaudissement] Rien de ce qui a été fait de positif sous la révolution n'a pu être réalisé sans les CDR.
Nous savons que nous CDR, nous ne sommes pas parfaits.
Nous le savons, mais nous continuons de rechercher dans ce monde les exemples de perfection.
Nous CDR, avons eu à exercer le pouvoir populaire.
Sur le plan politique, sur le plan économique, sur le plan militaire, sur tous les plans de la vie nationale, à tous les niveaux de la vie des Burkinabè, nous, CDR, sommes impliqués directement.
Il est donc important que nous comprenions que la marche correcte des CDR a une conséquence bénéfique et heureuse pour chacun de nous.
Se détourner des CDR, c'est se faire à soi-même du tort ; à moins que l'on ne soit en mesure de quitter le Burkina Faso.
Nous avons besoin des CDR et nous aurons toujours besoin des CDR quelle que soit la forme qu'un jour ils pourraient prendre.
Nous constatons qu'au Burkina Faso, lorsque certains étrangers arrivent, ils considèrent ce pays comme divisé en deux : il y a le Burkina Faso normal avec un drapeau, un hymne, des bureaux, une administration, des structures de fonctionnement, c'est-à-dire le Burkina Faso qui connaît les bonnes règles, qui porte les gants blancs, les belles cravates et que sais je encore ! Et puis, il y ale Burkina Faso des CDR.
Ces CDR-là ! [Applaudissements] Et ils nous disent : comme votre pays est magnifique ! Et quel travail colossal vous avez accompli ! Malheureusement, il y a vos CDR-là ! [Applaudissements] Mais que voulez-vous que nous fassions de nos CDR ? Que nous les menions dans des bouteilles ? Ils sont tellement nombreux que si nous les mettons dans des bouteilles, ils seront dans tous les bars ! [Applaudissements] Même des nationaux, des Burkinabè nous disent : «Ah ! Camarade président, nous sommes, en tout cas, très contents.
Ce qui a été fait est magnifique, mais est-ce que vous ne pourriez pas voir du côté des CDR ; [Rires] parce que ces enfants-là....!»
J'écoute avec beaucoup d'intérêt leurs propos, leurs conseils et avec le respect dû à la barbe blanche qui parle en ces termes, avant de leur demander : en fait, entre ces CDR et moi-même, quelle est la différence d'âge ? [Applaudissements] Non ! 

