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lundi 26 janvier 2015

Slavoisie, l'éducation des esclavagistes : Comment Vincent Bolloré a éduqué son fils Yannick Bolloré pour qu'il continue à diviser par 20 les salaires des Africains ?

Esclavagiste fils d'esclavagiste: Yannick Bolloré
C'est pour protéger les plantations Bolloré aux
salaires 1/20° du SMIC que la DGSE met en place des
terrroristes islamofascistes en Afrique
par Yanick Toutain

26/1/15
Revactu


 Robert William Foge lDans cet ouvrage,
[
 livre Time on the Cross, coécrit avec Stanley Engerman,
et paru en 
1974.]
 en s'appuyant sur une étude quantitative de l'
esclavagisme américain,
 il montre que les conditions de vie des esclaves noirs américains
 qui vivaient dans le Sud, étaient meilleures que
celles des ouvriers dans les industries du Nord des 
États-Unis.
 Fogel fonde son propos sur une analyse détaillée
des registres et enregistrements tenus dans les plantations,
 et en conclut que les esclaves travaillaient moins,
étaient mieux nourris, et n'étaient fouettés qu'occasionnellement.


La méthode ressemble à celle décrite ici par l'abolitionniste Harriet Beecher-Stowe.
A cette différence près que Yannick Bolloré n'a jamais fouetté un petit Africain.
Ils sont bien plus malin : ils envoient des abrutis faussaires comme Jean-Marie Bourry pour truquer les élections et des terroristes pour attaquer la RTI d'Abidjan le 16 décembre 2010.
Ils sont bien plus malins : Leurs pantins compradores font 8 fois moins d'effort (-3,4%) que leurs homologues d'Asie (-24,4% de 2005 à 2010) pour réduire la mortalité infantile.

LES CRIMINELS ESCLAVAGISTE SE MARIENT ENTRE EUX

100 millions de morts en 25... mais personne ne vient accuser les responsables : les familles Bolloré Bouygues etc....
Le jeune Yannick Bolloré ne fouettait pas les enfants d'esclaves : ceux-ci meurent à raison de 10%
Mais, diront de bonnes âmes, il y a eu des progrès ?
DES SALAIRES DIVISES PAR 20

L'esclave de Virginie ou de Louisiane vivait avec la moitié du revenu d'un travailleur pauvre de New York
Les Bolloré sont bien plus malins : leurs propriétés vont être protégées par les milices des ribafascistes que Hollande finance, soutient, protège.
Et demain ce sera #HollandeCoupdEtat en France !







LE FILS DE L'ESCLAVAGISTE

Il est nommé vice-président d'Havas en mars 20113.
Il signe en septembre 2011 un accord de cession du pôle télévision de Bolloré Média, devenu le 3e groupe audiovisuel privé français, au groupe Canal+ en échange d'actions Vivendi, sur la base d'une valeur de près de 465 millions d'euros4.
Le groupe Bolloré devient alors le premier actionnaire du groupe Vivendi.
Yannick Bolloré est nommé président-directeur général du groupe Havas le 30 août 20133. Havas est un groupe multiculturel présent dans plus de 100 pays5 et comptant 16000 collaborateurs dans le monde6. Le chiffre d'affaires du groupe en 2012 s'élève à 1,78 milliard d'euros et son bénéfice net à 126 millions d'euros7.
Yannick Bolloré siège également aux conseils d'administration de Bolloré Participations depuis 1998, de Bolloré depuis 2009 et d’Havas depuis 2010. Il est par ailleurs membre du club d'influence Le Siècle2.

Vie privée[

Yannick Bolloré s'est marié en juin 2006 avec Chloé Bouygues, la nièce de Martin Bouygues ; il est père de quatre filles8,3.




Traduction par Louise Swanton Belloc.
Charpentier, 1878 (pp. 348-359).



Henrique.

