par Julie Amadis
En 1940, beaucoup de gens vivaient tranquilles en France.
Ils vivaient tranquilles, avec, bien sûr, un peu plus de tracas qu'à l'accoutumée parce que l'on était en temps de guerre.
Ils voyaient tous les jours dans les rues de leur ville des gens avec une étoile jaune cousue sur le manteau avec pour inscription le mot « juif ». Ils ne s'en offusquaient pas. Ils ne se posaient pas de question. Pourquoi portent-ils une étoile ? Que leur veut-on ?
Non, c'était comme ça. Ils les voyaient, c'est tout.
Eux avaient aussi leurs petits « soucis du quotidien ». Trouver du beurre, refourguer leur vieux vêtements contre quelques denrées rares, laver le linge... Alors ils n'avaient vraiment pas le temps de s'occuper d'autre chose.
Puis un peu plus tard, ils leur arrivaient de voir des policiers faire sortir violemment des gens de leur maison et les emmener dans un camion de force. Ils ne se sont pas trop posés de questions. C'était comme ça. Que pouvait-on de toutes les façons ?
Parfois il arrivait aussi que des policiers leur demande des informations sur unetelle ou untel. Était - il là hier soir ? Avez-vous entendu des bruits de radio ? Alors ils leur répondaient. Ben oui, si une autorité vous pose une question, il faut répondre.
En effet, pour la plupart des Français indifférents l'occupation n'était pas si terrible. Ils ont continué à vivre dans leur bocal, avec un peu plus de petits soucis qu'avant la guerre mais c'est tout.
Il arrive souvent de rencontrer de vieilles personnes ayant vécus à cette époque. Lorsqu'eles vous parlent de leur jeunesse sous l'occupation, elles évoquent souvent d'abord les privations mais pas la chasse aux juifs et aux résistants. Ces personnes n'étaient ni vraiment collabos, ni résistants. Elles respectaient l'autorité et vivaient leur petite vie.
Mais pendant que la plupart ne pouvaient pas manger tout ce qu'elles auraient souhaité, d'autres, étaient harcelées, maltraitées, torturées, jetées dans des camps de travail, des camps de concentration, devenaient malades et mouraient.
En 2014, beaucoup de gens vivent tranquilles en France. Ils travaillent, ont un salaire, partent en vacances, ont des loisirs...
Ils ne sont pas méchants. Quand on leur parle de la misère du monde. Ils répondent : « Moi, je m'occupe de mes proches, c'est déjà bien. »
Ils voient des gens sur les trottoirs tous les jours en train de mendier, d'autres dormir sur un banc ou sur le quai d'une gare.
Il arrive aussi qu'en passant avec leur voiture, ils aperçoivent des bidonvilles à l'Occidentale.
Ils ne différent pas de ceux de Buenos aires ou de Kigali mais ils sont implantées en France, ce petit pays riche dans lequel on voit écrit sur les églises « liberté, égalité, fraternité ».
Mais ces Français comme il faut dorment au chaud tous les soirs, mangent bien, ont une maison. Tout va bien pour eux. Bien sûr, il faut supporter le petit chef qui vient faire une remarque toutes les demi-heures, la femme chieuse qui se plaint parce qu'elle veut un troisième enfant...
L'INSUPPORTABLE A LA TELE
Et puis en plus de cette misère vue tous les jours, il y a celle que l'on voit à la télé de temps en temps. Ces enfants avec le ventre arrondi et les bras décharnés, la guerre au Mali organisée par la France... Alors ça, c'est loin, très loin. Si déjà on ne s'occupe pas du SDF que l'on voit tous les jours au bord de sa porte, ce n'est pas pour s'occuper de l'Africain !Voilà comment la somme des indifférents qui ne s'occupent que de leur affaire amène les fascistes à poursuivre leur action, à supprimer les libertés, à organiser l'esclavage de l'Afrique.
Cette indifférence, je la vois tous les jours.
Je peux même rapidement en dresser une petite liste :
- Les enfants roumains SDF dont les adultes français se foutent - des adultes qui sont des professionnels de l'enfance pourtant.
- Le SDF à la porte du supermarché avec qui je parle et qui me dit que les gens n'osent même pas lui dire bonjour.
- Les Africains qui meurent de faim mais dont les français se foutent. Quand vous parlez de votre combat pour une Afrique libre, on vous prend pour un martien. "Mais pourquoi t'occupes-tu de ce qui se passe là bas ? ... on a pas assez de problème ici ?" me suis-je entendu dire il n'y a pas longtemps.
- Ma condamnation à 43000 euros pour un article que je n'ai pas écrit qui défend le président Gabgbo et dénonce le coup d'état de Ouattara ! Les juges qui se succèdent et mentent de plus en plus en bafouant toutes les lois !
- Les violences dans plusieurs écoles du Havre dont je suis témoin direct et indirect et pour lesquelles je suis réprimées et les syndicats qui s'en foutent.
Cette indifférence ne va pas continuer éternellement. Une nouvelle génération va arriver et remettre en cause les précédentes. Remettre en cause le couvercle de 200 milliards de tonnes de carbone au dessus de la tête, remettre en cause le capitalisme, le fait que les africains ne soient pas payés au SMIC. Une génération qui ne supportera plus que l'on puisse taper un enfant !
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