Nous ne pouvons pas accepter de mettre les CDR de côté.
Il n'y a pas deux Burkina Faso.
Il n'y a qu'un seul Burkina Faso : le Burkina Faso des CDR.
Il commence avec les CDR et finit avec les CDR.
[Applaudissements] C'est pourquoi, il faut que là où il n'y a pas encore des CDR qu'ils soient rapidement constitués.
Partout où se trouvent des Burkinabè, le premier réflexe doit être pour eux de constituer un Comité de défense de la révolution parce qu'ils sont et existent grâce à la révolution.
Et s'ils ne le font pas, ils vont à l'encontre de la révolution et il n'y a pas de raison qu'ils bénéficient des bienfaits de la révolution.
A ce sujet, il importe que je dise que nous avons rencontré quelques difficultés dans les Organisations internationales.
Les Organisations internationales, prétendant ne pas faire de la politique, refusent, s'opposent à ce que les CDR se constituent en leur sein.
Eh bien, nous disons que les Burkinabè qui travaillent dans les Organisations internationales, doivent demeurer liés à la révolution par le biais des CDR.
[Applaudissements] Donc il faut des CDR partout.
[Applaudissements] Bref ! Je ne citerai aucun organisme international, mais chacun s'y reconnaîtra.
Lorsque nous avons jugé les voleurs de la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest, ces bandits, ces truands, ces jongleurs, s'il y avait eu un seul Burkinabé de la CEAO impliqué, pensez-vous que les Comités de défense de la révolution auraient adressé une motion de félicitations à ce voleur-là ? Eh bien ! le CDR qui inspire les TPR est une garantie pour la CEAO, par exemple contre les voleurs ! C'est parce que nous avons les CDR que nous osons poursuivre les méchants, les voleurs.
Ça fait longtemps qu'ils palpent les milliards.
[Applaudissements] Alors, que ce soit dit une fois pour toutes : toute organisation internationale qui nous acceptera, devra également accepter nos CDR.
Bien entendu, nous respecterons les règles, les statuts de fonctionnement de ces organisations internationales.
Nous ne nous organiserons en leur sein que dans les limites du possible.
Il ne s'agira pas d'aller demander au Secrétaire général de l'ONU l'autorisation de tenir une assemblée générale CDR dans la maison de verre à New York ; ce qui ne serait pas très grave, du reste ! Cette Première conférence nationale des CDR doit contribuer à une plus grande cohésion, à une plus grande unanimité, à une plus grande unité organique au sein des CDR.
Cela est très important.
Premier militant CDR que je suis, je n'échappe pas à l'obligation de critiquer fondamentalement, totalement nos CDR ; mais également, je n'hésite pas à leur apporter tout le soutien, tout le renforcement dont ils ont besoin pour continuer à aller de l'avant.
[Applaudissements nourris] C'est pourquoi nous devons avoir le courage de nous regarder en face.
Il y a de mauvais militants CDR parmi nous ! Qu'on ne se le cache pas.
Vous savez très bien qu'au début de la révolution, très peu de gens voulaient venir dans les CDR.
Mais dès lors que l'on s'est aperçu que les CDR permettaient de résoudre un certain nombre de problèmes, les vieux magouilleurs ont repris leurs vieux chemins pour se faire élire dans les CDR.
[Applaudissements] On les voit, lorsqu'il s'agit de la bataille du rail2, tourner avec leur voiture ; ils se renseignent : « Est-ce que la télévision va venir ?» [Rires, applaudissements] Dès qu'ils sont sûrs que la télévision va venir glacières et bières fraîches dans la voiture ils vont là-bas et attendent.
Ils tournent passent et repassent devant le cameraman qui ne semble pas comprendre.
[Rires] Ils finissent par faire des signes au cameraman et à la foule : « Ah ! les gars, ça travaille....ça fait... depuis des heures que nous sommes là ! Ah oui...».
Comme tous les journalistes finissent par leur demander : «Vos impressions ?» Ah ! C'est l'occasion attendue.
[Applaudissements] « Oui ! très impressionné, mes impressions sont très bonnes, en tout cas, nous sommes debout comme un seul homme !».
Les vieux refrains, vous les connaissez ! On a chanté la même chose à la Place de la révolution précédemment Place du 3 janvier : « Debout comme un seul homme » pendant que certains allaient à gauche, d'autres allaient à droite.
[Applaudissements] Eh oui ! Ces calculateurs ont compris de quel côté souffle le vent, le vent du pouvoir et ils sont là-bas dans les CDR.
On les voit également faisant tout pour se faire élire, pour être responsables.
Je veux dire quelque chose qui risque d'être une arme à double tranchant.
Mais je vais le dire quand même parce que c'est la vérité.
Au niveau de la Caisse de solidarité révolutionnaire nous voyons souvent ceci : « Le camarade un tel fait don d'un dixième de son salaire pendant trois mois et demande l'anonymat ».
Eh bien ! Vous savez comment se manifeste cet anonymat ? Le bon camarade, le vaillant militant, ce grand militant, va d'abord voir son ministre de tutelle et lui dit : « Camarade ministre, je fais don d'une partie de mon salaire, mais je demande l'anonymat parce que, moi, j'aime être discret ».
[Applaudissements] Il va au Secrétariat général national des CDR et il répète : « Je donne, mais je veux l'anonymat ; Je veux être discret ».
Il va dans son secteur, il dit la même chose.
Il écrit au Camarade président une longue lettre pour montrer que depuis la nuit historique du 4 août, lui, [Rires] tout son carnet de chèques tremble rien que pour la révolution, mais il demande l'anonymat : il signe, il met son nom, son prénom, son secteur, sa date de naissance, le nom de sa femme et de ses enfants.
[Rires] Il écrit à la Camarade ministre de l'essor familial, il demande l'anonymat.
Et maintenant il attend.
Un Conseil de ministres annonce que ce camarade a cédé un dixième de son salaire pendant trois mois et a demandé l'anonymat.
Pendant ce temps, toute la ville et, en particulier, « ses électeurs » savent qui est cet anonyme généreux.
Tout cela, ce sont des méthodes utilisées pour se faire élire.
Bien entendu, que personne ne dise qu'à partir de maintenant ce n'est plus la peine d'envoyer quelque chose à la Caisse de solidarité.
Il faut continuer à alimenter cette caisse ainsi que les autres caisses qui ont besoin de beaucoup d'argent pour aider tous ceux qui critiquent les caisses et qui en profitent cependant.
[Applaudissements] Le pouvoir politique est utilisé à ce niveau pour les calculs : il y a de mauvais éléments, il faut les extraire.
Ces néo~féodaux qui sont dans nos rangs doivent être extirpés, combattus et battus.
Ils s'installent dans les secteurs, dans les villages, dans les provinces en véritables potentats.
Ils sont également très dangereux : dans leur façon de faire ils sont anarchistes ; régnant et sévissant à la manière des seigneurs de guerre, ils sont fascistes.
Ce sont en dernière analyse des anarcho-fascistes.
C'est une nouvelle race à laquelle nous avons à faire.
[Applaudissements très nourris] C'est à ce niveau également que les CDR, en particulier dans les services', deviennent de véritables terreurs pour les directeurs.
Il y a, à l'heure actuelle, des directeurs de service qui ne peuvent même plus signer un bordereau d'envoi tellement ils ont peur de leur CDR.
[Applaudissements] Il y a des directeurs de service qui, avant de décider de la peinture qu'il faut mettre sur leur voiture, convoquent une assemblée générale ; parce que, Camarades, le peuple décidera.
Ils ont peur, ils ont peur parce qu'ils ont été terrorisés.
Effectivement, ils ont été maltraités, on a menacé de les suspendre, de les licencier, de les dégager et il faut reconnaître qu'il y a eu à ce niveau des règlements de comptes que nous sommes obligés de réparer aujourd'hui.
[Applaudissements] Ou bien, parfois, il y a le cas de ces directeurs qui occupent des postes par la magouille.
Ils font du porte-à-porte nuitamment pour être directeurs ; par conséquent, ils sont à la merci de ceux-là qui les ont nommés.
Nous avons vu, au niveau politique, des CDR lâches, qui n'osent pas prendre leurs responsabilités.
Exemple, les suspensions : « Le camarade, un tel tel est suspendu pour telle ou telle faute...grave».
Ce camarade est dans la rue, se plaint, vocifère et menace.
Ceux-là mêmes qui ont proposé sa suspension viennent dire : « Ah ! tu sais, nous-mêmes, nous n'étions pas au courant».
[Applaudissements] Cette lâcheté, il faut la combattre.
Des CDR, lorsqu'ils sont menacés, courent au Secrétariat général national des CDR pour dire : « Nous sommes attaqués par un groupe de fascistes, par des populistes, par des contrerévolutionnaires, par des réactionnaires ».
Non ! Il leur appartient de faire face à leurs ennemis là où ils sont.
[Applaudissements] Poursuivons ! Nous sommes obligés de résoudre à Ouagadougou des problèmes qui opposent nos CDR à des contre-révolutionnaires à des milliers de kilomètres d'ici.
Il s'agit là d'une mauvaise compréhension du rôle du Secrétariat général national des CDR.
Certains n'hésitent pas à traverser la Méditerranée, la mer Caspienne, le Sahara même pour venir jusqu'à Ouagadougou, poser leurs problèmes.
Non ! C'est là-bas, au Trocadéro ou dans le 19ème [arrondissement de Paris], que vous devez vous battre et triompher.
Ce n'est pas ici ! Le combat au secteur 26 n'est pas le combat des camarades qui seraient à Leningrad ou à Bouaké [Côte d'Ivoire].
Sur le plan militaire, les CDR ont été très souvent truffés de gens incompétents.
La compétence ne se résume pas à prendre les armes et à bien les manier parce que s'il n'était que question de dextérité, d'adresse avec les fusils, il suffirait d'aller à la maison d'arrêt de Ouagadougou, on trouverait là-bas des gens très adroits.
S'il n'était que question de savoirfaire, d'intelligence, il ne resterait plus qu'à demander à Moussa Ngom d'être le délégué aux affaires économiques des CDR parce que Moussa Ngom, comme vous le savez, est très fort ; son patron [Mohamed] Diawara pourrait être secrétaire général national des CDR ; [Moussa] Diakité, lui s'occuperait des questions sociales.
[Applaudissements très nourris] Bien ! Nous avons eu beaucoup d'accidents.
Ces accidents ne sont pas le fait de l'insuffisance de la formation car, je tiens à le préciser tout de suite, nous n'avons pas eu plus d'accidents avec les armes chez les CDR qu'il y en a eu chez les troupes régulières ici au Burkina et à l'étranger.
Chaque année, dans toutes les armées du monde, il y a des accidents qui se produisent.
On n'en parle pas.
Il y a des gens qui meurent : des parachutistes, des pilotes.....
Lorsque l'avion français est tombé à Bangui, combien de morts cela a-t-il fait ? En tout cas, beaucoup.
Alors était-ce un CDR celui-là ? Voyez-vous, les accidents, il y en a partout.
Quand Challenger a explosé, des gens sont morts ! Ce sont des accidents, ça arrive, même à la NASA ! Les accidents, ça arrive partout.
Ce qu'il faut condamner plutôt, ce sont les mauvais éléments, et nous en avons dans nos rangs.
Il faut les combattre, car pour s'exhiber, ils arborent tout un arsenal d'armes comme s'ils en avaient besoin, comme s'ils étaient les adjoints de Himmler.
Non ! Ceux-là, il faut les mettre de côté.
Les accidents proviennent bien souvent d'eux : «si tu fais ça, je te rafale».
C'est ce qu'il faut condamner et c'est ce genre de personnes dorénavant que vous devez vous employer à châtier sévèrement.
Il en sera ainsi.
Celui qui n'est pas sûr de lui, qu'il dépose les armes.
Militairement, nous savons également que pendant les patrouilles, certains CDR ont fait des choses exécrables, indicibles.
Mais comme indicible n'est pas révolutionnaire, il faut tout dire.
En effet, des CDR ont profité de la patrouille pour piller.
Eh bien, nous les pourchasserons désormais comme des voleurs et nous les abattrons purement et simplement.
Que cela soit clair ! Si nous avons des armes, c'est pour défendre le peuple.
Tous ceux qui volent et pillent le peuple seront abattus.
Il y a eu même des cas de règlements de compte, il faut aussi le dire pendant la période du couvre-feu.
C'est à dénoncer.
Il y a eu des camarades qui, parce que militants CDR, responsable à la sécurité, équipés d'un gros fusil, sans être même sûrs que ça percute, se permettaient tout.
A l'heure où le couvre-feu était à 19 heures, à 19 heures moins 10, ils se pointent chez la camarade et commencent à dire à leurs rivaux, aux autres candidats : « c'est l'heure bientôt ! I1 faut partir.
Si vous ne partez pas on vous enferme ».
Et oui ! Il y en a qui ont demandé que le couvre-feu soit toujours maintenu pour qu'ils puissent régner.
Et bien, nous avons levé le couvre-feu pour que nous soyons tous à égalité dans ce domaine et ceux qui doivent échouer par leur incapacité échoueront.
Toujours sur le plan militaire nous avons vu des militants CDR mal habillés.
Bien sûr le problème de tenues se pose.
Il n'y en a pas assez, c'est vrai.
Mais le peu que vous avez, vous devez le soigner.
Ils sont mal vêtus, négligés, débraillés.
Non ! Il faut désormais que tous les responsables CDR n'hésitent pas à déshabiller séance tenante les militants qui se présenteraient en mauvaise tenue.
Ce sont des signes extérieurs d'une incapacité à s'organiser.
Nous avons vu des CDR arrêter, enfermer, puis dire : «C'est ça, c'est le règlement, c'est la justice : on va te manoeuvrer !» Non ! Chaque Burkinabè a droit à la protection des CDR et la permanence CDR ne doit pas être un lieu de tortionnaires mais au contraire une permanence où se retrouvent des responsables qui dirigent, qui organisent, qui mobilisent, qui éduquent et luttent en révolutionnaires.
Mais il peut arriver qu'on éduque dans la fermeté, alors, il faudra de la lucidité dans la fermeté.
Cependant les abus de pouvoir doivent être considérés comme étrangers à notre lutte.
Sur le plan économique et social là aussi, ils sont nombreux, très nombreux, les militants qui programment des activités de construction par exemple, mais qui sont, eux, assis à côté.
Ils font travailler les masses ! Leur propre paresse transparaît au point que les masses sont, ellesmêmes-mêmes démoralisées et démobilisées.
Nous devons combattre cela.
De même qu'il y a une gestion anarchique, frauduleuse, gabegique et concussionnaire des fonds qui sont confiés aux CDR, bien souvent ; c'est pourquoi il est juste que soient créées des structures de contrôle des caisses.
Il faut désormais que l'on sache ce que contient la caisse, ce que l'on a fait de la caisse.
Et ce n'est pas assez : beaucoup de personnes se sont enrichies sur le dos des militants en se proclamant militants CDR eux-mêmes.
C'est une nouvelle catégorie de voleurs.
Ne pensez donc pas qu'au Conseil national de la révolution l'on n'a pas conscience de ces nombreuses tares, des nombreux défauts qui minent encore nos CDR.
Nous en sommes conscients, nous sommes résolument engagés à combattre toutes ces pratiques négatives, néfastes à la révolution.
C'est d'ailleurs l'une des motivations de cette Conférence.
Le militant CDR doit toujours et partout donner le bon exemple.
C'est pourquoi en saluant les petitsenfants qui se sont produits tout à l'heure, nous saluons également leurs encadreurs qui ont assuré leur production.
Mais en même temps, nous indiquons que parmi les provinces il y en a qui sont à la traîne.
Il y a des Hauts-Commissaires commandants de cercle, des gouverneurs de régions, certains se croient encore à l'époque de la colonne Voulet-Chanoine', d'autres se croient à l'époque des collectivités rurales.
Tout cela est négatif.
Nous devons les dénoncer et les combattre.
En tant que Hauts-Commissaires, nous devons animer nos provinces sur tous les plans ; nous devons donc être énergiques et pleins d'initiatives et soutenir le nouveau et organiser sa mise en valeur.
Si nos trente provinces présentaient trente spectacles comme ceux-là, ce serait bien ! Nous serions bien et très loin.
Mais ce n'est pas encore le cas.
Au niveau des services, les CDR fonctionnent encore très mal.
Ils fonctionnent très mal parce que, loin de rechercher la qualité du service, loin de rechercher un accroissement quantitatif et qualitatif dans la production des biens sociaux et économiques, nos travailleurs organisés dans les Comités de défense de la révolution sont plutôt occupés à courir derrière les honneurs, à courir derrière les titres et le pouvoir.
Cette boulimie du pouvoir doit être combattue.
[Applaudissements] C'est ainsi que la bureaucratie risque de s'installer dans nos services, dans notre administration si nous continuons de la sorte.
Parce que, pour un document donné, vingt-cinq personnes veulent signer « vu et transmis ».
«Vu et transmis»....cela n'apporte absolument rien à la qualité du document, mais chacun veut être sûr qu'il a mis son petit quelque chose.
[Applaudissements] Cela nous bloque parce que simplement le militant CDR responsable voudrait qu'en ville, on puisse dire : camarade ! Je vous remercie ! vraiment grâce à vous » [Rires] et quand vous ne l'avez pas remercié et que vous n'avez pas été chez lui faire des courbettes, eh bien, il retarde, il bloque votre document à souhait jusqu'à ce que vous compreniez la logique du plus fort.
Ces méthodes-là, nous n'en voulons pas, car le bureaucratisme et les bureaucrates sont les pires ennemis de notre cause et en tant que tels, nous devons les combattre sans répit avec opiniâtreté dans toutes leurs manifestations.
Nos services sont sales, mal tenus, malgré les Journées révolutionnaires, malgré les Semaines révolutionnaires, bientôt les Mois révolutionnaires, les Années révolutionnaires, et les Décennies, et les Siècles révolutionnaires nous continuerons à avoir des services mal organisés, mal tenus, tant que nous n'allons pas nous meure face à nos responsabilités en dénonçant ce qu'il faut dénoncer.
