Dimanche 14 février 2010
Monsieur Mahi Ahmed, bonjour
Si je salue la tentative qui est la vôtre, je suis au regret de vous conseiller de reprendre la totalité de votre cadre analytique en rééxaminant chacune de vos propositions ou analyses.
En effet, une difficulté majeure pèse sur le lecteur lors de la lecture de ces 5 pages : LA LUTTE DES CLASSES Y EST TOTALEMENT ABSENTE.
Les courants que vous nous présentez apparaissent comme surgissant du néant tels des "deus ex machina" situé hors de l'influence du champ de la lutte des classes. (Y compris, aussi, hors du champ de la "lutte des strates", mais de cet aspect je traiterai en conclusion).
Je n'évoque pas seulement, ni même pas principalement le champ de la lutte des classes entre possesseurs du capital machine et le "camp du travail" mais, bien plus spécifiquement la lutte des classes qui traverse ce "Tiers Etat" moderne (et hétérogène) qu'est devenu ce qui est encore appelé "prolétariat".
Dès votre introduction, cette lutte des classes y est absente :
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La fin sans gloire du communisme soviétique, la dissolution de l’urss, la victoire de la démocratie libérale, et plus encore celle de l’économie-monde capitaliste semblent avoir marqué la fin du marxisme et mis un terme à toute possibilité de renouveau. La pensée hégémonique en matière politique, économique, et sociale est le libéralisme (plus ou moins social, plus ou moins libériste). Derrière la défense anti-totalitaire des droits de l’homme le marché s’est imposé comme l’institution décisive de la post-modernité. Le marxisme appartiendrait à un passé d’erreur et d’horreur. Tel est le credo de la « pensée unique », de cette conception du monde qui en inversant les espoirs de Gramsci est devenu le sens commun de l’intelligentsia, des milieux économiques et politiques, et qui est imposé comme la religion de l’individu par toute la puissance des moyens de communication. Il n’y aurait donc qu’à rédiger une rubrique nécrologique sur la mort enfin définitive de Marx et des marxismes et libérer la pensée pour affronter le « temps de la fin du grand récit de l’émancipation ».==
Mais les choses ne sont pas si simples. L’histoire des années 1968-1995 est extrêmement contrastée : si le marxisme-léninisme n’a cessé de s’enfoncer dans son irréversible crise et s’en est allé à sa fin, de grandes opérations de reconstruction théorique ont témoigné de la vitalité contradictoire du noyau dur de l’œuvre de Marx : entre 1968 et 1977, se développent les dernières tentatives de renouvellement de la théorie marxiste inscrites dans le sillage de la Troisième Internationale ou à ses marges.
Il n'y eut jamais de "communisme soviétique". Le pré-communisme s'est interrompu en janvier 1922 lorsque le salaire moyen des ingénieurs a dépassé celui des ouvriers.
Vous ne mentionnez pas la victoire de la classe formoise en 1927 qui commence la construction d'un Etat d'exploitation. Cette introduction néglige la "thermidoration" qu'étudia Trotsky, néglige ce qu"il appela "Thermidor" sans comprendre que le Thermidor de 1794 était la victoire d'une classe sociale : la bourgeoisie - les possesseurs du capital machine -et que le Thermidor de 1927 était LUI AUSSI la victoire d'une classe sociale : les possesseurs du capital humain. La classe que j'ai appelée "formoisie" en 1993.
Je tranchais définitivement le débat entre Léon Trotsky et Yvan Craipeau. Mais en allant plus loin que celui-ci : la formoisie, la FORMation-bourgeOISIE, non seulement prenait le pouvoir en URSS en construisant un Etat de classe, mais elle était aussi présente (petite, moyenne, grande formoisies) dans tout l'Occident, dans tous l'Orient ou en Afrique (sous la forme de formoisie ou proto-formoisie compradore).
La clé de la trahison des socialistes de 1914 c'était cette classe sociale qui - en application de la loi du développement inégal et combiné de Léon Trotsky - se comportait en saboteur de la révolution en ralliant la vieille classe capitaliste.
La formoisie ralliait la bourgeoisie de la même façon que le bourgeois Milioukov, le leader du parti cadet, effrayé par la révolution de 1905, rallia la vieille classe féodale tsariste.
Les "clowns titrés professeurs" (d'histoire, de sociologie, d'économie ou de philosophie) - selon la belle formule de Lénine - clowns qui composent l'essentiel de ceux qui vous mentionnez dans votre "tour d'horizon" ne sont que des idéologues qui ont passé le 20° siècle à construire un rideau de fumée.
Un rideau de fumée dont la fonction était très claire : ne pas laisser les peuples du Sud et les pauvres du Nord comprendre que les salariés formés étaient devenus les EXPLOITEURS des salariés non formés (et les petits paysans).
Pour prendre juste un exemple : le coup d'Etat de 1965 de Boumédiène était la revanche de la haute et moyenne formoisie algérienne contre un Ben Bella trop sensible aux revendications et aux besoins des couches les plus pauvres de la population d'Algérie.
Il n'y a pas d'Histoire de l'Algérie sans la conceptualisation de la classe formoise.
Aussi bien les zigzags des clowns réformistes prétendument trotskystes - telle Luisa Hanoun (en particulier lors de San Egidio) - ne trouvent d'explication que par la nature de classe de la base de ces faux-trotskystes.
Leur refus acharné du SALAIRE ÉGAL POUR TOUS, leur refus acharné de l'ÉGALITARISME, leur refus acharné du partage intégral et strictement égal du PIB mondial en fait des contre-révolutionnaires qui, à chaque échéance, retirent leur masque.
La politique actuel des nouveaux stalino-fascistes du NPA tels les Olivier Besancenot qui pratiquent systématiquement l'effacement de tous les messages qui mettent en cause leur défense de l'Etat bourgeois, leur défense de la tactique anti-islamophobes des nouveaux islamo-fascistes, les menaces de saisie des tribunaux de la bourgeoisie par un rouge-brun-vert tel John Mullen, ne sont que les prolégomènes d'une kerenskyation accélérée de tous les groupes qui se réclament (ou réclamaient) du trotskysme tout en prétendant défendre l'inégalité des salaires, en prétendant défendre - face à la bourgeoisie - le respect de qualifications acquises.
Un mot rhétorique pour défendre le prétendu "droit des diplômés à exploiter nos cousins du Tiers Monde".
J'interromps ici cet argumentaire.
Si votre ouverture et votre quête de la vérité et de la lumière est assez grande pour admettre que quiconque consomme PLUS que le PIB moyen mondial est un voleur qui consomme ce qui ne lui appartient pas, si vous êtes prêt à admettre que Michael Agbor qui gagne 50 euros au Cameroun est exploité par Olivier Besancenot qui consomme plusieurs milliers d'euros chaque mois, alors, alors seulement, nous pourrons travailler ensemble à une réécriture de votre texte.
En particulier sur la façon dont la jeune proto-formoisie des années 1968-1978 ,étaient en train de bousculer et de balayer les pesanteurs formoises des vieilles organisations "trotsko-réformistes".
Mais cela relève de l'irruption de la lutte des strates entre les travailleurs innovants, les travailleurs répétants et les parasites.
Mes meilleures salutations égalitaristes
(egalitarisme = 1000 euros par mois pour chaque Terrien à consommer et 300 euros par mois pour investir sans profit)
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