par Yanick Toutain
24/8/2015
"Et je ne crois pas du tout à cette histoire de valise trouvée.
Il est évident qu’il a été armé par quelqu’un.
Il n’avait pas les moyens. »
Me Sophie David
avocate du terroriste Ayoub El Qhazzani
"Et je ne crois pas du tout à cette histoire de valise trouvée.
Il est évident qu’il a été armé par quelqu’un.
Il n’avait pas les moyens. »
Me Sophie David
avocate du terroriste Ayoub El Qhazzani
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SAMEDI 22 AOÛT 2015
Me Sophie David, l'avocate commise d'office du "terroriste du Thalys" n'a pas prononcé le mot "complot". Mais sa façon de défendre le suspect ne correspond pas à ce que tentent de faire croire les fascistes des réseaux sociaux. Elle ne victime pas le suspect, elle le présente comme une marionnette avec des Gepetto dans les coulisses.
AYOUB EL QHAZZANI "A ÉTÉ ARMÉ PAR QUELQU'UN"
AFFIRME SON AVOCATE
Dans l'interview qu'elle a accordé au journal "La Voix du Nord" (interview par Céline Wlodarski)"Et je ne crois pas du tout à cette histoire de valise trouvée. Il est évident qu’il a été armé par quelqu’un. Il n’avait pas les moyens."Et d'autres faits montrent que la police ne se comporte pas en respectant les règles. En effet, Me Sophie David n'a été convoquée comme avocate commise d'office que trois heures et 45 minutes après le début de la garde à vue. Et non pas dès la première heure comme les textes l'imposent.
– Comment avez-vous été prévenue vendredi ?Que s'est -il passé de 18h15 à 23H ?
« Le barreau d’Arras organise des tours de permanence de garde à vue qui s’étalent sur quatre jours. C’était mon tour. J’étais à Cambrai, vendredi, quand les confrères d’Arras m’ont prévenue des événements. J’étais donc au courant que le suspect était en garde à vue à partir de 18 h 15. »
– À quelle heure vous êtes-vous rendue au commissariat ?
« J’ai été contactée par la police judiciaire de Lille à 22 heures. J’étais sur place à 23 heures. »
- Pourquoi la présence d’un avocat dès la première heure de garde à vue n’a-t-elle pas été respectée ?
« (Silence) Ce n’est pas moi qui détiens la réponse. Je suppose que l’organisation de la visite ministérielle a eu un impact... Ce que je peux dire, c’est qu’après 20 h 15, j’étais persuadée de ne plus être appelée. J’avais supposé que le suspect avait déjà un avocat ou avait été transféré à Lille. »
– Pouvez-vous nous décrire votre arrivée au commissariat ?Des "tranquillisants" ?
« J’ai croisé le médecin qui a jugé l’état de cet homme compatible avec la garde à vue. J’ai été marquée par l’état de fatigue et la maigreur de ce dernier. Il présentait deux blessures de part et d’autre du front. Une plaie se rouvrait de temps en temps, mais sans que cela nécessite de soins médicaux. Il est néanmoins en état de semi-somnolence due, je pense, aux tranquillisants qu’il a pris avant de monter dans le Thalys et qui font seulement effet, l’adrénaline étant retombée. »
Quelqu'un sensé se défendre avec une arme prend des tranquillisants ?
Et le journaliste ne demande pas à l'avocate qui a prescrit ces tranquillisants à un SDF marocain dans les rues de Bruxelles ?
– Les images circulant par le biais des médias laissent supposer une interpellation musclée...On retrouve ici le schéma fréquent chez les gens qui ont été drogués avant de commettre des meurtres.
« Non, le suspect lui-même m’a confirmé que ses blessures venait du coup de crosse administré par un passager du train, avec sa propre Kalachnikov. Il ne se souvient d’ailleurs pas de tout. Il a dit n’avoir entendu aucun coup de feu, avoir été immédiatement maîtrisé par une personne. »
– Comment s’est déroulée la prise de contact avec Ayoub El Khazzani ?
« Il parle arabe et espagnol, mais pas un seul mot de français. Un interprète était présent. J’ai commencé par lui demander de décliner son identité. Il n’a pas hésité une seconde. Il savait aussi pourquoi il était là, mais était très étonné par l’agitation autour de lui, le retentissement médiatique et son arrivée au commissariat, où tous les policiers avaient enfilé leur gilet pare-balles. Il m’a semblé totalement perdu, pas conscient de ce qu’il avait fait. »
– Comment se déroule cette première audition en votre présence ?Une nouvelle fois : quelles questions ont été posées sur ce tranquillisants et quelles réponses ont été données ?
« Pendant deux heures et demie, les enquêteurs veulent avant tout avoir des éléments sur sa famille, ses voyages, son environnement, collecter un maximum de renseignements pour pouvoir lancer des investigations très vite, et le mettre potentiellement face à ses contradictions. À la fin de cette première audition, la décision est prise de le transférer à Paris, je comprends alors que des informations importantes viennent d’être trouvées. Je quitte le client à 2 h 45. À 5 h 30, il est transféré à Lille, puis à Paris. »
Quelles questions sur les armes et quelles réponses ?
Si l'avocate veut défendre son client par la piste de la manipulation, elle devrait ici - et non pas en fin d'interview - énoncer son point de vue.
– Lorsque vous vous entretenez avec lui, que vous explique-t-il ?La question ici est : qui d'autre aurait vu cette fameuse valise ? A qui il en aurait parlé ? Dans quelles circonstances ?
« Sur sa vie, pas grand-chose. Il ne me parle pas du tout de la Turquie ni de la Syrie. Il m’explique qu’il vit de vols de portefeuille à l’arraché, qu’il a trouvé une valise dans un jardin public à Bruxelles, où il a l’habitude de dormir avec d’autres SDF. Il dit que cette valise contenait une Kalachnikov et un téléphone. Rien d’autre. Il ne parle pas des autres armes. »
Autre question : l'avocate est-elle allée interroger les autres SDF de ce jardin public ?
Qu'en est-il de leur témoignage ?
– Comment vous décrit-il son projet ?Il y a de grandes chances qu'on verra bientôt apparaître un avocat moins bavard et qui ne cherchera pas cette piste de QUI a armé le terroriste
« Il raconte qu’il a besoin d’argent et qu’il a eu l’intention de commettre un braquage. On lui a dit que dans ce Thalys, il y a beaucoup de gens avec de l’argent sur eux. Il avait prévu de tirer dans une vitre pour s’enfuir. Il s’est écoulé, selon ses dires, deux ou trois jours entre la découverte de la valise et ce projet de braquage. »
– Lorsqu’il est placé en garde à vue, quelles infractions lui reproche-t-on ?
« Le port d’armes, qu’il ne peut évidemment pas nier, la tentative d’assassinat et une activité terroriste. Il nie. Ce qui est étonnant, c’est qu’il réagit quand on lui annonce qu’il y a eu des blessés dans le train et, quand on évoque la tentative d’assassinat, on ne lit absolument rien sur son visage. »
– Croyez-vous son discours crédible ?
« À chaud, l’idée de terrorisme, je n’y croyais pas trop. Ses actes me paraissaient bien trop désorganisés. Depuis, les images me font douter. Et je ne crois pas du tout à cette histoire de valise trouvée. Il est évident qu’il a été armé par quelqu’un. Il n’avait pas les moyens. »
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