J'ai toujours cité en exemple certains services : il y en a qui sont très bien tenus, qui méritent des félicitations et chacun devra prendre exemple sur eux.
Je ne voudrais pas les citer tous.
Je ne voudrais pas faire de jaloux, je me contenterai simplement de citer la Présidence.
[Applaudissements] C'est ce qu'il faut faire ! Comment entrer dans un bureau révolutionnaire et trouver des chaises branlantes, non pas parce qu'elles n'ont pas été achetées neuves mais parce qu'elles ont été mal utilisées.
On trouve des responsables, des cadres/sales, mal vêtus, malpropres comme leurs propres documents.
[Rires] Des dactylographes paresseux, des standardistes étourdis.
[Rires] Cela n'est pas digne des CDR et nous devons nous corriger.
La qualité commence par l'acceptation de la vérité : regardons nos défauts, prenons-en conscience, et prenons l'engagement de nous améliorer.
Mieux : en tant que révolutionnaires, nous devons toujours marquer la différence.
Il y aurait beaucoup à dire contre les anciens qui disent qu'ils sont mobilisés au sein de l'UNAB, ou qu'ils sont maintenant dans la révolution mais interdisent à leurs enfants d'aller aux réunions CDR ; contre les maris qui empêchent leurs femmes d'aller à des réunions CDR.
Cela aussi doit être dénoncé.
[Applaudissements] Ou qui les terrorisent ! Maintenant, nous devons passer à une organisation beaucoup plus consciente.
Si aux premiers jours de la révolution, notre mobilisation était un enthousiasme, une euphorie, une fête, de plus en plus nous devons nous organiser beaucoup plus scientifiquement, beaucoup plus méthodiquement, nous corriger à chaque fois pour avancer ! Nous avons en exemple les échecs de certaines organisations de type CDR sous d'autres cieux les Comités révolutionnaires.
Partout où il y a eu des échecs, c'est que la réaction a tendu victorieusement des pièges contre ces autres organisations dans certains pays.
Nous devons avoir conscience de nos faiblesses.
C'est pourquoi nous devons continuellement lutter.
Nous devons lutter et nous devons avoir à l'esprit que les Comités de défense de la révolution, c'est le courage, le courage politique et surtout le courage face à nos responsabilités.
Nous ne sommes pas CDR simplement pour crier des slogans.
Nous sommes CDR pour conscientiser, pour poser des actes, pour produire.
C'est pourquoi nous devons bannir de nos manifestations les slogans creux, les slogans lassants, inutilement répétitifs et finalement irritants.
On arrive à des manifestations, on vous crie 25 fois « La patrie ou la mort, nous vaincrons ! » : ça commence à être un peu trop ! [Rires] surtout quand ce n'est même pas accompagné d'une belle explication militante.
C'est une répétition.
Non ! Les CDR-magnétophone, de côté ! [Applaudissements] On improvise des slogans pour meubler le temps.
Alors «les voleurs, à bas ! Les menteurs, à bas ! A bas !» [Rires] Ce n'est pas bon ! Nous devons marquer la différence avec les troupes d'animation folklorique.
À certains spectacles, on trouve des scènes grossièrement montées où des camarades se livrent à des danses parfois obscènes, cela également n'est pas révolutionnaire.
La révolution doit avoir sa pudeur.
[Applaudissements] Il importe que nous critiquions le manque d'organisation dans nos manifestations.
Si dans certains domaines, des victoires ont été remportées, ce n'est pas le cas dans d'autres domaines.
Non ! Certaines cérémonies sont lassantes et sans donner raison aux ambassadeurs qui sont souvent absents de nos cérémonies, je comprends néanmoins qu'ils ne veuillent pas venir ! Eh bien, il faut écarter, et c'est très important, les formes de louanges qui sont des expressions de réflexes mal étouffés en nous, mal éteints.
Par exemple, cette chanson : « Oh CNR, Thomas Sankara qu'il soit toujours le Président », ce n'est pas bons [Applaudissements] parce que quand on est Président, on est Président.
On est Président, ou on ne l'est pas.
[Applaudissements] Il faut que nous soyons clairs.
Cette chanson n'est pas bonne.
À ce rythme, dans un an, dans deux ans, eh bien nous allons nous retrouver dans certains festivals avec certaines troupes qui sont beaucoup plus entraînées à cela, et puis, peut-être, qui n'auront que ça à faire.
Les Comités de défense de la révolution, c'est la production ! Certes s'il faut des thèmes de mobilisation, s'il faut des slogans ? Oui ! Il faut des slogans ! S'il faut des images, des symboles de la révolution, pour comprendre ! Oui ? il en faut.
Nous n'hésiterons pas ! Mais nous ne devons pas mettre la forme avant le fond, et la révolution ne se mesurera pas au nombre de slogans et au nombre de ténors, de stentors dans les cris.
Ce sera à autre chose, ce sera à la production.
Il faut produire, il faut produire et c'est pourquoi, je salue le mot d'ordre de : « Deux millions de tonnes de céréales ».
Notre pays produit suffisamment de quoi nous nourrir.
Nous pouvons dépasser même notre production.
Malheureusement, par manque d'organisation, nous sommes encore obligés de tendre la main pour demander des aides alimentaires.
Ces aides alimentaires qui nous bloquent, qui inspirent, qui installent dans nos esprits cette habitude, ces réflexes de mendiant, d'assisté, nous devons les mettre de côté par notre grande production ! Il faut réussir à produire plus, produire plus parce qu'il est normal que celui qui vous donne à manger vous dicte également ses volontés.
A la fête de la Tabaski, à Pâques, à Noël, quand dans les familles, on abat les coqs, les dindons, les moutons, on le fait parce qu'on est sûr qu'on a nourri le coq, le dindon, le mouton.
On peut l'abattre quand on veut.
A Noël, à Pâques, à la Pentecôte ou même pendant le carême.
On est libre.
Celui qui ne vous a pas nourris ne peut rien exiger de vous.
Or, nous sommes là, à nous faire nourrir chaque jour, chaque année et nous disons : « À bas l'impérialisme !» Eh bien la reconnaissance du ventre est là.
[Rires, applaudissements] Si dans notre expression, nous, révolutionnaires, ne voulons pas être reconnaissants, ou en tout cas, si nous voulons meurt de côté toutes les formes de domination, le ventre sera là qui, lui, risque de prendre le chemin de droite, de la réaction et de la cohabitation pacifique [Applaudissements] avec tous ceux qui nous oppriment à travers les graines de céréales déversées ici.
Ne consommons que ce que nous contrôlons ! Il y en a qui demandent ; «Mais où se trouve l'impérialisme ?» Regardez dans vos assiettes quand vous mangez : les grains de riz, de maïs, de mil importés, c'est ça l'impérialisme.
N'allez pas plus loin.
[Applaudissements] Donc, camarades, nous devons nous organiser pour produire ici et nous pouvons produire plus qu'il n'en faut.
On dit que c'est la sécheresse qui a fait que notre production a baissé.
Le ministère de l'Agriculture est là, qui témoigne que même pendant la sécheresse, la production de coton n'a fait qu'augmenter.
Pourquoi cela ? Eh bien, parce que la SOFITEX paye.
Eh bien, nous allons changer de méthodes.
Oui, il faut changer de méthodes.
Mais la production, ne se limite pas seulement aux céréales.
I1 faut produire dans tous les domaines, à l'usine, dans les bureaux et j'invite chacun à la production intellectuelle.
La Conférence nationale des CDR a félicité, et elle a raison, tous ceux qui ont écrit, qui ont produit quelque chose sur le plan littéraire, artistique, et dans tous les autres domaines.
C'est ça la production, nous sommes des révolutionnaires ! J'ai lu dans un télex, dans une dépêche d'agence, que lors d'un tournoi de tennis de table, le Burkina Faso a été battu par le Nigéria, par le Libéria.
J'ai trouvé cela très bien.
Il faut que nous soyons encore battus.
Mais si nous sommes battus, c'est la faute de ceux qui ne nous ont pas organisés les années passées.
Par contre, si dans les années à venir, nous sommes battus, camarades, ce sera de notre faute.
[Applaudissements nourris] Il faut donc produire, produire et encore produire.
Sur le plan international, beaucoup de choses positives sont dites mais non écrites.
Prenons l'exemple des Tribunaux populaires de la révolution : qui peut nous citer un livre écrit par un Burkinabè sur les TPR'.
Le peu qui ait été écrit, a été écrite par des étrangers, des étudiants, des professeurs d'université, des chercheurs....
Pourtant, il y a de grands enseignements que les TPR sont en train de nous donner, que nous ferions mieux de consigner précieusement dans des livres.
Demandez à la radio-diffusion, si elle a encore l'enregistrement du 14ème TPR ? Elle vous dira que la bande, la cassette à été utilisée pour enregistrer le dernier tube de je ne sais quelle vedette.
Ce n'est pas normal.
Nous n'avons pas ce réflexe de protéger notre capital intellectuel.
Il faut produire davantage.
Et puis après tout, nous battons le record en matière de littératures clandestines.
C'est au Burkina Faso quand même qu'il y a le plus de tracts, vous le savez très bien ! Cela prouve que nous savons lire et écrire..
Mamadou et Bineta' sont devenus grands, il y a très longtemps.
Ils commencent à être vieux.
[Rires et applaudissements] Mais camarades, il est important que nous revenions en d'autres occasions sur ce qui n'est pas fait, sur ce qui doit se faire.
L'unité, l'unité dans nos rangs ! Unité-critique-auto-critique-unité.
Bannissons de nos rangs tous les louvoiements, les calculs insidieux perceptibles et imperceptibles qui se trament ; les mots d'ordre téléguidés et télécommandés.
Heureusement, la Conférence nous a permis de constater que l'unité s'est renforcée.
Ce qui prouve que des éléments sains de tous bords ont oeuvré consciemment, loyalement, afin que l'unité se consolide.
C'est une victoire.
[Applaudissements] Camarades, je vous félicite tous pour l'effort fourni, je vous félicite surtout pour les efforts que vous avez fournis avant cette conférence.
Tout ce que nous avons réalisé au Burkina Faso, sous la révolution, nous l'avons réalisé grâce aux CDR en premier lieu.
Nous avons construit des maisons, des écoles, des dispensaires, des routes, des ponts et des barrages.
Nous avons fait de la production intellectuelle, artistique.
Bref, nous avons marqué des points.
Nous avons sur le plan économique, financier, budgétaire, réalisé des sacrifices, des efforts et chacun de nous a payé le prix qu'il fallait payer.
Je sais que les retenues salariales ne plaisent à personne.
Qui, en ce bas monde, est prêt à donner une partie de son salaire, sauf lorsque la nécessité le commande ? L'univers dans lequel nous évoluons, les forces qui nous entourent ne sont pas pour favoriser un développement indépendant comme le nôtre.
Au contraire, tous les pièges nous serons tendus pour que nous soyons obligés de nous prostituer afin d'avoir un semblant de développement.
« Compter d'abord sur nos propres forces »7 doit cesser d'être un slogan, cela doit nous habiter.
Et il faut savoir que nous avons pour principe de toujours compté sur nos propres forces.
Parfois cela est dur et nous entendons çà et là des sirènes défaitistes nous chanter les louanges de l'aide.
Assistance, non ! Coopération, oui ! Nous avons besoin de la coopération avec tous les peuples du monde entier, mais l'assistance qui développe en nous la mentalité d'assisté, nous n'en voulons vraiment pas.
[Applaudissements] C'est pourquoi nous avons fourni, et fournissons des efforts.
Ces efforts ont été combattus, dénaturés.
Il y a des gens qui ont raconté : «Oui ! Voilà avec la révolution, les salaires sont bas, le pouvoir d'achat est bas, il y a des gens qui n'ont plus que 20 francs par mois, pourquoi ? A cause du 12ème de salaire, à cause des 12 pour cent, à cause des retenues».
Quand même, camarades, c'est une insulte grossière ! Nous ne pouvons nous laisser prendre à ce piège-la.
Quand quelqu'un a 20 francs par mois parce qu'on lui a retenu un 12ème de salaire, 12 pour cent de son salaire, qu'est-ce que cela veut dire ? Ceux qui ont seulement 20 francs par mois parce que nous leur avons retenu 12 pour cent, nous allons leur restituer 100 pour cent de leur salaire.
Ils auront donc à la fin de mois 22,40 francs.
Mathématiquement c'est ça ! Qu'on ne nous dise pas que le salaire des gens a disparu du fait de l'Effort populaire d'investissement ou des autres retenues ! Les salaires ont disparu à cause de la bière, des brochettes, du luxe insultant, des habitudes de consommation.
[Applaudissements] Ceux qui roulent dans des voitures hypothéquées, ceux qui jonglent, ceux qui vont chez les marabouts pour multiplier l'argent, ce sont ceux-là i n'ont plus leur pouvoir d'achat ! Mais néanmoins, la révolution est faite pour nous et nos efforts sont là pour nous tous.
C'est pourquoi d'ores et déjà, je vous annonce que nous devons nous mobiliser pour les réunions budgétaires qui se tiendront.
Informer largement nos militants que ces réunions budgétaires seront toujours dans la même direction que ce qui a été fait jusque-là, et en particulier que ces réunions budgétaires auront pour but de souligner les efforts réalisés au profit du peuple.
C'est pourquoi, à compter du prochain budget, eh bien, il n'y aura plus d'EPI.
[Applaudissements] Je vois que vous n'êtes pas contents parce que les salaires seront rétablis.
Je le sais.
Mais je vous comprends.
N'est-ce pas camarades ? [Cris de «Oui !a] La franchise vous a manqué.
Le courage de vos opinions vous a manqué.
Eh bien ! nous rétablirons ces salaires parce que les efforts que nous avons réalisés nous permettent de le faire.
Nous voulons être francs envers notre peuple.
Ne rien lui promettre que nous ne puissions lui donner.
[Applaudissements] Il y a des pays où l’on promet des augmentations de salaires et on ne paye pas les salaires.
Nous, nous vous avons promis de retenir vos salaires ; nous les avons retenus oui ou non ? [Cris de «Oui !»] alors nous avons tenu parole ! [Applaudissements] Ce n'est pas pareil, c'est la différence.
Lorsque nous disons que nous retenons les salaires, nous les retenons, et cela peut se constater, et si parmi vous il y a un seul dont le salaire n'a pas été retenu, par erreur, qu'il se signale au ministère du Budget.
[Rires] Ces efforts, le Conseil national de la révolution entend les canaliser pour un meilleur développement de notre pays.
Cela est possible, cela est faisable grâce à notre cohésion, au coude à coude.
Mais après cette première Conférence nationale des CDR, nous devons apprendre à combattre nos ennemis, sans peur, sans pitié, sans faiblesse, sans sensiblerie inutile ! Toutes les fois que nous nous laisserons attendrir par leurs larmes, c'est nous qui perdrons.
Moussa Ngom a versé des larmes et il a fait pleurer d'autres personnes.
Mais lorsque des enfants sont morts ici, à l'hôpital, parce qu'il n'y avait pas de médicaments à 1 000 francs seulement pour les soigner, chacun a compris que 6 milliards et quelques francs, c'était 6 millions et quelque de fois qu'on aurait pu acheter des médicaments pour soigner des enfants.
Les larmes de Moussa Ngom ne peuvent pas nous attendrir [Applaudissements] et si parmi vous il y a des coeurs sensibles, inutilement sensibles, sensibles aux effets de la bourgeoisie, de la réaction, de la contre-révolution, qu'ils fassent l'effort de se lever.
Camarades, je félicite tous ceux qui sont venus de loin notamment de l'Étranger, en dehors du Burkina Faso, pour participer à cette conférence.
Je leur souhaite un bon retour dans les pays, où la recherche du savoir, en tout cas la recherche d'une capacité de produire davantage pour leur pays les aura conduits.
Je leur souhaite de transmettre à leurs camarades qui y sont, le message du Conseil national de la révolution et les résolutions de cette première Conférence nationale des CDR à laquelle eux-mêmes ont pris part.
Je souhaite bon retour à ceux qui sont venus de nos provinces lointaines ou proches.
Bon retour dans leur foyer.
Bon retour dans leur province pour transmettre le message du Conseil national de la révolution et des Comités de défense de la révolution.
Je leur souhaite ce bon retour en les exhortant à la prudence, pour que les accidents auxquels nous avons assisté ne se reproduisent plus, pour que ces accidents ne nous fassent pas perdre des militants, que ces accidents ne nous fassent pas perdre du matériel.
Il faut profiter de l'occasion pour dire que nous, Comités de défense de la révolution, nous avons mal entretenu le matériel jusque-là.
Nous avons cassé les voitures, les motopompes, les groupes électrogènes, les machines à écrire, les haut-parleurs, les micros, et même les armes.
Cela n'est pas normal.
Désormais, une meilleure gestion de notre matériel devra se faire comme forme de respect de notre peuple parce que ce matériel a été acquis par le peuple, il appartient au peuple, nous devons bien le garder et ceux qui cassent les voitures doivent savoir qu'ils cassent les voitures du peuple, qu'ils méprisent et insultent le peuple.
Je renouvelle mes félicitations au Secrétariat général national des Comités de défense de la révolution pour les efforts importants déployés.
Le Secrétariat général national des CDR qui malgré l'adversité, l'ingratitude, le dénigrement, évolue avec efficacité.
Une efficacité qui, chaque jour s'améliore.
[Applaudissements] Eh bien, notre Première conférence nationale des CDR va connaître sa fin, mais elle ouvre en même temps la porte pour d'autres conférences nationales, d'autres congrès, pour un approfondissement de notre révolution, pour une radicalisation de notre révolution.
Alors, je vous invite d'ores et déjà à réfléchir puissamment sur les combats futurs.
Je vous invite aussi à pratiquer réellement le bon militantisme, le vrai militantisme, le militantisme conscient et conséquent.
Je déclare close la première Conférence nationale des CDR du Burkina.
La patrie ou la mort, nous vaincrons ! Je vous remercie.
[Applaudissements, slogans]