Vers ce temps, Alfred, le frère de Saint-Clair, vint, avec son fils, garçon âgé de douze ans, passer un ou deux jours à la maison du lac, dans la famille de son frère.
L’aspect de ces jumeaux réunis avait, à la fois, quelque chose de beau et d’étrange. La nature, en les formant, s’était complu de tous points à créer, au lieu de ressemblances, de frappantes oppositions, et pourtant un lien mystérieux semblait resserrer leur amitié fraternelle.
Bras dessus, bras dessous, ils erraient dans les allées du jardin, en haut, en bas, partout ; Augustin, avec ses yeux bleus, ses cheveux d’or, ses formes souples et élégantes, ses traits animés, expressifs ; Alfred, avec ses noirs, son profil romain, hautain, inflexible, ses membres fortement articulés, et son ferme maintien. Sans cesse ils s’attaquaient mutuellement sur leurs opinions, leurs habitudes, leurs actes, et n’en étaient pas moins absorbés dans la société l’un de l’autre, comme si, pour les unir, la contradiction eût joué entre eux le rôle que l’attraction remplit entre les pôles opposés de l’aimant.
Henrique, le fils aîné d’Alfred, noble garçon, aux yeux noirs, à la tournure de prince, rempli d’ardeur et de vivacité, avait à peine vu sa cousine Évangeline que déjà il était fasciné par la grâce toute céleste de l’enfant.
Le poney favori d’Éva, doux comme elle, d’une blancheur de neige, et d’une allure à la bercer mollement, venait d’être amené par Tom à l’arrière-véranda, tandis qu’un mulâtre, d’environ treize ans, y conduisait le petit cheval noir arabe, importé depuis peu, à grands frais, pour Henrique.
Fier comme un jeune garçon de sa nouvelle monture, Henrique s’avança, prit les rênes des mains du petit groom, regarda attentivement le cheval, et son front se rembrunit aussitôt.
« Qu’est ceci, Dodo, petit chien de paresseux ? tu n’as pas étrillé l’animal ce matin !
— Si fait, maître, répondit le mulâtre avec soumission. C’est lui-même qui s’est encore sali.
— Tais-toi, drôle ! dit Henrique avec violence, en levant sa cravache. Comment oses-tu ouvrir la bouche ? »
Le groom était un joli mulâtre aux yeux brillants, juste de la taille d’Henrique, et ses cheveux bouclés encadraient un front haut et fier. Le sang des blancs qui bouillait dans ses veines colora tout à coup sa joue, et fit éclater son œil, comme il commençait vivement à dire :
« Maître Henrique !… »
Henrique lui cingla un coup de cravache à travers la face, le prit par le bras, le força à se mettre à genoux, et le battit jusqu’à en être hors d’haleine.
« Là, impudent chien ! je t’apprendrai à riposter ! Emmène ce cheval, et qu’il soit nettoyé comme il faut. Je te remettrai à ta place, entends-tu !
— Jeune maître, reprit Tom, je me doute de ce qu’il allait dire ; le cheval s’est roulé par terre au sortir de l’écurie. C’est si jeune ! si fougueux ! — Voilà comment la bête s’est éclaboussée ; je l’avais vu panser au matin.
— Retiens ta langue, toi, jusqu’à ce qu’on te parle ; » et Henrique, tournant sur le talon, monta les degrés pour aller rejoindre Éva, déjà toute prête en habit de cheval.
« Chère cousine, pardon si cet imbécile me force à vous faire attendre un moment. Asseyons-nous là. Il ne saurait tarder. Mais qu’y a-t-il, cousine ? vous avez l’air tout fâché.
— Comment pouvez-vous être si cruel, si méchant, avec ce pauvre Dodo ? dit Éva.
— Cruel ! — méchant ! reprit le jeune garçon, et sa surprise n’avait rien de joué. Que voulez-vous dire, chère Éva ?
— Ne m’appelez pas « chère Éva » quand vous agissez ainsi.
— Mais, chère cousine, vous ne connaissez pas Dodo ; il n’y a pas deux façons de le conduire ; il n’en finit jamais d’excuses et de mensonges. Il faut le mater tout d’abord, — ne pas lui laisser ouvrir la bouche. — Papa n’agit pas autrement.
