WE ARE ALL KHALED SAID
Tout l'après midi se sont succédés - sur Twitter - les annonces et les démentis concernant sa libération par les forces étatiques socialo-fascistes.
Pendant douze jours, personne ne savait où se trouvait Wael Ghonim. Ses amis et sa famille ont fair le tour des hôpitaux du Caire, et vainement tenté de savoir s'il avait été arrêté.
En fait, il était interrogé par la Sécurité d'Etat, sans avoir été maltraité, a-t-il dit, pour son rôle dans un groupe Facebook qui a joué un grand rôle ces derniers mois, avant le début du soulèvement contre la dictature. Wael Ghonim se cachait alors sous le pseudonyme « Shaheed », et était l'administrateur, sur le réseau social, du groupe « We are all Khaled Said », du nom d'un blogueur torturé à mort par la police égyptienne en juin 2010. (Pierre Haski rue89)
Egypte: le mouvement de contestation s'intensifie (El Watan)
le 08.02.11La contestation contre le président égyptien Hosni Moubarak s'est intensifiée...La contestation contre le président égyptien Hosni Moubarak s'est intensifiée mardi avec le défilé de centaines de milliers de personnes au Caire et en province, les manifestations les plus importantes depuis le début du mouvement le 25 janvier.
Au Caire, la place Tahrir, épicentre de la révolte, était noire de monde. La mobilisation ne montrait aucun signe d'essoufflement malgré les nuits fraîches, la fatigue et les conditions de vie spartiates sur ce rond-point devenu un village de tentes retranché.
La foule a réservé un accueil triomphal au cybermilitant et cadre de Google Wael Ghonim, libéré lundi après 12 jours "les yeux bandés" aux mains des très redoutés services de sécurité d'Etat.
"J'aime à appeler ça la révolution Facebook mais après avoir vu les gens ici, je dirais que c'est la révolution du peuple égyptien. C'est formidable", a lancé le jeune homme, entouré par des milliers de manifestants.
Devenu un symbole de la contestation, Wael Ghonim a confirmé dans une interview à la chaîne privée Dream 2 qu'il était l'administrateur de la page Facebook "Nous sommes tous Khaled Saïd", du nom d'un jeune homme battu à mort par la police, un mouvement qui a joué un rôle-clé dans le lancement du mouvement.
"Je ne suis pas un héros, vous êtes les héros, c'est vous qui êtes restés ici sur la place", a-t-il dit aux manifestants.
"Le peuple veut faire tomber le régime", pouvait-on lire sur des banderoles. "Nous sommes le peuple, nous sommes le pouvoir", scandaient certains.
D'après des photographes de l'AFP place Tahrir, le nombre de manifestants a dépassé celui des rassemblements précédents. Selon des témoins à Alexandrie, il en était de même dans la grande ville du nord de l'Egypte.
"Aucune de nos demandes n'a été entendue", a expliqué Mohammad Nizar, 36 ans, place Tahrir. "Ils ont annoncé une augmentation des salaires. Ils essaient de nous leurrer. C'est un pot-de-vin politique pour réduire le peuple au silence".
Dans une tentative d'apaisement, M. Moubarak, 82 ans et presque 30 ans à la tête de l'Etat, a annoncé la création d'une commission pour amender la Constitution, dans le cadre du "dialogue national" entamé dimanche entre le pouvoir et l'opposition dont, pour la première fois, les Frères musulmans, jusqu'ici bête noire du régime.
Lundi, le chef de l'Etat a promis une hausse de 15% des salaires des fonctionnaires et des retraites à partir du 1er avril.
Il a aussi demandé la formation d'une commission d'enquête sur les violences du 2 février place Tahrir, où des affrontements meurtriers ont opposé pro et anti Moubarak.
L'opposition conteste notamment les articles de la Constitution liés aux conditions très restrictives de candidature à la présidentielle et au mandat présidentiel.
Dans tous les cas, les mesures politiques -y compris l'annonce le 1er février du président qu'il ne briguerait pas un sixième mandat en septembre- n'ont pas apaisé la colère des protestataires qui exigent toujours un départ immédiat de M. Moubarak.
Des scénarios sur son départ sont envisagés par la presse étrangère. Le site de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel écrit ainsi qu'il pourrait venir effectuer "un bilan médical prolongé" en Allemagne.
Le gouvernement allemand a toutefois assuré qu'il n'y avait eu "ni demande officielle, ni demande officieuse" en ce sens.
Mardi, les Etats-Unis ont jugé "crucial" que l'Egypte progresse vers une transition démocratique "en bon ordre", tandis que la France a appelé à "l'émergence des forces démocratiques" pour une transition qui doit se dérouler "sans violence et aussi rapidement que possible".
Au Caire, de nouveaux magasins et restaurants ont rouvert et de nombreux Cairotes reprenaient le chemin du travail. Le couvre-feu reste en vigueur dans la capitale, à Alexandrie et Suez (est) de 20H00 (18H00 GMT) à 06H00 (04H00 GMT).
Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme.
Des heurts entre policiers et manifestants pendant les premiers jours de la contestation, puis entre militants favorables et opposés à Hosni Moubarak le 2 février, ont fait près de 300 morts, selon l'ONU et Human Rights Watch, ainsi que des milliers de blessés.
La crise risque de coûter cher à l'économie du pays le plus peuplé du Moyen-Orient --au moins 310 millions de dollars par jour selon le Crédit Agricole-- l'instabilité ayant fait fuir les touristes et pouvant refroidir durablement l'ardeur des investisseurs étrangers.
Mardi, la banque centrale égyptienne a injecté de "larges sommes en dollars" sur le marché pour juguler la spéculation qui a mis la pression sur la livre égyptienne.
La Bourse du Caire, fermée depuis le 30 janvier, ne doit rouvrir que le 13 février.AFP
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