vendredi 21 novembre 2025

Pour empêcher le général Mandon et sa guerre pour "perdre ses enfants", TRANSFORMEZ LA GUERRE EN RÉVOLUTION DONC QUE MACRON DÉGAGE

 


Pour empêcher le général Mandon et sa guerre pour "perdre ses enfants", qui veut faire tuer les jeunes , 
TRANSFORMEZ LA GUERRE EN RÉVOLUTION
 DONC QUE MACRON DÉGAGE

Wikipedia

Fabien Mandon Chef d'état-major des armées

Le [13], il est nommé en Conseil des ministres chef d'état-major des armées[14] à compter du  suivant[15]. En novembre 2025, dans le contexte de craintes de guerre contre la Russie, il déclare que la France doit « accepter de perdre ses enfants » ce qui provoque de vives réactions[16].



Le Tsar russe Nicolas II déclencha la guerre 14 18 pour stopper la courbe des grèves politiques qui allait déclencher une révolution russe en 1914



Vladimir Poutine a attaqué l'Ukraine en février 2022 par peur de la révolution russe que la proto révolution du Kazakhstan de janvier 2022 allait propager en Russie (les provocations de NATO OTAN sont secondaires. )



WIKIPEDIA La révolte de 2022 au Kazakhstan a commencé le 2 janvier 2022 après une hausse soudaine du prix du carburant. Les manifestations ont commencé dans la ville pétrolière de Janaozen mais se sont vite étendues à d'autres villes[1],[2], et tournent à l'émeute pendant la nuit du 4 au , conduisant le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev à déclarer l'état d'urgence, dans un premier temps à Almaty et dans le district de Manguistaou, puis sur l'intégralité du territoire. Parallèlement, le gouvernement présente sa démission et le chef de l'État prend la tête du conseil de sécurité nationale.

Face à une révolte dont le gouvernement perd rapidement le contrôle, le président demande l'aide de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui décide quelques heures plus tard d'envoyer « des forces de maintien de la paix ».

Cette révolte sera d'ailleurs qualifiée d’« attaque terroriste occidentale » par le président du Kazakhstan, qui refusera toute négociation avec les manifestants.





EmmanueMacron et le général FabieMandon veulent tuer des Français par peur de la révolution française que vont propager les révolutions Madagascar puis Cameroun Togo Côte d ivoire Gabon Centrafrique etc.

COMPLEMENT 
En 1914 en France, la guerre devait servir de prétexte à l'arrestation massive des révolutionnaires

WIKIPEDIA

Le carnet B fut confié aux compagnies de gendarmerie départementale. Il s'agissait initialement d'une liste des étrangers suspectés d'activité d'espionnage. Les personnes figurant sur ce carnet et sur le carnet A (étrangers en âge de porter les armes) devaient être arrêtées ou internées en cas de mobilisation.

Plus tard, on adjoint à ce Carnet B initial la liste des leaders anarchistessyndicalistes et révolutionnaires qui devraient être arrêtés en cas de conflit car ils avaient exprimé l'intention d'empêcher l'effort de guerre.

Le syndicaliste Léon Jouhaux était sur cette liste. On y trouve aussi le député et futur président du Conseil Pierre Laval, l’étudiant futur ministre du Front populaire Roger Salengro, ainsi que le Brestois Victor Pengam, dépeint ainsi :

«  propagandiste anarchiste et antimilitariste des plus militants. L'un des chefs du mouvement révolutionnaire (secrétaire général de l'Union régionale des syndicats et de la Bourse du travail de Brest). Poursuivi en janvier 1906 devant la cour d'assises du Finistère pour excitation de militaires à la désobéissance (acquitté). Secrétaire général du nouveau syndicat anarchiste des ouvriers du port. Ouvrier à l'arsenal. Serait susceptible de faire du sabotage en cas de mobilisation. (...) Mesure à prendre en cas de mobilisation : à arrêter[4] »

Une instruction secrète du 1er novembre 1912 en définit le mode opératoire. Il s’agit d’instruire un fichier où seront inscrites les personnes dangereuses pour l’ordre public et où seront portées les raisons de leur recensement.

En 1891, 2 800 noms de "suspects au point de vue national" sont inscrits au carnet B.

À la date du 27 juillet 1914, Jean-Jacques Becker relève 2 481 noms étrangers et français dans le carnet B. Il y a 561 noms d’étrangers et 149 noms de Français suspects d’espionnage, soit 710, moins du tiers, et 1 771 pour d’autres motifs.