— L’oncle Tom a dit que c’était un simple accident, et il ne dit jamais que la vérité.
— C’est un prodige de vieux nègre alors. Dodo dit autant de mensonges, lui, que de paroles.
— Il ment, parce que vous l’effrayez. C’est lui enseigner le mensonge, que le traiter comme vous faites !
— Si vous prenez si fort le parti de Dodo, Éva, vous allez me rendre jaloux.
— Vous l’avez frappé sans qu’il eût rien fait pour être battu…
— Un petit arriéré soldé. C’est pour toutes les fois qu’il mérite d’être rossé, sans que je le batte. Quelques bons coups de fouet sont toujours de mise avec Dodo. C’est, je vous l’assure, un franc vaurien. Mais, allons, puisque cela vous contrarie, je ne le frapperai plus jamais devant vous. »
Éva était loin d’être contente, mais elle sentit qu’elle essaierait en vain de se faire comprendre de son beau cousin.
À l’instant reparut le petit mulâtre amenant les deux chevaux.
« À merveille, Dodo : cette fois tu t’en es tiré fort joliment, dit son jeune maître d’un air gracieux. Approche, et tiens le poney de miss Éva, pendant que je l’aide à le monter. »
Dodo se tint debout devant le cheval d’Éva ; mais sa figure était bouleversée, et à ses yeux on voyait assez qu’il avait pleuré.
Henrique se piquait de galanterie et d’adresse ; il eut bientôt mis sa belle cousine en selle, et réunissant les rênes, il les lui présenta.
Mais Éva se penchait du côté où se trouvait Dodo, et comme le petit mulâtre venait de lâcher la bride, elle lui dit :
« Vous êtes un bon garçon, Dodo ; — grand merci ! »
Dodo, ébahi, regarda cette douce figure, ses joues se colorèrent et les larmes lui vinrent aux yeux.
« Ici, Dodo ! » cria son maître d’un ton impérieux.
Le mulâtre s’élança, et tint le cheval arabe pendant que son maître le montait.
« Voilà un picayune pour toi, Dodo ; va l’acheter du sucre candi ; va ! »
Et Henrique s’éloigna au petit galop avec Éva. Dodo suivit longtemps des yeux les deux enfants. De l’un, il avait reçu de l’argent ; de l’autre, ce qui manquait le plus, ce dont il avait le plus ardent besoin, — un mot de bonté, affectueusement dit. — Il n’y avait que peu de mois que Dodo était séparé de sa mère ; le père d’Henrique l’avait acheté dans un entrepôt d’esclaves, à cause de sa jolie tête, afin d’en faire l’accompagnement assorti du joli poney. Maintenant c’était l’affaire du jeune maître de le rompre et de le dompter.
Les deux frères, se promenant d’un autre côté du jardin, avaient cependant vu appliquer la correction.
Augustin rougit, mais dit seulement de son air d’insouciance sardonique :
« C’est sans doute là ce qu’on appelle une éducation républicaine, Alfred ?
— Henrique est un petit démon, pour peu qu’on le stimule, répondit négligemment Alfred.
— Je suppose que tu considères ce genre d’exercice comme faisant partie de son instruction. — La voix d’Augustin devenait sèche.
— Il en serait autrement, que je ne pourrais l’empêcher. Henrique est une espèce d’ouragan ; depuis longtemps sa mère et moi avons lâché les rênes ! D’ailleurs, avec Dodo, il a affaire à un parfait lutin, qui ne sent pas les coups. Le fouet ne l’incommode nullement.
— Serait-ce là ta méthode pour fixer dans la mémoire de Henrique le premier axiome du catéchisme républicain : « Tous les hommes sont nés libres et égaux ? »
— Bah ! une des sentimentales farces françaises de Tom Jefferson. Il est vraiment ridicule que de pareilles fadaises aient cours encore aujourd’hui parmi nous.
— Parfaitement ridicule ! dit Saint-Clair d’un ton significatif.
— Attendu, poursuivit Alfred, que nous pouvons assez voir qu’il n’est point vrai que tous les hommes naissent libres, point vrai que tous naissent égaux. C’est précisément le contraire. Pour ma part, il y a beau temps que moitié de cette phraséologie républicaine n’est pour moi que du fatras. Ce sont les gens bien élevés, intelligents, riches, raffinés, qui doivent avoir des droits égaux ; jamais la canaille.
— Pourvu que vous puissiez maintenir la canaille dans cette opinion, répliqua Augustin. Elle a pris une fois sa revanche, en France.
— Certes, cette race doit être assujettie, avec fermeté, avec constance,comprimée, comme je la comprimerais ; et Alfred pesa sur le sol comme s’il eut foulé quelqu’un aux pieds.
~ La glissade comptera, si l’opprimé se relève, dit Augustin ; — à Saint-Domingue, par exemple.
— Bah ! nous y aurons l’œil, dans ce pays-ci. Nous devrions rompre en visière à tous ces phraseurs, à ces promoteurs d’éducation qui prennent trop leurs ébats ; la basse classe ne doit jamais être instruite.
— C’est passé cure, reprit Augustin ; elle le sera. — Il s’agit de savoir comment, voilà tout. Notre système est de la former à la brutalité et à la barbarie ! Nous brisons tous les liens de l’humanité pour faire de ces hommes des bêtes brutes. S’ils gagnent le dessus, eh bien, nous les trouverons ce que nous les avons faits !
— Jamais ils ne le gagneront, le dessus !
— Fort bien : poussez la vapeur, fermez solidement la soupape de sûreté, asseyez-vous dessus, et voyez où vous prendrez terre.
— Soit : nous verrons ! Je n’ai pas peur de m’asseoir sur la soupape, tant que la chaudière est solide et que les rouages marchent bien.
— Les nobles sous Louis XVI pensaient comme toi ; l’Autriche et Pie IX sont de nos jours du même avis ; mais par quelque beau matin, vous courez risque de vous rencontrer au haut des airs, quand la chaudière éclatera.
— Dies declarabit, s’écria Alfred en riant.
— Je te le répète, reprit Augustin, s’il est de nos jours une éclatante vérité, qui vienne aux yeux comme une manifestation divine, c’est que le jour des masses arrivera : ce jour « où les derniers seront les premiers. »
— Bravo ! une des bouffonneries de vos républicains rouges, Augustin ! Pourquoi ne pas t’enrôler dans les énergumènes, les orateurs des défrichements, et discourir, grimpé sur une souche[1] ? Prêche, prédis, mon cher. J’espère que je serai mort avant qu’advienne pour nous ce grand millénium de tes masses crottées.
— Crottées ou non, reprit Augustin, leur temps venu, elles vous gouverneront, et vous aurez les maîtres que vous vous serez faits. La noblesse française voulut avoir un peuple de sans-culottes, elle n’en a eu que trop, des gouvernants sans-culottes ! Le peuple d’Haïti…
— Pour le coup, assez, Augustin ! comme si nous n’en avions pas eu par-dessus les yeux et les oreilles, de cet abominable Haïti ! Les maîtres d’Haïti n’étaient pas Anglo-Saxons. S’ils l’eussent été, nous aurions toute une autre histoire. La race anglo-saxonne est la reine du monde et le sera toujours.
— À la bonne heure ; mais il y a une assez jolie infusion de sang anglo-saxon chez nos esclaves, ce me semble, dit Augustin. Nombre d’entre eux n’ont gardé du sang africain que ce qu’il en faut pour ajouter l’effervescente chaleur des tropiques, à notre fermeté, à notre prévoyance calculatrice : que l’heure de Saint-Domingue vienne à sonner, et le sang anglo-saxon aura le pas et l’honneur de la journée. Des fils de pères blancs, dont nos sentiments orgueilleux échauffent les veines, ne seront pas toujours vendus, achetés ; on ne trafiquera pas éternellement de cette denrée humaine ; ils surgiront un jour, et élèveront avec eux la race de leurs mères.
— Fatras, — sottises !
— Juste, le vieux dicton, poursuivit Augustin ; il en sera comme aux jours de Noé : — « Les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage ; ils plantaient et ils bâtissaient, et ils pensèrent au déluge que quand il survint et emporta tout. »