COMPLEMENT
DANS CE CHAPITRE DE SON LIVRE LA REVOLUTION RUSSE, TROTSKY FOURNIT LES PREUVES DE MA THESE
MAIS LUI, COINCE DANS LA GRILLE ARCHEO MARXISTE NE COMPREND PAS QUE LE TSAR A AGI POUR STOPPER LE PROCESSUS REVOLUTIONNAIRE


 3. Le Prolétariat et les paysans

Le prolétariat russe a fait ses premiers pas dans les conditions politiques d'un État despotique. Grèves interdites par la loi, cercles clandestins, proclamations illégales, manifestations de rues, collisions avec la police et la troupe — telle fut l'école créée par la combinaison d'un capitalisme en rapide développement et d'un absolutisme qui cédait lentement ses positions. La concentration des ouvriers dans de gigantesques entreprises, le caractère également concentré de l'oppression exercée par l'État, enfin les poussées impulsives d'un prolétariat jeune et plein de fraîcheur, firent de la grève politique, si rare en Occident, la méthode essentielle de lutte en Russie. Les chiffres des grèves ouvrières depuis le début de ce siècle sont des indices des plus instructifs sur l'histoire politique de la Russie. Quelque désir que l'on ait de ne point encombrer le texte de chiffres, il est impossible de s'abstenir de citer les tableaux des grèves politiques en Russie pour la période de 1903 à 1917. Ces données, ramenées à leur plus simple expression, concernent seulement les entreprises qui étaient du ressort de l'inspection des fabriques : les chemins de fer, les industries minières et métallurgiques, divers métiers et, en général, les petites entreprises, sans parler, bien entendu, de l'agriculture, ne rentrent pas, pour différentes raisons, dans ce calcul. Cependant, la courbe du mouvement des grèves ne s'en dessine pas moins nettement.


Années

Nombre de grévistes politiques
(en milliers)

1903

87 1

1904

25 1

1905

1843

1906

651

1907

540

1908

93

1909

8

1910

4

1911

8

1912

550

1913

502

1914 (premier semestre)

1059

1915

156

1916

310

1917 (janvier - février)

575


1 Pour 1903 et 1904, la statistique se rapporte à toutes les grèves, dans lesquelles prédominaient sans aucun doute les grèves économiques.

 

Nous avons devant nous la courbe, unique en son genre, de la température politique d'une nation qui portait en son sein une grande révolution. Dans un pays arriéré où le prolétariat n'est pas nombreux — dans les entreprises subordonnées à l'inspection des fabriques — environ un million et demi d'ouvriers en 1905, environ deux millions en 1917 ! Le mouvement de grève prend une ampleur qu'il n'avait jamais eue nulle part dans le monde. Compte tenu de la faiblesse de la démocratie petite-bourgeoise, de l'éparpillement et de la cécité politique du mouvement paysan, la grève révolutionnaire des ouvriers devient le bélier que la nation à son réveil dirige contre le rempart de l'absolutisme. Qu'il y ait eu 1 million 843 000 participants dans les grèves politiques pour la seule année 1905 (les ouvriers ayant participé à plusieurs grèves sont, bien entendu, comptés ici en tant que grévistes) ce chiffre seul nous permettrait d'indiquer du doigt sur le tableau l'année de la révolution, quand bien même nous ne saurions rien de plus des éphémérides politiques de la Russie.

Pour 1904, première année de la guerre russo-japonaise, l'inspection des fabriques n'accusa au total que 25 000 grévistes. En 1904, les grèves politiques et économiques comptèrent ensemble 2 millions 863 000 participants, soit un chiffre 115 fois supérieur à celui de l'année précédente. Ce bond prodigieux suggère déjà que le prolétariat, forcé par la marche des événements d'improviser cette activité révolutionnaire inouïe, devait à tout prix tirer de son propre fonds une organisation qui correspondît à l'ampleur de la lutte et à l'immensité des tâches envisagées : ainsi naquirent les soviets (conseils) de la première révolution, qui devinrent les organes de la grève générale et de la lutte pour la conquête du pouvoir.


Brisé dans son insurrection de décembre 1905, le prolétariat fait des efforts héroïques pour conserver une partie des positions enlevées au cours des deux années suivantes, lesquelles, comme le montrent les chiffres des grèves, se rattachent encore de tout près à la révolution, tout en étant déjà des années de régression. Les quatre années suivantes (1908-1911) apparaissent dans le miroir de la statistique des grèves comme une période de contre-révolution victorieuse. La crise industrielle qui coïncide avec elle épuise encore davantage le prolétariat déjà saigné à blanc. La profondeur de la chute est symétrique à la hauteur de l'envolée antérieure. Les convulsions de la nation trouvent leur empreinte dans ces simples chiffres.

La vie industrielle se ranimant à partir de 1910 remet les ouvriers sur pied et donne une nouvelle impulsion à leur énergie. Les chiffres de 1912-1914 reproduisent presque les données de 1905-1907, mais en sens inverse : la tendance n'est plus à la chute, elle est à la montée. Sur de nouvelles bases historiques plus élevées — les ouvriers sont maintenant plus nombreux et ils ont plus d'expérience — une nouvelle offensive révolutionnaire se déclenche. Le premier semestre de 1914 se rapproche évidemment, quant à l'importance des grèves politiques, de l'année qui data le point culminant de la première révolution. Mais la guerre éclate et interrompt brutalement ce processus. Les premiers mois en sont marqués par l'inaction politique de la classe ouvrière. Cependant, dès le printemps de 1915, cette torpeur commence à se dissiper. Il s'ouvre un nouveau cycle de grèves politiques qui, en février 1917, aboutit à l'insurrection des ouvriers et des soldats.


Les brusques flux et reflux de la lutte des masses rendirent, en quelques années, le prolétariat russe presque méconnaissable. Des usines qui, deux ou trois ans auparavant, s'étaient mises en grève, d'un accord unanime, à propos d'un acte quelconque d'arbitraire policier, perdaient à présent toute apparence d'esprit révolutionnaire et laissaient passer sans protestation les crimes les plus monstrueux des autorités. Les grandes défaites sont décourageantes pour longtemps. Les éléments révolutionnaires perdent leur pouvoir sur la masse. Dans la conscience de celle-ci remontent en surface des préjugés et des superstitions mal cuvés. Les nouveaux venus des campagnes, masses ignorantes, délaient pendant ce temps les rangs ouvriers. Les sceptiques hochent la tête ironiquement. Il en fut ainsi de 1907 à 1911. Mais les processus moléculaires dans les masses guérissent les plaies psychiques causées par les défaites. Un nouveau tournant des événements ou bien une sourde poussée économique inaugurent un nouveau cycle politique. Les éléments révolutionnaires retrouvent leur auditoire. La lutte reprend à un degré plus élevé.

Pour comprendre les deux principaux courants dans la classe ouvrière de Russie, il est important de considérer que le menchevisme s'est définitivement formé pendant les années de réaction et de régression, s'appuyant principalement sur une mince couche d'ouvriers qui avaient rompu avec la révolution ; tandis que le bolchévisme, terriblement écrasé durant la période de réaction, monta rapidement, au cours des années qui précédèrent la guerre, à la crête du nouveau flux révolutionnaire. " L'élément le plus énergique, le plus allègre, le plus capable de lutter infatigablement, de résister et de s'organiser constamment, se trouve dans les groupements et les individus qui se concentrent autour de Lénine... " C'est ainsi que le département de la Police appréciait le travail des bolcheviks, dans les années qui précédèrent la guerre.

En juillet 1914, lorsque les diplomates plantaient leurs derniers clous dans la croix sur laquelle devait être crucifiée l'Europe, Petrograd était en pleine ébullition révolutionnaire. Le président de la République française, Poincaré, quand il vint déposer une couronne sur le tombeau d'Alexandre III, dut entendre les derniers échos d'une bataille de rue avec les premiers éclats des manifestations patriotiques.


Le mouvement d'offensive des masses en 1912-1914 aurait-il amené le renversement du tsarisme si la guerre ne s'était pas intercalée ? Il n'est guère possible de répondre à cette question en toute certitude. Le processus conduisait inéluctablement à la révolution. Mais par quelles étapes, en ce cas, aurait-on dû passer ? Ne courait-on point à quelque nouvelle défaite ? Combien de temps aurait-il fallu aux ouvriers pour soulever les paysans et conquérir l'armée ? Dans toutes ces directions, l'on ne peut que conjecturer. La guerre, en tout cas, fit d'abord rétrograder le processus pour l'accélérer d'autant plus puissamment dans la phase suivante et lui assurer une écrasante victoire.

Aux premiers roulements du tambour, le mouvement révolutionnaire fut suspendu. Les couches ouvrières plus actives se trouvèrent mobilisées. Les éléments révolutionnaires enlevés aux usines furent jetés sur le front. Les grèves étaient châtiées rigoureusement. La presse ouvrière fut balayée. Les syndicats furent étouffés. On embaucha dans les ateliers, par centaines de mille, des femmes, des adolescents, des paysans. Politiquement, la guerre, en connexion avec l'effondrement de l'Internationale, désorienta extraordinairement les masses et donna aux directeurs d'usines qui relevaient la tête la possibilité de parler un langage patriotique au nom de leurs entreprises, entraînant à leur suite une partie considérable de la main-d'œuvre et contraignant à un silence expectant les ouvriers les plus hardis et résolus. La pensée révolutionnaire fut mise en veilleuse dans de petits cercles devenus silencieux. En ce temps-là, nul ne se risquait, dans les usines, à se dire " bolchevik ", de crainte d'être arrêté ou même brutalisé par des ouvriers arriérés.


À la Douma, la fraction bolcheviste, dont l'effectif était faible, ne se montra pas, au moment où éclata la guerre, à la hauteur de sa tâche. En accord avec les députés menchéviks, elle déposa une motion déclarant qu'elle s'engageait à " défendre les biens culturels du peuple contre toutes atteintes, d'où qu'elles vinssent ". La Douma souligna par des applaudissements cette reddition. De toutes les organisations et groupes russes du parti, pas un ne prit ouvertement la position défaitiste que Lénine proclama à 1'étranger. Cependant, la proportion des patriotes parmi les bolcheviks s'avéra insignifiante. En contrepartie des populistes et des menchéviks, les bolcheviks, dès 1914, commencèrent à développer dans les masses, par la presse et la parole, leur agitation contre la guerre. Les députés à la Douma revinrent bientôt de leur effarement et reprirent leur travail révolutionnaire sur lequel les autorités étaient informées de très près, grâce aux ramifications de leurs services de provocateurs. Il suffit de dire que, sur sept membres du comité du parti, à Pétersbourg, à la veille de la guerre, trois étaient des agents de la Sûreté (Okhrana). C'est ainsi que le tsarisme jouait à colin-maillard avec la révolution.

En novembre, les députés bolcheviks furent arrêtés. L'on entreprit de détruire le parti dans toute l'étendue du pays. En février 1915, l'affaire de la fraction parlementaire fut entendue au Palais de Justice. Les accusés se tinrent sur la réserve. Kamenev, comme théoricien inspirateur de la fraction, désavouait la position défaitiste de Lénine, de même que Pétrovsky, actuellement président du Comité exécutif central en Ukraine. Le département de la police nota avec satisfaction que la sévère sentence rapportée contre les députés n'avait donné lieu à aucun mouvement protestataire chez les ouvriers.

Il semblait que la guerre eût escamoté la classe ouvrière. Il en fut ainsi dans une considérable mesure : à Pétrograd, les effectifs de la main-d'œuvre furent renouvelés dans la proportion de presque 40 %. La continuité révolutionnaire était brutalement coupée. Ce qui avait existé avant la guerre, en particulier la fraction bolchéviste à la Douma, fut soudain rejeté dans le passé et sombra presque dans l'oubli. Mais sous les apparences fallacieuses de l'apaisement, du patriotisme, voire d'un certain monarchisme, se formaient les états d'âme propres à une nouvelle explosion.

En août 1915, les ministres du tsar se communiquaient entre eux que les ouvriers " cherchaient partout à déceler la trahison, des intelligences avec les Allemands, du sabotage au profit de ceux-ci et qu'ils se complaisaient à s'enquérir des coupables de nos revers sur le front ". Effectivement, en cette période, le sens critique de la masse se réveillait et, partiellement sincère, partiellement camouflé, se réclamait assez souvent de " la défense de la patrie. " Mais cette idée ne marquait qu'un point de départ. Le mécontentement des ouvriers procède alors à des percées de plus en plus profondes, réduisant au silence les contremaîtres, les Cent-Noirs de leur milieu, et permettant aux travailleurs bolchéviks de relever la tête.

De la critique, les masses en viennent à l'action. L'indignation trouve, avant tout, une issue dans les troubles causés par l'insuffisance du ravitaillement, lesquels, çà et là, prennent la forme d'émeutes locales. Femmes, vieillards, adolescents se sentent, au marché ou sur la place publique, plus indépendante et plus hardie que les ouvriers mobilisés dans les usines. À Moscou, le mouvement, au mois de mai, dérive en saccage des maisons allemandes. Bien que les participants soient principalement du rebut de la population urbaine que patronne la police, le fait que le pogrome soit possible dans Moscou industrielle prouve que les ouvriers ne s'étaient pas encore réveillés au point d'imposer leurs mots d'ordre et leur discipline aux petites gens des villes, sortis de leur équilibre. En se répandant dans tout le pays, les troubles au sujet de l'approvisionnement dissipent l'hypnose de la guerre et fraient aux grèves leur chemin.

L'afflux d'une main-d'œuvre peu qualifiée dans les usines et la course effrénée aux bénéfices de guerre entraînèrent, de tous côtés, une aggravation des conditions de travail et ressuscitèrent les procédés d'exploitation les plus grossiers. La hausse du coût de la vie réduisait automatiquement la valeur des salaires. Les grèves économiques furent l'inévitable réflexe de la masse, d'autant plus violent qu'il avait été plus longtemps contenu. Les grèves s'accompagnèrent de meetings, de motions d'ordre politique, de collisions avec la police, fréquemment de coups de feu, et il y eut des victimes.

La lutte gagne d'abord la région centrale du textile. Le 5 juin, la police tire une salve sur les tisserands à Kostroma : 4 morts, 9 blessés. Le 10 août, des troupes ouvrent une fusillade sur les ouvriers d'lvanovo-Voznessensk : 16 morts, 30 blessés. Dans le mouvement des ouvriers du textile sont compromis des soldats du bataillon garnisonné en cet endroit. Des grèves de protestation répondent, en divers points du pays, aux fusillades d'lvanovo-Voznessensk. Parallèlement se répand la lutte économique. Les ouvriers du textile marchent souvent dans les premiers rangs.


En comparaison avec le premier semestre de 1914, le mouvement, quant à la violence de la pression et à la netteté des mots d'ordre, marque un grand recul. Ce n'est pas étonnant : dans la lutte sont entraînées, pour une part considérable, des masses incultes, alors que les couches ouvrières dirigeantes sont en complet désarroi. Néanmoins, dès les premières grèves du temps de guerre, on sent l'imminence de grandes batailles. Khvostov, ministre de la Justice, déclarait, le 16 août : " Si les ouvriers ne se livrent pas en ce moment à des manifestations armées, c'est uniquement parce qu'ils n'ont pas d'organisation. " Gorémykine s'exprima d'une façon encore plus précise : " La question, pour les meneurs d'ouvriers, réside en l'insuffisance d'une organisation disloquée à la suite de l'arrestation de cinq membres de la Douma. " Le ministre de l'Intérieur ajouta : " Il est impossible d'amnistier les membres de la Douma (les bolcheviks), car ils constituent le centre d'organisation du mouvement ouvrier dans ses manifestations les plus dangereuses. " Ces gens-là, en tout cas, savaient discerner sans erreur où se trouvait le véritable ennemi.

Tandis que le Cabinet, même à un moment d'extrême affolement, même tout disposé à faire des concessions libérales, estimait indispensable de continuer à frapper la révolution ouvrière à la tête, c'est-à-dire de frapper les bolcheviks, la haute bourgeoisie s'efforçait d'entrer en collaboration avec les menchéviks. Épouvantés par l'ampleur des grèves, les industriels libéraux tentèrent d'imposer aux ouvriers une discipline patriotique en admettant leurs élus dans les Comités des Industries de guerre. Le ministre de l'Intérieur se plaignait de ne pouvoir s'opposer que très difficilement à cette initiative de Goutchkov : " Toute cette affaire est présentée sous l'enseigne du patriotisme et au nom des intérêts de la défense. " Il faut cependant noter que la police même évitait d'arrêter les social-patriotes, voyant en eux des alliés indirects dans la lutte contre les grèves et les " excès " révolutionnaires. Sur une confiance exagérée en la force du socialisme patriotique se basait la conviction de la Sûreté qu'aussi longtemps que durerait la guerre il n'y aurait pas d'insurrection.


Lors des élections au Comité des Industries de guerre, les partisans de la défense nationale, à la tête desquels se trouva l'énergique Gvozdiev, ouvrier métallurgiste — nous le retrouverons ministre du Travail dans un gouvernement révolutionnaire de coalition — furent mis en minorité. Ils profitèrent cependant de divers appuis, venus non seulement de la bourgeoisie libérale, mais aussi de la bureaucratie, pour renverser les partisans du boycottage que guidaient les bolcheviks et imposer au prolétariat de Petrograd une délégation dans les groupements organiques du patriotisme industriel. La position des menchéviks fut clairement formulée dans un discours qu'un de leurs représentants prononça par la suite devant les industriels, au sein du Comité : " Vous devez exiger que le pouvoir bureaucratique qui existe actuellement quitte la scène, cédant la place à vous autres, héritiers du régime présent. " Cette jeune amitié politique s'accroissait d'heure en heure. Au lendemain de la révolution, elle donnerait des fruits mûrs.

La guerre avait terriblement dévasté les organisations clandestines. Les bolcheviks n'eurent plus d'organisation centralisée du parti après l'arrestation de la fraction parlementaire. Les comités n'avaient qu'une existence épisodique et n'étaient pas toujours en liaison avec les districts. L'action venait de groupes disséminés, de cercles, d'individus isolés. Cependant, le mouvement de grèves qui commençait à se ranimer leur donnait, dans les usines, de l'entrain et de la vigueur. Peu à peu, ils se retrouvaient entre eux, créant des liaisons entre groupes. Le travail reprit, clandestin. Au département de la Police, on écrivit plus tard : " Les partisans de Lénine, qui mènent en Russie la grande majorité des organisations social-démocrates clandestines, ont mis en circulation depuis le début de la guerre, dans leurs principaux centres (savoir : Pétrograd, Moscou, Kharkov, Kiev, Toula, Kostroma, le gouvernement de Vladimir, Samara), une quantité considérable de tracts révolutionnaires, réclamant la fin des hostilités, le renversement du pouvoir actuel et la proclamation de la république ; en outre, cette activité a eu pour résultat sensible 1'organisation par les ouvriers de grèves et de désordres. "


L'anniversaire traditionnel de la marche des ouvriers vers le Palais d'Hiver, qui n'a presque pas été remarqué l'année précédente, suscite une large grève le 9 janvier 1916. Le mouvement de grèves, cette année, devient deux fois plus intense. Des collisions avec la police accompagnent toute grève puissante et opiniâtre. À l'égard des troupes, les ouvriers ont une attitude manifestement amicale et la Sûreté note plus d'une fois ce fait alarmant.

Les industries de guerre s'enflaient démesurément, dévorant autour d'elles toutes les ressources et sapant ainsi leurs propres assises. Les branches de production de nature pacifique commencèrent à s'étioler. La réglementation de l'économie générale, en dépit de tous les plans, n'aboutit à rien. La bureaucratie, déjà incapable d'assumer cette tâche devant l'obstruction des puissants Comités d'Industries de guerre, ne consentait cependant pas à se dessaisir du rôle régulateur en faveur de la bourgeoisie. Le chaos s'accroissait. Les ouvriers expérimentés étaient remplacés par des novices. Les charbonnages, les usines et fabriques de Pologne se trouvèrent bientôt perdus : dans la première année de guerre, le pays fut dépossédé d'environ un cinquième de ses ressources industrielles. Jusqu'à 50 % de la production étaient affectés aux besoins de l'armée et de la guerre, dont à peu près 75 % des tissus fabriqués dans le pays. Les transports, surchargés de besogne, n'étaient pas en mesure de livrer aux usines les quantités indispensables de combustibles et de matières premières. Non seulement la guerre absorbait tout le revenu national courant, mais elle commença à dissiper sérieusement le capital fondamental du pays.

Les industriels se refusaient de plus en plus à faire des concessions aux ouvriers et le gouvernement continuait à répondre à chaque grève par une rigoureuse répression. Tout cela portait la pensée ouvrière du particulier au général, de l'économique à la politique : " Il faut qu'on déclare la grève tous en même temps. " Ainsi renaît l'idée d'une grève générale. Le processus de la radicalisation des masses est exprimé de la façon la plus convaincante par la statistique. En 1915, le chiffre des participants aux grèves politiques est de 2,5 inférieur à celui des ouvriers engagés dans des conflits économiques ; en 1916, infériorité exprimée par le chiffre 2 ; au cours des deux premiers mois de 1917, les grèves politiques englobèrent six fois plus d'ouvriers que les grèves économiques. Le rôle de Pétrograd est suffisamment indiqué par un chiffre : pendant des années de guerre, 72 % des grévistes politiques appartiennent à la capitale !