— Ma parole, Augustin, je te crois fait pour être prédicateur ambulant ! — et Alfred se mit à rire. — Rassure-toi, va, possession vaut titre. Nous tenons le pouvoir et nous le tenons bien. La race sujette, — il frappa du pied la terre, — restera sujette. Nous avons assez d’énergie pour ménager notre poudre.
— Des garçons élevés comme Henrique font de fameux gardiens pour vos poudrières, dit Augustin ; si froids, si maîtres d’eux ! Le proverbe le dit : Celui qui ne peut se gouverner lui-même ne peut gouverner autrui.
— Il y a là quelque chose qui cloche, c’est vrai, dit Alfred en réfléchissant. Je ne puis nier que les enfants ne soient difficiles à élever sous notre régime. Il lâche la bride aux passions, déjà trop exaltées par la chaleur du climat. Henrique me donne du souci : l’enfant est généreux, franc, le cœur chaud ; mais un vrai brûlot dès qu’on l’excite. Pour venir à bout de lui, il me faudra, je crois, l’envoyer dans le Nord, où l’obéissance est plus de mise, et où il vivra davantage avec ses égaux, moins avec ses subordonnés.
— S’il est vrai que l’éducation des enfants soit la grande affaire de la race humaine, reprit Augustin, c’est chose à noter qu’en cela notre régime fonctionne si mal.
— Mal en quelques points, bien sur d’autres. Il rend nos garçons fermes, courageux. Les vices mêmes d’une race abjecte tendent à fortifier en eux les vertus contraire. Henrique, je le parierais, apprécie d’autant mieux la vérité, et la trouve d’autant plus belle, qu’il a vu le mensonge, la fourberie, être un des sceaux indélébiles de l’esclavage.
— C’est assurément un aperçu fort chrétien du sujet !
— Chrétien ou non, il est juste, et pas plus anti-chrétien au fond que la plupart des choses de ce monde.
— C’est ce que je ne prétends pas nier, ajouta Saint-Clair.
— Allons, n’est-ce pas assez tourner dans le même cercle, comme nous l’avons déjà fait cinq cents fois, plus ou moins ? Que dirais-tu d’une partie de trictrac ? »
Les deux frères montèrent les marches de la véranda, et bientôt, assis devant un léger support de bambou, ne furent plus séparés que par le trictrac.
« Je te dirai, Augustin, reprit Alfred, tout en rangeant ses dames, que si je partageais tes opinions, je ne me croiserais pas les bras : je ferais quelque chose.
— J’en suis convaincu ; — tu es homme d’action ; — mais quoi ?
— Eh bien, que ne donnes-tu de l’éducation à tes esclaves ? fais-en des modèles, des façons de spécimen ! Et un sourire dédaigneux se joua sur les lèvres d’Alfred.
— Tu pourrais aussi bien leur rouler le mont Etna sur le dos, et leur ordonner de se tenir debout, que de me dire, à moi, d’élever mes serviteurs quand la masse de la société pèse sur eux. Un homme ne saurait s’opposer seul à l’influence d’une population entière. Pour amener des résultats, l’éducation doit partir de l’État même, ou tout au moins d’un groupe assez nombreux pour établir un courant.
— À toi de jeter les dés, » dit Alfred, et les deux frères, absorbés dans leur partie, n’en furent tirés que lorsque le galop des chevaux se fit entendre.
« Ah ! voici les enfants, s’écria Augustin, et il se leva. Regarde donc, Alfred, as-tu jamais rien vu d’aussi beau ?
C’était, en effet, un spectacle radieux, Henrique, avec son front hardi, ses abondantes boucles lustrées, ses joues écarlates, riait gaiement, penché vers sa belle cousine, comme ils arrivaient : Éva portait une amazone bleu de ciel, un chapeau de même nuance, et l’exercice, en colorant ses jours de leurs teintes les plus éclatantes, faisait ressortir l’admirable harmonie de sa peau blanche et transparente, et de ses cheveux à reflets d’or.