Dans le feu de la lutte, bien des vieilles croyances sont consumées. La Sûreté déclare " avec douleur ", dans un rapport, que si l'on réagissait conformément aux exigences de la loi, " dans toutes les occasions où se produisent insolemment et ouvertement des crimes de lèse-majesté, le nombre des procès basés sur l'article 103 serait sans précédent ". Cependant, la conscience des masses retarde sur leur propre mouvement. La terrible pression de la guerre et du désarroi accélère tellement le processus de la lutte que les larges masses ouvrières n'ont pas le temps de se défaire, avant la révolution, de bien des idées et des préjugés apportés des campagnes ou bien, dans les villes, des familles petites-bourgeoises. Ce fait mettra son empreinte sur les premiers mois de la Révolution de Février.

Vers la fin de 1916, le coût de la vie s'élève par bonds. À l'inflation et à la désorganisation des transports, s'ajoute une véritable pénurie de marchandises. La consommation, vers cette date, s'est réduite de plus de moitié. La courbe du mouvement ouvrier dessine une montée brusque. À dater d'octobre, la lutte entre dans une phase décisive, unifiant toutes les variétés de mécontentement : Petrograd prend son élan pour le grand saut de Février. Dans les usines déferlent les meetings. Sujets traités : les approvisionnements, la vie chère, la guerre, le gouvernement. Les tracts des bolcheviks sont diffusés. Des grèves politiques se déclarent. À la sortie des usines ont lieu des manifestations improvisées. Il arrive que les ouvriers de certaines entreprises fraternisent avec les soldats. Une violente grève éclate, en protestation contre le procès fait aux matelots révolutionnaires de la flotte balte. L'ambassadeur de France, informé d'un cas de fusillade ouverte par des soldats sur la police, attire l'attention de Stürmer, président du Conseil, sur cet incident. Stürmer rassure l'ambassadeur : " La répression sera impitoyable. " En novembre, un important contingent d'ouvriers mobilisables est prélevé sur les usines de Pétrograd et envoyé au front. L'année s'achève dans l'orage et la tempête.


Comparant la situation avec celle de 1905, Vassiliev, directeur du département de la Police, arrive à des conclusions extrêmement peu consolantes. " L'esprit d'opposition a gagné dans des proportions exceptionnelles, qu'il était fort loin d'atteindre, parmi les larges masses, au cours de la période de troubles ci-dessus mentionnée. " Vassiliev ne compte pas sur les garnisons. Et même les gardes mobiles ne lui semblent pas tout à fait sûrs. La Sûreté rapporte que le mot d'ordre de la grève générale se ranime et qu'il y a danger d'une reprise de terrorisme. Des soldats et des officiers qui reviennent du front disent de la situation actuelle : " À quoi bon chercher ? Il ne reste qu'à passer au fil de la baïonnette tel coquin. Si nous séjournions ici, ce ne serait pas long... "

Chliapnikov, membre du Comité central des bolchéviks, ancien ouvrier métallurgiste, raconte qu'en ces jours-là les ouvriers étaient très nerveux : " Il suffisait parfois d'un coup de sifflet, d'une rumeur, pour que les ouvriers crussent entendre le signal de débrayer. " Ce détail est aussi remarquable comme symptôme politique que comme trait psychologique : la révolution attend nerveusement de descendre dans la rue.

La province passe par les mêmes étapes, mais plus lentement. La massiveté et la combativité croissante du mouvement transfèrent le centre de gravité des ouvriers du textile à ceux de la métallurgie, des grèves économiques aux grèves politiques, de la province à Pétrograd. Au cours des deux premiers mois de 1917, on compte 575 000 grévistes politiques, dont la part du lion revient à la capitale. Bien que la police eût encore sévi rigoureusement la veille du 9 janvier, il y eut, pour cet anniversaire de la journée sanglante, 150 000 ouvriers en grève à Petrograd. Les esprits sont surexcités, les métallos ont pris les devants, les ouvriers sentent de plus en plus qu'il n'y a pas de retraite possible. Dans chaque usine se détache un noyau d'action, le plus souvent aggloméré autour des bolcheviks. Les grèves et les meetings se suivent sans interruption durant les deux premières semaines de février. Le 8, à l'usine Poutilov, les policiers sont accueillis par " une grêle de ferraille et de scories ". Le 14, jour de l'ouverture de la Douma, il y eut à Pétrograd environ 90 000 grévistes. Plusieurs entreprises fermèrent aussi à Moscou. Le 16, les autorités décidèrent d'introduire à Pétrograd les " cartes de pain". Cette innovation accrut la nervosité. Le 19, près des boutiques d'approvisionnement, des attroupements se formèrent, composés surtout de femmes, et tous réclamaient du pain. Le lendemain, dans certains quartiers de la ville, on saccagea des boulangeries. Ce furent les éclairs précurseurs de l'insurrection qui devait éclater quelques jours plus tard.

  

Le prolétariat russe ne puisait pas seulement en lui-même son audace révolutionnaire. Sa situation de minorité dans la nation montre déjà qu'il n'aurait pu donner à sa lutte une telle ampleur, ni, à plus forte raison, prendre la tête de l'État, s'il n'avait trouvé un puissant appui au plus épais des masses populaires. C'est la question agraire qui lui assura ce soutien.

La tardive demi-émancipation des paysans, en 1861, porta sur une économie rurale dont le niveau n'était guère différent de celui qui avait existé deux siècles auparavant. Le maintien de l'ancien fonds de terres communales, frauduleusement écorné lors de la réforme, avec des méthodes de culture tout archaïques, aggravait automatiquement la crise de surpopulation dans les campagnes, qui était aussi la crise du système des assolements triennaux. La classe paysanne se sentait d'autant plus prise au piège que le processus se déroulait non point au XVIIe siècle, mais au XIXe, c'est-à-dire dans des conditions où le rôle de l'argent dans l'économie était déjà très avancé, imposant au primitif soc de bois des exigences qui n'eussent guère été admissibles que pour des tracteurs. Encore ici nous constatons la coïncidence de degrés inégaux du processus historique — en suite de quoi s'affirment des contradictions extrêmement aiguës.

De savants agronomes et économistes prêchaient que les fonds de terre, à condition de les travailler rationnellement, auraient été parfaitement suffisants, c'est-à-dire qu'ils invitaient le paysan à gagner d'un seul bond un degré supérieur de technique et de culture, sans contrarier le propriétaire noble, ni le chef de police ni le tsar. Mais aucun régime économique, et moins encore un régime agricole, de tous le plus arriéré, n'a jamais cédé le terrain sans avoir d'abord épuisé toutes ses possibilités. Avant de se voir forcé d'adopter des méthodes de culture plus intensive, le paysan devait se livrer à une dernière expérience : il allait tenter d'élargir son exploitation par assolements triennaux. Il ne pouvait évidemment y parvenir qu'en s'emparant de terres qui ne lui appartenaient pas. Étouffant, se sentant à l'étroit sur les vastes espaces qu'il occupait, étrillé par le fisc et par le marché, le moujik devait inévitablement essayer d'en finir une fois pour toutes avec le propriétaire noble.


A la veille de la première révolution, la superficie globale des terres utilisables, dans les limites de la Russie d'Europe, était estimée à 280 millions de déciatines. Environ 140 millions constituaient les lots des communes paysannes ; plus de 5 millions étaient des apanages ; l'Église et les monastères détenaient à peu près 2 millions 500 000 déciatines. La propriété privée, représentée par 30 000 gros possédants qui occupaient chacun plus de 500 déciatines, constituait 70 millions de déciatines, c'est-à-dire une superficie telle qu'en possédaient, en chiffre rond, 10 millions de familles rurales. Cette statistique agraire représentait le programme tout fait d'une guerre paysanne.

La première révolution ne réussit pas à régler leur compte aux propriétaires nobles. La masse rurale ne s'était pas soulevée tout entière, le mouvement dans les campagnes ne coïncida pas avec celui des villes, l'armée, composée de paysans, n'osait se décider et, finalement, fournit des effectifs suffisants pour l'écrasement des ouvriers. Dès que le régiment Séménovsky, de la Garde impériale, eut pris l'avantage sur l'insurrection de Moscou, la monarchie rejeta toute idée de prélèvement sur la grande propriété, ou de réduction de ses privilèges autocratiques.

Cependant, la révolution brisée était loin d'avoir passé sans laisser de traces dans la vie des campagnes. Le gouvernement annula les créances de 1861 au titre de rachat des terres par les paysans et ouvrit de nouvelles possibilités d'immigration en Sibérie. Les propriétaires, effrayés, n'accordèrent pas seulement d'importants rabais sur les loyers de fermage mais s'empressèrent de vendre par lots leurs latifundia. Ces résultats de la révolution furent au profit des paysans les plus cossus qui étaient en état de prendre à ferme et d'acheter des terres domaniales.


La plus grande latitude pour la formation, dans la classe paysanne, d'une catégorie de fermiers capitalistes fut, toutefois, octroyée par la loi du 9 novembre 1906, principale réforme de la contre-révolution victorieuse. Accordant même à une toute petite minorité de paysans, dans n'importe quelle commune, le droit de prélever, contre la volonté de la majorité, un lot indépendant sur les terres communales, la loi du 9 novembre tombait comme un obus lancé du camp capitaliste contre la commune. Stolypine, président du Conseil, définissait la nouvelle politique du gouvernement dans la question agraire comme " une mise sur les plus forts ". Ce qui signifiait : pousser la catégorie supérieure des paysans à mettre la main sur les terres de la communauté par l'achat de lotissements " rendus autonomes " et transformer ainsi les nouveaux fermiers capitalistes en soutiens du régime. Il était plus facile de poser ce problème que de le résoudre. En essayant de substituer à la question agraire celle du sort des koulaks (paysans riches), la contre-révolution devait se rompre le cou.


Au 1er janvier 1916, 2 millions 500 000 cultivateurs avaient fait leur propriété privée de 17 millions de déciatines. Deux autres millions réclamaient qu'on leur cédât 14 millions de déciatines. Cela pouvait passer pour un formidable succès de la réforme. Mais, en majorité, les exploitations détachées des communes étaient totalement dépourvues de vitalité et ne représentaient que des éléments voués à la sélection naturelle. Alors que les propriétaires les plus arriérés et les paysans de condition modeste vendaient à qui mieux mieux — les uns leurs latifundia, les autres des arpents de terre, les acheteurs venaient principalement de la nouvelle bourgeoisie rurale. L'économie agricole entra dans une phase d'indubitable essor capitaliste. L'exportation des produits de la terre russe augmenta, passant en cinq ans (de 1908 à 1912) de 1 milliard de roubles à 1 milliard et demi. Cela signifiait que les larges masses paysannes se prolétarisaient tandis que les éléments riches de la campagne jetaient sur le marché des quantités de blé toujours plus grandes.

Aux attaches obligatoires du régime communal dans les villages se substituait rapidement la coopération volontaire qui réussit, en quelques années, à pénétrer d'une façon relativement profonde les masses paysannes et qui devint aussitôt l'objet d'une idéalisation libérale et démocratique. La force réelle, dans la coopération, n'appartenait pourtant qu'aux paysans riches, lesquels, en fin de compte, en profitaient. Les intellectuels populistes, qui avaient concentré sur la coopération paysanne leurs forces principales, aiguillèrent enfin leur amour du peuple vers les rails résistants de la bourgeoisie. C'est ainsi, en particulier, que se prépara le bloc du parti socialiste-révolutionnaire " anticapitaliste " avec le parti cadet qui était, par excellence, celui du capitalisme.


Le libéralisme, tout en gardant des apparences d'opposition à l'égard de la politique agraire de la réaction, considérait pourtant avec grand espoir la destruction de la commune rurale entreprise par le capitalisme. " Dans les campagnes — écrivait un libéral, le prince Troubetskoï — se forme une puissante petite bourgeoisie qui, par sa nature, par sa structure, est également étrangère aux idéaux de la noblesse unifiée et aux rêveries socialistes. "

Mais cette merveilleuse médaille avait son revers. De la commune rurale se détachaient non seulement " une puissante petite bourgeoisie " mais aussi son extrême opposé, ses antipodes. Le nombre des paysans qui avaient vendu leurs lots non viables s'était élevé, au début de la guerre, jusqu'au million, ce qui signifiait au moins cinq million d'habitants prolétarisés. Comme réserve d'explosifs assez puissants, il existait aussi des millions de paysans pauvres qui n'avaient plus autre chose à faire que de se tenir sur leurs lotissements de famine. Par suite, dans la classe paysanne, se reproduisirent les contradictions qui avaient, de si bonne heure, entravé en Russie le développement de la société bourgeoise dans son ensemble. La nouvelle bourgeoisie rurale, qui devait constituer l'appui des propriétaires plus anciens et plus puissants, se trouvait en état d'hostilité déclarée à l'égard des masses paysannes, tout autant que les anciens propriétaires à l'égard du peuple pris en bloc.

Avant de devenir un soutien de l'ordre, la bourgeoisie rurale avait elle-même besoin d'un ordre fortement établi pour se maintenir sur les positions conquises. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la question agraire, dans toutes les Doumas d'Empire, ait conservé son acuité. Tous sentaient que le dernier mot n'avait pas été dit. Pétritchenko, député paysan, déclara un jour du haut de la tribune de la Douma : " Vous pourrez poursuivre vos débats tant que vous voudrez, vous ne réussirez pas à créer un autre globe terrestre. Il faudra donc bien que vous nous cédiez la terre sur laquelle nous sommes. " Or, ce paysan n'était ni bolchevik, ni socialiste-révolutionnaire ; loin de là, c'était un député de droite, un monarchiste.


Le mouvement agraire, qui, vers la fin de 1907, s'était apaisé, de même que la montée des grèves ouvrières, se réveille partiellement dès 1908 et se renforce dans le courant des années suivantes. Il est vrai que la lutte se transfère, pour une bonne part, à l'intérieur de la vie communale : et c'est en quoi consistait le calcul politique de la réaction. Les collisions entre paysans armés ne sont pas rares à l'occasion des partages de terres communales. Mais la lutte contre le propriétaire noble n'a point de relâche. Les ruraux s'acharnent à incendier des manoirs seigneuriaux, des moissons, des meules de paille, sans épargner en chemin les paysans riches qui ont fait leur nid à part contre la volonté des communes.

Les campagnes en étaient là quand survint la guerre. Le gouvernement expédia au front environ 10 millions de cultivateurs et près de 2 millions de chevaux. Les entreprises agricoles, déjà faibles, furent encore plus débilitées. Le nombre de ceux qui n'avaient pas de champs à ensemencer augmenta. Mais, dès la deuxième année de guerre, les paysans de condition moyenne descendirent la pente à leur tour. L'aversion croissante du paysan pour la guerre s'affirmait de mois en mois. En octobre 1916, la direction de la gendarmerie de Petrograd rapportait que, dans les campagnes, on ne croyait déjà plus à une heureuse issue des hostilités : d'après les propos tenus par les agents d'assurances, les maîtres d'école, les commerçants et autres personnes, " tout le monde attend avec la dernière impatience la fin de cette guerre maudite ". Bien plus : " Partout, on discute de questions politiques, on vote des résolutions contre les propriétaires nobles et les marchands ; diverses organisations créent des cellules... Pour l'instant, il n'existe pas encore de centre unitaire, mais il faut penser que les paysans trouveront leur unité par l'intermédiaire des coopératives qui se multiplient d'heure en heure par toute la Russie. " Il y a là quelques exagérations, le gendarme anticipe un peu sur les faits, mais, sans aucun doute, il a raison pour l'essentiel.


Les classes possédantes ne pouvaient s'abstenir de prévoir que les campagnes présenteraient la facture, mais tâchaient de chasser les idées noires, espérant se tirer d'affaire de quelque façon. À ce sujet, Paléologue, ambassadeur de France, qui aimait à s'instruire, eut des conversations, en temps de guerre, avec Krivochéine, ancien ministre de l'Agriculture, avec Kokovtsev, ancien président du Conseil, avec le comte Bobrinsky, grand propriétaire, avec Rodzianko, président de la Douma d'Empire, avec le grand industriel Poutilov et avec d'autres personnages distingués. Voici ce qu'il tira de ces entretiens : pour que l'on puisse appliquer une réforme radicale dans la question agraire, il faudrait employer une armée permanente de 300 000 arpenteurs durant au moins quinze ans ; mais, pendant ce temps, le nombre des exploitations agricoles se serait élevé à 30 millions et, par conséquent, tous les calculs préliminaires n'auraient plus aucune valeur. Ainsi, la réforme agraire, aux yeux des propriétaires nobles, des hauts dignitaires et des banquiers, se présentait comme la quadrature du cercle. Inutile de dire que de tels scrupules de mathématiciens étaient totalement étrangers à la mentalité du moujik. Le paysan estimait qu'il faudrait avant tout enfumer le seigneur : pour le reste, on verrait.

Si, toutefois, les campagnes restèrent relativement calmes pendant les années de guerre, c'est que leurs forces actives se trouvaient au front. Les soldats n'oubliaient pas cette question de la terre, du moins quand ils ne songeaient point à la mort, et leurs réflexions de moujiks sur l'avenir se pénétraient, dans les tranchées, de l'odeur de la poudre. Cependant, la classe paysanne, même formée au maniement des armes, n'eût jamais réalisé par ses propres forces une révolution agraire démocratique, c'est-à-dire la révolution qu'elle voulait. Elle avait besoin d'une direction. Pour la première fois, dans l'histoire universelle, le paysan devait trouver son guide en la personne de l'ouvrier. C'est essentiellement et, l'on peut dire, intégralement ce qui distingue la révolution russe de toutes celles qui l'ont précédée.


En Angleterre, le servage a disparu effectivement vers la fin du XIVe siècle, c'est-à-dire deux siècles avant qu'il ne fût institué en Russie, quatre cent cinquante ans avant son abolition dans ce dernier pays. L'expropriation des biens-fonds de la classe paysanne anglaise se prolonge, à travers la Réforme et deux révolutions, jusqu'au XIXe siècle. Le développement du capitalisme, que ne hâtait aucune contrainte de l'extérieur, eut ainsi tout le temps nécessaire pour mettre fin à l'autonomie des ruraux, longtemps avant que ne s'éveillât à la vie politique le prolétariat.

En France, la lutte contre la monarchie absolue, l'aristocratie et les princes de l'Église força la bourgeoisie de différents niveaux à accomplir, par étapes, vers la fin du XVIIIe siècle, une révolution agraire radicale. Après cela, les ruraux de France, devenus indépendants, s'avérèrent pour longtemps le sûr appui de l'ordre bourgeois et, en 1871, aidèrent la bourgeoisie à mater la Commune de Paris.

En Allemagne, la bourgeoisie se montra incapable de donner une solution révolutionnaire à la question agraire et, en 1848, livra les paysans aux hobereaux, de même que Luther, plus de trois siècles auparavant, avait abandonné aux princes d'Empire les gueux soulevés. D'autre part, le prolétariat allemand, au milieu du XIXe siècle, était encore trop faible pour prendre la direction de la classe paysanne. Par suite, le développement du capitalisme, en Allemagne, obtint aussi un délai suffisant, quoique moins étendu qu'en Angleterre, pour se subordonner l'économie agricole telle qu'elle était sortie d'une révolution bourgeoise non parachevée.


La réforme du statut de la paysannerie, en Russie, en 1861, fut l'œuvre d'une monarchie menée par des nobles et des fonctionnaires sous la pression des besoins de la société bourgeoise, et cependant la bourgeoisie était complètement impuissante en politique. Le caractère de l'émancipation des paysans était tel que la transformation accélérée du pays, dans le sens du capitalisme, faisait inévitablement du problème agraire un problème de révolution. Les bourgeois russes rêvaient d'une évolution agraire à la française, à la danoise, ou à l'américaine — de tout ce qu'on voudrait, sauf d'une évolution russe. Ils ne songèrent pas, cependant, à se pourvoir dans l'histoire de France, en temps opportun, ou bien dans la structure sociale de l'Amérique. Les intellectuels démocrates, en dépit de leur passé révolutionnaire, se rangèrent, à l'heure décisive, du côté de la bourgeoisie libérale et des propriétaires nobles, non du côté des campagnes révolutionnaires. Dans ces conditions, la classe ouvrière était la seule qui pût se mettre à la tête de la révolution paysanne.


La loi d'un développement combiné des pays arriérés — dans le sens d'une combinaison originale des éléments retardataires avec des facteurs des plus modernes — se formule ici pour nous dans les termes les plus parfaits et donne, en même temps, la clef de l'énigme de la révolution russe. Si la question agraire, héritage de la barbarie, de l'histoire ancienne de la Russie, avait reçu sa solution de la bourgeoisie, si elle avait pu en recevoir une solution, le prolétariat russe ne serait jamais parvenu à prendre le pouvoir en 1917. Pour que se fondât un État soviétique, il a fallu le rapprochement et la pénétration mutuelle de deux facteurs de nature historique tout à fait différente : une guerre de paysans, c'est-à-dire un mouvement qui caractérise l'aube du développement bourgeois, et une insurrection prolétarienne, c'est-à-dire un mouvement qui signale le déclin de la société bourgeoise. Toute l'année 1917 se dessine là. 




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