« Par le ciel, quelle éblouissante et parfaite beauté ! s’écria Alfred. Je te le déclare, Augustin, elle blessera plus d’un cœur avant qu’il soit longtemps.
— Trop vrai, peut-être, hélas ! — Dieu sait si je le redoute ! » murmura Saint-Clair avec une soudaine amertume ; et, s’élançant au bas des degrés, il courut enlever sa fille de dessus la selle.
« Éva, chérie ! n’es-tu pas trop fatiguée ? demanda-t-il, comme il l’emportait dans ses bras.
— Non, papa, dit l’enfant. Mais sa respiration courte et bruyante alarma son père.
— Comment peux-tu galoper si fort, quand tu sais que cela ne t’est pas bon ?
— J’étais si bien, papa, et je m’amusais tant, que je n’ai songé à rien. »
Saint-Clair la porta jusqu’au salon, où il la déposa sur un sofa.
« Henrique, il faut prendre un peu plus garde à ta cousine ; tu l’as menée trop vite.
— Je vais en avoir bien soin, dit le jeune garçon, confiez-la moi ; » et, s’asseyant près du sofa, il prit la main de la petite fille.
Bientôt Éva se sentit mieux : son père et son oncle retournèrent à leur partie, et les enfants furent laissés ensemble.
« Si vous saviez, Éva, je suis si fâché que papa ne demeure ici que deux jours ! Je vais être après cela si longtemps sans vous voir ! Si je restais avec vous, je tâcherais d’être bon, de ne plus quereller Dodo, ni personne. Ce n’est pas que j’aie la moindre envie de le maltraiter ; non vraiment ! Je suis trop vif, voilà tout. D’ailleurs, je ne suis point mauvais pour lui : je lui donne un picayune par-ci par-là. Vous voyez qu’il est bien vêtu. — Allez, tout compté, Dodo est un heureux garçon.
— Seriez-vous heureux, Henrique, s’il n’y avait pas une seule créature près de vous qui vous aimât ?
— Moi ! — non ; cela va sans dire.
— Et vous avez enlevé Dodo à tous les amis qu’il avait jamais eus ! Il ne voit plus maintenant une seule personne qui l’aime ; — comment pourrait-il être bon ?
— Eh bien, que voulez-vous que j’y fasse, cousine ? — Je ne puis acheter sa mère, pas plus que me mettre à l’aimer, moi, ou personne autre, que je sache.
— Pourquoi pas vous ? dit Éva.
— Moi, aimer Dodo ! Éva, y songez-vous ? Je peux le trouver gentil et le protéger, à la bonne heure. Mais vous, est-ce que vous aimez vos gens ?
— Oui, vraiment, dit Éva.
— Quelle drôle d’idée !
— La Bible ne nous dit-elle pas de nous aimer les uns les autres ?
— Oh, la Bible ! la Bible dit tant de choses ! mais personne ne s’en inquiète. — Vous le savez-bien, Éva. Qui est-ce qui songe à faire ce qu’il y a dans la Bible ? »
Éva demeura muette quelques minutes ; ses yeux restèrent fixes et rêveurs.
« Quoi qu’il en soit, dit-elle enfin, cher cousin, aimez le pauvre Dodo, et soyez bon avec lui pour l’amour de moi.
— J’aimerais qui que ce fût, quoi que ce soit, pour l’amour de vous, chère cousine ; et je pense, du fond de l’âme, que vous êtes bien la plus charmante, la plus gentille créature que j’aie jamais vue ! » Henrique parlait avec une ardeur qui empourpra son charmant visage. Éva accueillit ces paroles, sans qu’il se fit le moindre changement sur sa calme et angélique figure, et elle répondit avec une parfaite simplicité :
« Merci, cher cousin, de ce que vous me dites là. — J’espère, je crois que vous vous rappellerez ma prière. »
La cloche du dîner, en sonnant, mit fin au tête à tête.

  1. Aller Take to the stump, prendre le tronc d’arbre, comme on dirait grimper à la tribune. Dans les États de l’ouest, où se précipite toute une population d’aventuriers, pour ceux qui se posent candidats et vont vanter eux-mêmes leurs propres mérites, comme pour les prédicateurs errants qui cherchent à se former une congrégation, le meilleur piédestal est le tronc de l’arbre que la hache des pionniers vient d’abattre.

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